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Apocalypse

Apocalypse

Titel: Apocalypse
Autoren: Eric Giacometti
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répondit pensivement le prélat. Quant au tombeau de la très sainte Marie de Magdala, la fondation est au courant de son existence. Je vous envie de l’avoir vu. J’aurais donné beaucoup pour vivre la même expérience et prier devant sa dépouille. Mais…
    — Mais quoi ? J’ai vu des gens se faire tuer pour un secret lié à un dessin de Poussin, à ce tombeau, à ce livre de L’Apocalypse . Un secret que vous détenez.
    — Et si je vous disais qu’il n’y a pas de secret, me croiriez-vous ?
    — Non.
    L’homme d’Église soupira. Son téléphone sonna. Il décrocha, hocha deux fois la tête et murmura une phrase en latin à son interlocuteur. Il raccrocha aussitôt.
    — Il semble que votre histoire ait intéressé le conseil d’administration de la fondation, dit-il en montrant du doigt une petite caméra au plafond qu’ils n’avaient pas remarquée. Vous avez de la chance, le conseil est présent. Ils vont vous recevoir.
    Ils sortirent du bureau, descendirent un étage et passèrent dans un jardin à l’anglaise, aux bosquets verts soigneusement entretenus. Le soleil avait fini sa course dans le ciel et jetait ses derniers feux derrière les montagnes environnantes.
    Des hommes et des femmes de tous âges se promenaient dans les allées, étaient assis sur des bancs à lire ou à discuter entre eux. Des infirmiers çà et là surveillaient discrètement leurs moindres faits et gestes.
    Un des patients se dirigea vers le prêtre qui salua avec amabilité.
    — Bonjour, Claude. Comment allez-vous ?
    — Bien, mon père. J’ai presque fini mes mémoires, dit-il en serrant les mains du trio.
    Il insista sur celle de Cécile.
    — Bravo. Je pourrais avoir l’honneur de les lire ?
    — Bien sûr, mais je bute encore sur l’authentification médicale de mes miracles. Vous croyez que je peux demander un coup de main au docteur Bellarmin ?
    — Volontiers, bonne soirée, Claude.
    Il fit un clin d’œil à Cécile.
    — À vous aussi. Je me suis permis de transmettre mon fluide à la jeune dame pour la guérir de son ulcère.
    L’homme s’en alla, visiblement satisfait de son effet. Le père Klems le regarda s’éloigner.
    — Claude était un jardinier que nous avons admis dans notre établissement il y a dix ans. Nous l’avons récupéré alors qu’il parcourait la campagne luxembourgeoise en voulant guérir les gens sur ordre de Dieu. Il est adorable.
    — Si vous enfermez les guérisseurs et les rebouteux vous pouvez tout de suite ouvrir des annexes dans toutes les régions de France, dit Antoine. Très drôle, son histoire d’ulcère.
    Cécile prit le bras de son compagnon.
    — Ne te moque pas de lui. Je souffre bien de l’estomac depuis cinq ans…
    Antoine la regarda comme si elle était devenue folle. Le directeur de la fondation intervint :
    — J’ai oublié de vous préciser qu’il guérissait réellement les gens qu’il croisait, c’est ainsi que nous avons pu l’identifier.
    — L’identifier ? s’exclama Marcas.
    — Vous allez comprendre. Suivez-moi dans le bâtiment sécurisé. C’est ici que nous soignons les cas les plus difficiles.
    Ils entrèrent dans une aile du manoir dont les fenêtres étaient protégées par de lourdes grilles de fer forgé. Le père Klems poussa une porte battante derrière laquelle surgit un brouhaha de conversations. Au milieu d’un grand salon blanc, une trentaine d’hommes et deux femmes discutaient autour d’une vaste table en bois de pin. Ils s’interpellaient, se coupaient la parole, certains faisaient de grands gestes, d’autres croisaient les bras, le visage empourpré. On aurait dit une réunion de l’ONU, tous les types humains étaient représentés. De chaque côté de la pièce, des hommes en soutane noire écrivaient sur des calepins ce qu’ils observaient.
    — Qui sont ces gens ? demanda Cécile, intriguée.
    — Vous n’avez pas compris ?
    — Non.
    — Suivez-moi et passons dans notre quartier de haute protection.
    Ils traversèrent la grande pièce sans que quiconque ne fasse attention à eux, prirent une petite porte et arrivèrent dans un long couloir bleu nuit. De chaque côté, il y avait des portes avec des hublots de verre sécurisé.
    — Ici, sont enfermés les patients les plus atteints ou ceux qui sont susceptibles de présenter un danger pour les autres. Ils peuvent être très violents. Je vous en prie, vous pouvez regarder.
    Antoine et Cécile s’arrêtèrent devant l’un
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