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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps
Autoren: Michel David
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soeur.
     
    Chapitre 2 Un
vendredi soir Un peu avant huit heures, un éclair zébra le ciel plombé,
précédant de peu le roulement assourdissant du tonnerre.
     
    Quelques grosses
gouttes de pluie tombèrent d'abord, comme en hésitant. Puis le ciel ouvrit
soudain ses vannes.
     
    La pluie se mit
alors à tambouriner rageusement sur les toits de tôle des hangars. Ce véritable
déluge transforma la cour en terre des Morin en mare de boue en quelques
instants. Gérard rentra dans la maison et, debout derrière la porte
moustiquaire, il regarda les vieilles maisons de la rue Notre-Dame dont
l'arrière donnait sur la grande cour commune. Elles disparurent presque
totalement derrière une sorte de mur liquide.
     
    Coin Archambault
et Emmett, les adolescents qui traînaient devant les vitrines du
restaurant-épicerie Brodeur trouvèrent vite refuge sous le balcon voisin. Ils
s'amusaient à regarder la pluie danser au milieu de la rue et sur les trottoirs
qui fumaient après cette journée de canicule.
     
    Déjà, l'eau
entraînait vers les caniveaux les papiers gras et les mégots. Les locataires de
plusieurs appartements situés au rez-de-chaussée avaient laissé ouverte leur
porte d'entrée, dans l'attente de la première brise qui suivrait
immanquablement cet orage estival. De leur côté, les enfants avaient quitté en
rechignant leurs jeux extérieurs 39 et attendaient avec une impatience évidente
la permission de leurs parents de retourner jouer dehors.
     
    Gérard entendit
un bruit de pas dans la cuisine, derrière lui. Laurette venait de rentrer
précipitamment. Aussitôt, sa femme poussa la porte moustiquaire et sortit sur
l'étroit balcon protégé de la pluie par la galerie des Gravel.
     
    — On étouffe en
dedans, dit-elle en s'éventant de la main.
     
    — T'as juste à
venir t'asseoir sur le balcon, lui suggéra son mari sans trop d'enthousiasme.
Il mouille pas ici.
     
    — C'est ce que je
vais faire.
     
    Gérard n'ajouta
rien. Il se contenta de se lever et de lui sortir sa chaise berçante, qu'il
déposa près de la sienne.
     
    — Carole est chez
la petite Bélanger, dit Laurette en s'assoyant. Où est passé Richard? Au même
moment, plusieurs éclairs furent suivis par d'autres grondements de tonnerre.
Il n'y avait toujours aucun vent.
     
    — Au carré
Bellerive. Je lui ai dit de revenir aussitôt que la pluie commencerait,
expliqua Gérard.
     
    — Le petit maudit
sans-dessein! jura Laurette. Naturellement, il a attendu à la dernière minute
avant de s'en revenir. A part ça, tu le sais que j'aime pas ça pantoute le voir
aller traîner là, ajouta-t-elle, mécontente. C'est plein de robineux. J'aime
mieux le voir jouer dans la grande cour.
     
    Elle venait à
peine de terminer sa phrase qu'elle entendit des cris joyeux en provenance de
la grande cour. La porte de la clôture fut repoussée brutalement pour livrer
passage à l'adolescent, dégoulinant, mais hilare. Il referma la porte à la
volée et se précipita sur le balcon.
     
    — Espèce
d'innocent! l'accueillit sa mère. T'es pas capable de te servir de ta tête et de
voir qu'il va y avoir un orage! 40 UN VENDREDI SOIR
     
    — Je fondrai pas,
m'man, protesta le garçon.
     
    — Enlève tes
running shoes avant d'entrer et cochonne moi pas mon plancher. Tu m'entends? Va
te changer.
     
    Son fils obéit et
pénétra dans la maison après avoir retiré ses souliers de course.
     
    — J'espère que
Gilles est assez fin, lui, pour rester en dedans par un temps pareil, déclara
Laurette à son mari.
     
    — Tu sais ben que
Tougas le laissera pas aller porter des commandes s'il mouille à boire debout.
     
    Le silence
retomba sur le balcon. Le mari et la femme entendirent les voisins d'à côté
s'installer à leur tour. Ils ne pouvaient les voir à cause du hangar qui leur
obstruait la vue. Au-dessus de leurs têtes, la voix d'Emma Gravel s'éleva pour
réprimander l'un de ses fils. La pluie tombait toujours aussi dru, mais les
éclairs et le tonnerre avaient cessé. Tout le monde attendait avec une
impatience mal dissimulée la première brise rafraîchissante qui ferait
disparaître l'écrasante humidité qui rendait l'air irrespirable.
     
    Peu après huit
heures, Carole venait à peine de rentrer dans l'appartement quand Gérard et
Laurette entendirent les grincements métalliques de la bicyclette de Gilles. Ce
dernier entra dans la cour en poussant devant lui le vieux vélo de l'épicerie
Tougas.
     
    — Ma foi du bon
Dieu,
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