Apocalypse
n’a rien à perdre. Rien du tout.
Il roula sur un kilomètre comme le lui avait indiqué le cantonnier. Un panneau était planté à un petit croisement : ARCADIA.
Ils échangèrent un regard entendu. La voiture prit la bifurcation et s’enfonça dans un chemin qui serpentait dans un bois sombre. Ils arrivèrent devant une haute grille fermée, surmontée d’une inscription forgée dans le métal : FONDATION ARCADIA.
— On fait quoi, maintenant ? demanda Cécile.
Marcas descendit de la voiture, se mit devant la caméra et sonna à l’interphone. Une voix grésilla :
— Désolé. C’est une propriété privée. Nous ne sommes pas ouverts au public.
— Je sais. Et in Arcadia ego sum Maria Magdala.
Un long silence lui répondit. Antoine regarda autour de lui, les murs qui encerclaient la fondation mesuraient au moins trois mètres de haut. Impossible de les franchir.
— Vous m’avez entendu. Et in Arcadia ego sum Maria Magdala.
— Je ne comprends pas ce que vous dites, monsieur. Passez votre chemin.
Antoine sentait la colère monter, il était trop près du but. Tout en lui disait que cette fondation recelait la clé de l’énigme. Il n’allait pas tout abandonner pour un gardien obtus !
— Écoutez, prévenez votre directeur, ou qui que ce soit, que je suis un policier français, muni d’un mandat d’Interpol. Si vous ne me recevez pas, je reviendrai avec des collègues suisses.
L’interphone ne broncha pas. Dans la voiture, Cécile avait allumé une cigarette et tirait nerveusement des bouffées. Un gros écureuil sauta d’un arbre et se réfugia dans un tronc creux posé à terre. Antoine regardait obstinément l’œilleton de la caméra. Tout à coup, l’interphone chuinta.
— Quelqu’un va vous recevoir. Veuillez avancer votre voiture et la laisser dans le parking souterrain.
Comme par enchantement, les grilles s’ouvrirent. Antoine remonta dans la voiture et démarra.
— On y est, soupira Cécile.
La Fiat roula le long d’une allée flanquée de gros sapins hauts et sombres et arriva devant une barrière qui s’ouvrit sur une rampe de béton descendant vers une large entrée en sous-sol. La voiture suivit les petites lumières qui clignotaient pour signaler la voie souterraine. Au bout d’une minute environ, ils arrivèrent dans un parking faiblement éclairé où étaient garées une dizaine de voitures avec des plaques minéralogiques suisses. Un homme de taille moyenne en chemise blanche au col fermé les attendait devant la porte d’un ascenseur.
Antoine et Cécile sortirent de la voiture. L’homme avait le visage fermé, les lèvres minces, les cheveux lissés sur le côté. Il inclina la tête.
— Je suis Henry Le Caër, responsable de la sécurité. On m’a rapporté vos propos. J’avoue être extrêmement surpris.
Des bruits de pas résonnèrent autour d’eux. Deux hommes armés venaient de surgir.
— Nous venons d’un petit village du sud de la France. Rennes-le-Château. C’est là que nous avons trouvé votre adresse et la phrase de reconnaissance.
— En quoi la fondation est-elle concernée ? répondit l’homme d’une voix neutre.
— Putain. Arrêtez votre comédie. Nous avons vu le tombeau de Marie Madeleine, nous sommes au courant pour le livre de L’Apocalypse .
Leur interlocuteur les fixa avec dureté. Il allait faire un geste vers les gardes quand une voix retentit, derrière eux. Un prêtre surgit de l’ombre. De haute stature, mince, le front bombé, il marcha vers eux à grandes enjambées.
— Je suis le père Klems, le directeur de cette institution. Suivez-moi dans mon bureau. Vous allez tout me raconter et je vous conseille de n’omettre aucun détail.
Une heure plus tard, assis face au père Klems, ils avaient fini leur récit. Le prêtre avait pris des notes, écoutant soigneusement, questionnant sur chaque point obscur et hochant la tête d’un air grave.
— Voilà, vous savez tout. À notre tour de poser des questions, dit Marcas.
Klems s’était enfoncé dans son fauteuil, les mains croisées.
— Ce que vous avez vécu vous en donne le droit, mais je ne suis pas sûr que cela vous soit favorable. Il est parfois des réponses qui sont plus dangereuses que des questions.
— Il est trop tard pour faire marche arrière. Je vous ai révélé des éléments que vous ignoriez, non ?
— J’en conviens, l’identité du maître de la confrérie de Judas est une donnée précieuse,
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