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Amours, Délices Et Orgues

Amours, Délices Et Orgues

Titel: Amours, Délices Et Orgues
Autoren: Alphonse Allais
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de gouttes .
    L’État mastroquet, quoi !
    Cette combinaison, d’après notre économiste, ferait rentrer chaque année, dans le porte-monnaie de la France, pas loin d’un milliard, sans compter qu’on n’aurait plus à ingurgiter les inconcevables mixtures de l’industrie privée (de scrupules).
    Le fait est que si l’eau-de-vie du gouvernement ne brûle pas plus que ses allumettes, il y aura du bon pour les estomacs français.
    Paul Leroy-Beaulieu, avec qui je causais de cette réforme fiscale en particulier et des industriels d’État en général, se sentait fort perplexe pour émettre un avis.
    Paul Leroy-Beaulieu, et il ne s’en cache pas, a peur des doctrines collectivistes, et lui, jadis si enthousiaste pour tous les monopoles, oppose maintenant mille réserves à leur adoption.
    Le mot État commence à l’épouvanter, et il souhaite ardemment que tous les vrais amis de l’ordre le remplacent désormais dans leurs conversations ou écrits, par le terme plus conforme de administration .
    Les mots progrès , progressiste , dont se servent certaines fractions du parti républicain, ont également le don de l’agacer ferme.
    Le progrès d’aujourd’hui , me disait-il éloquemment, est le désordre de demain !
    D’ailleurs, cette question du monopole de l’alcool le laisse froid, pour deux raisons.
    La première est que M. Paul Leroy-Beaulieu boit fort peu d’eau-de-vie.
    Un joli motif, par ma foi !
    Alors les Français, que leurs affaires ou leurs goûts n’amènent jamais à Strasbourg et à Metz, devraient se désintéresser des idées de revanche ! Non, mille fois non !
    La seconde raison est que M. Paul Leroy-Beaulieu a aussi son petit projet, qu’il a bien voulu me confier.
    C’est la réforme fiscale par le monopole administratif du ramassage de chiffons, os, détritus, etc.
    L’État-chiffonnier ?
    Parfaitement.
    On ne se doute pas ce que représente d’argent toute cette marchandise disparate qui fait l’objet de l’industrie du chiffonnier.
    Malheureusement c’est une profession peu réglementée, assez désordonnée et, pour ainsi dire, pas centralisée.
    D’après le projet de M. Paul Leroy-Beaulieu, le gouvernement s’emparerait en totalité de cette branche.
    Après avoir dédommagé, par des indemnités suffisantes, les négociants en chiffons, et les chiffonniers proprement dits, le gouvernement nommera un certain nombre de fonctionnaires chargés du ramassage et du tri de tous les chiffons sur la superficie de la France.
    Ces fonctionnaires, revêtus, bien entendu, d’un uniforme, seront commandés par des sous-brigadiers, brigadiers, etc., etc.
    Les chiffons seront d’abord dirigés sur le magasin municipal, où ils subiront une première sélection.
    Chaque tas, renfermé dans un sac, sera ensuite envoyé vers le magasin cantonal, situé dans le chef-lieu de canton.
    Là, des employés feront le mélange des détritus, selon leur spécialité, les os avec les os, les vieilles ferrailles avec les vieilles ferrailles, etc.
    Nouvelle centralisation et même travail au chef-lieu d’arrondissement d’abord et ensuite à la Préfecture.
    De chaque préfecture, alors, rayonneront vers Paris des trains chargés des détritus départementaux.
    À Paris, sous l’inspection d’ingénieurs sortis de l’École polytechnique, ces résidus subiront une dernière sélection et seront envoyés en province, vers des dépôts chargés de les utiliser.
    Il est difficile, comme on le conçoit, de pouvoir évaluer ce que rapportera ce nouveau monopole (les données manquent actuellement) ; mais, me disait M. Leroy-Beaulieu, quand on n’aurait que le plaisir de mettre un peu d’ordre et d’uniformité dans une profession qui en fut, jusqu’à présent, si totalement dénuée, l’essai ne mérite-t-il pas d’être tenté ?
     
    STRICTE OBSERVANCE
    Pour le bon Clovis (de la Scala.)
    Quelques semaines après l’enterrement de sa belle-mère, je le rencontrai, intégralement, de la cime du chapeau à la pointe extrême des bottines, vêtu de noir.
    De ce noir spécial qui paraît si noir, vous savez ?
    Je lui serrai la main d’une bonne étreinte cordiale mais peu apitoyée.
    – On ne te voit plus, mon vieux, à nos petits six o’clock vermouth du vendredi ?
    – Impossible, tu comprends, dans ma situation, avant un mois ou deux.
    – Vrai ? La disparition de ta belle-mère t’a frappé à ce point ?
    – Mon Dieu… Comparer mon chagrin à un abîme
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