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Azteca

Azteca

Titel: Azteca
Autoren: Gary Jennings
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pour le thésauriser
ou le vendre, on le mettait à mort. Ainsi, cette seule loi assurait deux bienfaits :
guérir le voleur de son défaut et l’affamé de sa faim.
    Nos vies étaient moins régies par des lois que par des coutumes et des
traditions ancestrales. C’étaient elles qui réglaient le comportement des
adultes, des clans et des communautés tout entières. Mais alors même que je
n’étais encore qu’un enfant qui n’avait pas reçu d’autre nom que celui de Sept
Fleur, j’avais conscience de cette tradition qui voulait qu’un homme soit
courageux, fort, vaillant, fier, travailleur et modeste.
    Le temps que je ne passais pas avec mes jouets – la plupart étaient des
armes et des outils en miniature confectionnés par mon père – et le temps que
je ne consacrais pas à jouer avec Chimali, Tlatli et les autres enfants de mon
âge, je le passais en compagnie de mon père, quand il ne travaillait pas dans
la carrière. Je l’appelais Tete, comme tous les enfants appellent leur père,
mais son nom était Tepetzalan, ce qui veut dire vallée, à cause de la faible
altitude de l’endroit au milieu des montagnes de la terre ferme où il était né.
Comme il était largement plus grand que la moyenne, ce nom qui lui avait été
donné à l’âge de sept ans, paraissait maintenant un peu ridicule. Nos voisins
et ses compagnons carriers lui avaient donné des surnoms qui évoquaient une
haute taille : Poignée d’Etoiles, Tête Haute et autres choses du même
genre. En effet, il lui fallait baisser considérablement la tête pour être à
mon niveau et me prodiguer les sermons traditionnels de père à fils. Si
d’aventure il me surprenait à imiter effrontément la démarche traînante du
bossu du village qui ramassait les ordures, il me déclarait sévèrement :
    « Prends bien garde de ne pas te moquer des vieux, des malades,
des infirmes ou de quiconque s’est laissé aller à la folie ou au péché. Ne les
insulte pas, ne les méprise pas, mais plutôt, incline-toi devant les dieux et
tremble que le même malheur ne t’arrive. »
    Et si je manifestais peu d’intérêt lorsqu’il essayait de m’apprendre
son métier – tout garçon macehualli qui n’avait pas l’ambition d’être soldat,
devait suivre l’exemple de son père – il se penchait en me disant avec
force : « Ne fuis pas le travail que les dieux t’ont assigné, mon
fils, tu dois t’en contenter. Je prie pour qu’ils t’accordent honneurs et
fortune, mais quoi qu’ils te donnent, accepte-le avec gratitude. Si ce n’est
qu’un petit présent, ne le méprise pas, car ils pourraient très bien te le
reprendre. Si c’est un grand cadeau, par exemple un talent d’importance, n’en
tire pas vanité et souviens-toi que les dieux ont peut-être enlevé ce tonalli à
quelqu’un pour te le donner. »
    Parfois, sans raison apparente, sa grande figure rougissant légèrement,
mon père m’adressait un petit sermon dont je ne comprenais pas la
signification. Quelque chose dans ce genre :
    « Vis proprement, ne sois pas débauché, sinon les dieux seront
fâchés et te couvriront d’infamie. Garde-toi, mon fils, jusqu’à ce que tu
rencontres la fille que les dieux te destinent pour femme, car ils savent
arranger tout cela comme il faut. Et par-dessus tout, ne te commets jamais avec
la femme d’un autre. »
    Cela me semblait être une injonction superflue, car j’étais très
propre. Comme tous les Mexicatl – les prêtres exceptés – je prenais deux fois
par jour un bain dans de l’eau chaude et savonneuse et nageais souvent dans le
lac. Ce qui me restait de saleté, j’allais l’éliminer dans notre petit bain de
vapeur, le temazcalli. Matin et soir, je me nettoyais les dents avec un mélange
de miel d’abeilles et de cendres. Quant à me compromettre, je ne connaissais
personne, sur l’île, qui eût une femme de mon âge et de toute façon, les
garçons n’admettaient jamais les filles dans leurs jeux.
    Ces prêches de père à fils n’étaient qu’un récitatif machinal transmis,
de génération en génération, tout comme le discours de la sage-femme à ma
naissance. Ce n’était qu’en ces occasions que mon père Tepetzalan parlait
longtemps ; il était plutôt d’une nature taciturne. Dans la carrière, le
bruit incessant empêchait de parler et à la maison, le bavardage continuel de
ma mère ne lui laissait guère de chance de placer un mot. Cela lui était égal.
Il préféra
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