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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine
Autoren: Alain-Gilles Minella
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d’Angleterre. Sachez que ce roi-là est mort. Il vaudrait mieux pour lui de cesser de se prendre pour roi puisque, à la face du monde, il a résigné son royaume à son fils. »
    Le roi de France a la partie belle. Il a la possibilité, comme au moment de la fuite de Thomas Becket, de se poser en recours et en arbitre. Henri peut avoir l’impression que l’histoire se répète. Quant à Aliénor, mesure-t-elle l’ironie du sort qui la conduit à placer ses trois fils sous la protection de l’homme dont elle s’est séparée vingt-cinq ans plus tôt ?
    Louis a décidé de s’en tenir scrupuleusement au traité de Montmirail. Les trois frères ont chacun fait hommage de leurs terres au roi de France, ils sont donc ses vassaux et à ce titre il leur doit aide et assistance contre un homme qui cherche à les spolier et à ne pas leur accorder la jouissance de leurs biens. Louis est d’autant plus disposé à jouer ce rôle que, selon une chronique anglaise, il a reçu son gendre Henri le Jeune et sa fille Marguerite en novembre 1172 et qu’il aurait suggéré au jeune homme de réclamer au vieux roi Henri le gouvernement de l’Angleterre ou à défaut celui de la Normandie. Le roi de France devait bien se douter qu’Henri II ne se laisserait pas faire. Face aux ambassadeurs venus réclamer Henri le Jeune, Louis ne fait pas qu’ironiser. Il peut laisser aller ses griefs contre le roi d’Angleterre : « Pourquoi le roi d’Angleterre garde-t-il, contre la foi jurée, la dot de Marguerite au lieu de la remettre à son fils ? Pourquoi cherche-t-il à soulever contre leur seigneur naturel les populations françaises depuis les monts d’Auvergne jusqu’au Rhône ? Pourquoi enfin a-t-il reçu l’hommage lige du comte de Toulouse ?… Dites à votre maître que je jure de ne pas faire la paix avec lui sans le consentement exprès de sa femme et de ses fils. » Exprimées ainsi, les choses sont extrêmement claires et montrent à l’évidence qu’Aliénor est totalement partie prenante dans l’affaire.
    Henri ne peut rien faire. Il est effectivement seul face à une coalition qui veut son élimination politique. Il ne sait pas d’où les premiers coups partiront. Il attend, replié sur sa Normandie. Pendant ce temps, un peu partout, les vassaux révoltés s’en prennent à ses biens propres, assiègent ses châteaux, pillent, dévastent.
    Si la coalition prend forme à Paris, Aliénor, de sa cour de Poitiers, tire les ficelles. En mai, une grande assemblée se tient au Palais de la Cité. Autour du roi de France et des trois princes Plantagenêt, viennent se réunir le comte Philippe d’Alsace, comte de Flandres depuis la mort de son père en 1168, et son frère Mathieu de Boulogne, Henri de Champagne, Thibaud de Blois, de nombreux prélats et vassaux révoltés contre Henri II. Tous jurent de soutenir la cause d’Henri le Jeune et que « celui qui, précédemment, avait été roi d’Angleterre, n’est plus roi désormais ». Le jeune roi se comporte en souverain et distribue promesses et donations. Le comte de Flandres reçoit le comté de Kent et le château de Douvres, le comte de Blois des fiefs en Touraine. En Angleterre se rallient les comtes de Chester, de Leicester, de Norfolk, de Ferrières, sans oublier Guillaume 1er d’Écosse à qui Henri le Jeune promet des terres à sa frontière avec l’Angleterre, et son frère David qui reçoit le comté de Huntingdon. Dans l’île, on se compte. Les partisans du jeune Henri et ceux du vieil Henri s’apprêtent à en découdre.
    Les hostilités commencent à la fin juin et, contre toute attente, les événements vont se précipiter dans un mauvais sens pour la reine et ses fils. En effet le Plantagenêt, sorti de son abattement, n’a pas attendu dans l’inaction. Conscient que le nombre de vassaux sur lequel il peut compter est insuffisant, et qu’ils pouvaient eux aussi le trahir à tout moment, il a engagé à prix d’or une armée de vingt mille mercenaires. Pour cela il a dû rassembler tout l’argent dont il pouvait disposer et va jusqu’à mettre en gage son épée d’apparat incrustée de diamants. Peu importe. La victoire est à ce prix. Henri sait qu’il n’a que deux atouts : une armée de redoutables soldats qui le serviront parce qu’il les paye, et son sens des manœuvres rapides.
    La coalition attaque en Normandie sur deux fronts pour prendre en tenaille l’Angevin : Philippe d’Alsace et son frère attaquent
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