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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice
Autoren: Caroline Roe
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pirates.
    — Prenez garde, messire. Vous parlez de mon noble cousin, un loyal capitaine de la flotte de Don Pedro.
    — Et un pirate. Vous-même l’admettez.
    — Il risque de perdre tout ce qu’il possède. Et peut-être de connaître une mort infamante par pendaison si Don Pedro s’incline devant le décret pontifical.
    — Cela suffit. Qu’en est-il de mon affaire ? demanda le gros homme en attrapant le page par le bras avant qu’il ne puisse s’enfuir. Quand doit-elle être débattue ?
    — Votre affaire ? Oh, celle-là… Les juges ont entendu l’un des témoins, dit qu’ils détenaient plusieurs dépositions et déclaré qu’ils n’avaient ni le temps ni le besoin d’en entendre davantage. La décision sera transmise en temps voulu au diocèse de Barcelone. Et aussi à l’archevêque de Tarragone, me semble-t-il.
    — Pas le temps ? répéta Gonsalvo, angoissé. Tu dis qu’ils n’ont pas eu le temps de juger mon affaire ? C’étaient mes témoins. Cela m’a coûté beaucoup d’or pour les faire venir ici. Lequel a déposé ?
    — Un saint frère, signore, répondit le page. Un certain Norbert. Cela fut assez misérable, mais nul doute qu’il vous racontera lui-même ce qui s’est passé. Je vous demande humblement pardon, messires, mais vos affaires ont toutes deux été traitées, d’une manière ou de l’autre. J’étais là, et je vous en ai fait le rapport. À présent, mon maître va me chercher. J’ai tenu ma promesse, et vous n’avez pas tenu la vôtre.
    Le gros homme leva la main et frappa le page sur l’oreille.
    — Pas de cela, Don Gonsalvo, dit son compagnon. Payez ce garçon. Il ne vous a pas volé.
    Quatre autres pièces tintèrent dans la main tendue.
    — Et si tu devais apprendre d’autres nouvelles, ajouta Rodrigue, de la part de ton maître, des serviteurs, des scribes – surtout si elles ont trait au moment de l’envoi et au contenu précis de cette lettre –, il y en aura encore plus pour toi.
    — Le double ? demanda le page.
    — Oui, le double.

CHAPITRE III
    Gérone
     
    Jeudi 10 avril
     
    Près de la rivière Ter, dans le chantier naval de Gérone, le menuisier Romeu posa son polissoir et fit courir sa main le long de la pièce de bois sur laquelle il travaillait. Elle était incurvée, avec une forme proche de celle d’un croissant, et lisse au toucher. Il la mit en place à la proue d’une galée de grande largeur et la fixa à l’aide de rivets.
    Il était satisfait de son existence. Les hommes travaillaient du lever au coucher du soleil, et la paye – même aux tarifs contrôlés désormais en vigueur – était excellente pour les maîtres charpentiers et leurs compagnons. Encore deux jours sur la coque, et ce navire serait achevé, prêt à être recouvert de peaux pour sa protection. Mais on lui avait déjà garanti plusieurs semaines de travail supplémentaire sur les installations intérieures.
    Le royaume se préparait à la guerre contre la Sardaigne, et le réarmement d’une partie de la flotte de Sa Majesté s’effectuait en ville. Don Pedro avait l’intention de se lancer en force à l’assaut de l’île rebelle afin de mettre un terme aux problèmes, mais nombre de ses vaisseaux avaient été maltraités par le gros temps et les actions ennemies lors des engagements de l’année précédente contre les Génois : il restait donc peu de temps pour effectuer les réparations nécessaires. Ce matin-là, on avait laissé partir les indolents, les paresseux et les incompétents, même si les ouvriers de la construction navale étaient peu nombreux ; parmi ceux qui restaient, l’architecte avait demandé aux plus habiles et aux plus courageux de poursuivre leur tâche jusqu’à ce que les navires fussent prêts à descendre la rivière pour retrouver le reste de la flotte à Rosas. La guerre est peut-être une chose terrible pour certains, songeait Romeu, mais elle est excellente pour ceux qui savent construire et réparer les bateaux.
    Il venait de sélectionner une autre pièce de bois quand il remarqua que le jour tombait rapidement. Il apposa sa marque personnelle sur la pièce et la rangea avant de remballer ses outils et de souhaiter une bonne soirée à ses camarades.
    — Viens boire une chope de vin avec nous, Romeu, lui dit l’un d’eux.
    — Ma femme m’attend à la maison. Et j’ai aussi faim que soif.
    — Allez, une chope pour célébrer notre bonne fortune, et ensuite on rentrera
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