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Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine

Titel: Aliénor d'Aquitaine : L'Amour, le pouvoir et la haine
Autoren: Alain-Gilles Minella
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en était revenu plus tôt. Il serait entré en conflit avec le sénéchal du roi en Poitou, Giraud Berlai ou Bellay, lequel, bien installé dans son château de Montreuil-Bellay, l’aurait défié pendant de nombreux mois. Le comte avait fini par s’énerver, avait mis le siège au château dans un premier temps, le feu au donjon dans un deuxième si bien que Giraud avait été obligé de sortir avec toute sa famille ; Geoffroy l’avait alors fait prisonnier. Or, la loi interdisait de s’en prendre aux hommes et aux terres d’un seigneur qui avait pris la croix. Louis n’étant pas encore revenu de Palestine lorsque le comte avait attaqué le château où Giraud était réfugié, Geoffroy s’était mis gravement hors la loi ; cela méritait même l’excommunication.
    Dans sa biographie de Louis VII, Yves Sassier {5} donne une version légèrement différente. Geoffroy Plantagenêt, qui n’a pas accompagné le roi en Terre sainte, se voit obligé de mettre au pas un de ses vassaux, Giraud, seigneur de Montreuil-Bellay, qui a déjà, par le passé, bravé l’autorité du comte et se livre cette fois-ci à de nombreuses exactions contre les possessions de l’abbaye de Saint-Aubin d’Angers. Le comte met le siège au château du trublion, mais le château résiste de nombreux mois. Il est toujours assiégé lorsque Louis VII revient de Palestine. Giraud cherche alors appui auprès du roi auquel sa famille a été longtemps liée. Il faut croire que ce lignage était solide puisque le roi, probablement vers l’été 1150, entend l’appel au secours du sire de Montreuil et envisage d’agir contre son vassal angevin.
    Quelle que soit la réalité, le prétexte est des plus minces et ne mérite pas un affrontement armé. Pourtant, c’est très vite ce qui va se dessiner. Geoffroy Plantagenêt n’est pas n’importe quel vassal. Comte d’Anjou à sa naissance, il a épousé en 1128 Mathilde, fille du roi d’Angleterre Henri 1er Beauclerc, lui-même fils de Guillaume le Conquérant. Mathilde, qu’on appelait l’« Emperesse » parce qu’elle était veuve de l’empereur d’Allemagne Henri V, avait quinze ans de plus que Geoffroy. Cette femme d’une grande personnalité, intelligente, énergique, apportait en dot au comte d’Anjou ses prétentions à l’héritage d’Henri Beauclerc dont elle était fille unique, lequel héritage n’était rien de moins que la couronne d’Angleterre et le duché de Normandie. La succession aurait dû se passer sans anicroche à la mort d’Henri 1er si un petit-fils de Guillaume le Conquérant – par sa fille Adèle qui avait épousé le comte de Blois – ne s’était interposé. Étienne de Blois avait devancé les Angevins et pris le pouvoir à Londres. C’était en 1135. Depuis les partisans des deux camps s’affrontaient et le pays était dans la plus totale anarchie. S’il n’avait pu ceindre la couronne d’Angleterre, Geoffroy, dont on disait qu’il était « grand chevalier et fort et bel », s’était emparé de la couronne ducale de Normandie. Il en avait porté le titre jusqu’en 1150, année où il avait solennellement remis le duché à son fils aîné, Henri, âgé de dix-sept ans.
    Cette « abdication » de Geoffroy aurait dû se faire avec le consentement du roi, suzerain des Plantagenêt ; ces derniers s’étaient gardés de lui demander son avis. De même la passation de pouvoir entre le père et le fils aurait dû être suivie d’un hommage du jeune duc à Louis VII puis d’une investiture en bonne et due forme. À l’été 1151, la cérémonie n’avait toujours pas eu lieu ; le moins que l’on puisse dire, c’est que les Angevins ne se montraient pas très empressés de venir prêter ce serment qui reconnaissait l’autorité morale de Louis VII. Ils signifiaient clairement au roi de France qu’ils se situaient à un niveau différent de ses autres vassaux : ils prétendaient à une couronne qui ferait des Plantagenêt les égaux des Capétiens. Car à l’époque rien n’était encore joué. Le pouvoir du roi Étienne n’était pas solidement établi en Angleterre. Deux partis s’affrontaient toujours et on sentait que la situation pouvait basculer d’un camp à l’autre. De plus, dans les derniers mois de 1149, le jeune Henri avait mené une campagne de l’autre côté de la Manche où il avait montré d’indéniables capacités de chef militaire liées à une ambition que certains pressentaient
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