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Azteca

Azteca

Titel: Azteca
Autoren: Gary Jennings
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et vos
empereurs. Mais à l’époque, le nom de Motecuzóma ou de quiconque ne me disait
pas grand-chose.
    A ce moment, tout chaud sorti du ventre de ma mère, je fus sans doute
bien plus frappé par le fait d’être immédiatement plongé dans un récipient
d’eau glacée. Jamais aucune sage-femme n’a pu m’expliquer la raison de cette
coutume, mais je suppose qu’elle se fonde sur la théorie que si le nouveau-né
peut survivre à ce choc effroyable, il sera capable de survivre à tous les maux
qui l’assailliront au cours de son enfance. En tout cas, j’ai certainement dû
protester violemment tandis que la sage-femme m’emmaillotait, que ma mère
dégageait ses mains de la corde à nœuds pendant du toit, qu’elle avait agrippée
en s’agenouillant pour m’expulser sur le sol, et que mon père enroulait
soigneusement mon cordon ombilical sectionné autour d’un petit bouclier de
guerre en bois qu’il avait sculpté.
    Ce témoignage, mon père le donnerait au premier guerrier Mexicatl qu’il
rencontrerait pour que celui-ci l’enfouisse quelque part sur le prochain champ
de bataille où il se trouverait. A partir de ce moment, mon tonalli – le sort,
la fortune, le destin – quel que soit le nom que vous lui donniez – aurait dû
toujours me commander d’être soldat, le plus noble des métiers pour notre
classe, et de mourir sur le champ de bataille, mort la plus honorable pour nos
pareils. J’ai dit « aurait dû », car bien que mon tonalli m’ait
appelé et poussé vers des directions singulières, même au combat, je n’ai
jamais souhaité me battre ou périr de mort violente avant mon heure. Je signalerai
que selon la coutume pour les petites filles, le cordon ombilical de ma sœur
Neuf Roseau avait été enfoui moins de deux ans avant, sous l’âtre de la pièce
où nous naquîmes tous deux. Son cordon enterré fut enroulé autour d’un petit
rouet d’argile afin qu’elle devienne une bonne ménagère banale et dure à la
tâche. Ce ne fut pas le cas. Le tonalli de Neuf Roseau fut aussi capricieux que
le mien.
    Après m’avoir baigné et emmailloté, la sage-femme s’adressa directement
à moi en termes solennels – si toutefois je lui en laissai le loisir. Point
n’est besoin de dire que je ne raconte pas de mémoire les événements de ma
naissance, mais que j’en connais tout le déroulement. Ce que me dit la
sage-femme, cet après-midi-là, je l’ai par la suite entendu déclarer à maints
nouveau-nés, comme cela se fait toujours pour les enfants mâles. Cela faisait
partie des rites accomplis et jamais négligés depuis des temps
immémoriaux : les ancêtres morts depuis longtemps transmettaient ainsi,
par les vivants, leur sagesse au nouveau-né.
    La sage-femme me nomma « Sept Fleur ». Je devrais porter le
nom du jour de ma naissance jusqu’à ce que j’aie survécu aux aléas de
l’enfance, jusqu’à l’âge de sept ans, âge auquel je serais supposé devoir
continuer à vivre et où on me donnerait alors un nom d’adulte particulier.
    Elle dit : « Sept Fleur, mon enfant bien-aimé et délicatement
venu au monde, voici le monde qui nous a été donné par les dieux, il y a
longtemps. Tu n’es né de ton père et de ta mère que pour être un serviteur des
dieux et un guerrier. L’endroit où tu viens de naître n’est pas ta réelle
demeure. »
    Puis elle dit : « Sept Fleur, tu es promis au champ de
bataille. Ton premier devoir est de donner à boire au soleil le sang de tes
ennemis et de nourrir la terre des cadavres de tes adversaires. Si ton tonalli
est efficace, tu ne resteras avec nous que peu de temps. Ton vrai séjour sera
la patrie de notre dieu-soleil Tonatiuh. »
    Et elle dit : « Sept Fleur, si tu meurs comme un xochimiqui –
celui qui est assez chanceux pour mériter la Mort Fleurie, à la guerre ou au
sacrifice – tu renaîtras dans le toujours bienheureux Tonatiucan, l’au-delà du
soleil, et tu serviras Tonatiuh jusqu’à la fin des temps en te réjouissant
d’être son serviteur. ». Je vous vois faire la grimace, Excellence.
J’aurais fait de même, si j’avais alors compris ce sinistre accueil sur terre
ou les mots prononcés par nos voisins et nos parents qui se pressaient pour
voir le nouveau venu, chacun d’eux se penchant sur moi avec des paroles
traditionnelles : « Tu es venu là pour souffrir. Souffrir et
endurer. » Si, à leur naissance, les enfants pouvaient comprendre ce
salut, ils se
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