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Azteca

Azteca

Titel: Azteca
Autoren: Gary Jennings
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conséquent, avec
mes remerciements sincères à Votre Excellence pour avoir aimablement accueilli
un malheureux vieillard, je vous prie…
     
    Excusez-moi, Excellence. Comme vous me le faites remarquer, je n’ai pas
la permission de Votre Excellence de partir à ma guise. Je suis au service de
Votre Excellence aussi longtemps que…
     
    Je vous fais encore mes excuses. Je ne m’étais pas rendu compte que
j’avais répété « Votre Excellence » plus de trente fois dans ce bref
entretien, non que je l’aie dit sur un ton spécial, mais je ne peux pas revenir
sur le scrupuleux compte rendu de vos scribes. A partir de maintenant, je vais
tâcher de modérer mon respect et mon enthousiasme pour votre grandeur, Monseigneur
l’Evêque, et de conserver une intonation irréprochable. Puisque vous me
l’ordonnez, je continue.
    Mais que dirai-je maintenant ? Que ferai-je entendre à votre
oreille ? Ma vie a été longue, comparée à ce qu’elle est ordinairement
chez nous. Je ne suis pas mort en bas âge, comme beaucoup d’autres enfants. Je
n’ai pas fini au combat ou dans des sacrifices rituels, comme tant d’autres. Je
n’ai pas succombé à un excès de boisson, ou aux attaques des bêtes sauvages, ou
encore à la lente décomposition de ceux qui sont mangés par les dieux. Je n’ai
pas péri en contractant l’une de ces maladies redoutées apportées dans vos
navires et dont sont morts des milliers et des milliers d’entre nous. J’ai même
survécu aux dieux qui n’avaient jamais connu la mort, et qui auraient dû être
toujours immortels. J’ai continué à vivre pendant de nombreuses années, à voir,
faire, apprendre et me souvenir de beaucoup de choses. Mais personne ne peut
tout savoir, même de sa propre époque, et l’histoire de ce pays a commencé des
siècles avant moi. Je ne peux parler que de mon temps, c’est lui seul que je
puis faire resurgir grâce à votre encre noir-rouille…
    « Ce fut un magnifique déploiement de lances, un magnifique
déploiement de lances ! »
    C’est par ces mots qu’un vieillard de notre île de Xaltocán avait
coutume de commencer ses récits de bataille. Ceux qui l’écoutaient étaient
immédiatement captivés et restaient sous le charme, même s’il s’agissait d’un
tout petit combat et une fois qu’il avait fini de décrire les événements et leur
issue, ce n’était, en fait, peut-être qu’une histoire très banale, à peine
digne d’être contée. Mais il avait l’art de jeter tout de suite sur son récit
un éclairage fascinant ; ensuite, il s’en écartait, puis il y revenait.
Contrairement à lui, je ne sais que commencer par le commencement et avancer
dans le temps comme je l’ai vécu.
    Tout ce que je dis et affirme est arrivé. Je ne raconte que ce qui
s’est passé, sans rien rajouter et sans mentir. J’embrasse la terre,
c’est-à-dire, je jure sur elle.
     
    ***
     
    Oc ye nechca  : « Il était une
fois », diriez-vous, notre pays était une terre où rien n’allait plus vite
que la course de nos rapides messagers, sauf lorsque les dieux se déplaçaient,
et il n’y avait pas de bruit plus sonore que le cri de nos hérauts, sauf quand
les dieux parlaient. Le jour appelé sept Xochitl ou Sept Fleur, dans le mois du
Dieu Ascendant, au cours de l’année du Treizième Lapin, Tlaloc, le dieu-pluie,
se faisait entendre de toute sa voix dans un orage fracassant. C’était quelque
chose d’inhabituel, vu que la saison des pluies aurait dû prendre fin. Les
esprits Tlaloques qui sont au service du dieu Tlaloc frappaient le ciel de
leurs bâtons à éclairs fourchus, pour faire crever le gros ventre des nuages
qui éclataient en rugissant et en grondant et crachaient de violentes
bourrasques de pluie.
    L’après-midi de ce jour, dans le tumulte de la tempête et dans une
petite maison de l’île de Xaltocán, je sortis du ventre de ma mère et commençai
mon chemin vers la mort.
    Afin que votre chronique soit plus claire – vous voyez que j’ai
également pris la peine d’apprendre votre calendrier –, j’ai calculé que le
jour de ma naissance correspondait au vingtième jour de ce que vous appelez le
mois de décembre de votre année mille quatre cent soixante-six. Cela se passait
sous le règne de Motecuzóma Ilhuicamina, ce qui signifie Seigneur Vengeur,
Celui qui lance des Flèches vers le Ciel. C’était notre Uey tlatoani,
c’est-à-dire, notre Orateur Vénéré, titre qui correspond à vos rois
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