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1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire
Autoren: Max Gallo
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« généralissime », travaillant soit
dans ce bureau d’angle du Kremlin, soit dans sa datcha de Kountsevo, située à
quelques kilomètres de Moscou.
    Il gagne alors le Kremlin – où il arrive au début de la
soirée – dans un « convoi » de voitures Packard qui roulent à
vive allure sur les routes qui ont été vidées de toute circulation.
    Les « visiteurs » convoqués au bureau afin de
comparaître devant Staline attendent dans l’antichambre, rongés par l’inquiétude.
    Poskrebychev, qui les introduit, leur prodigue des conseils
qui les paralysent.
    « Ne vous énervez pas, dit-il, évitez de le contredire,
le camarade Staline sait tout. »
     
    Il se préoccupe de tout, contrôle l’exécution de chacun de
ses ordres.
    Il ne néglige rien.
    L’un de ses interlocuteurs réguliers – Baïbakov, chargé
des questions du pétrole – note :
    « Quand il donne des instructions, il vous aide
toujours à les remplir en vous donnant les moyens de le faire. Aussi, je n’avais
pas peur de Staline, nous étions francs l’un vis-à-vis de l’autre. J’ai
toujours exécuté mes tâches. Staline avait cependant le don de repérer les
points faibles d’un rapport et tombait à bras raccourcis sur celui qui ne
maîtrisait pas parfaitement son sujet en proférant d’une voix grave à dessein :
“Eh bien, comment se fait-il que tu ignores cela ?”
    « Et Beria derrière son lorgnon fixe le fautif. »
     
    Puis Staline congédie sans un mot de plus le visiteur et
aborde d’autres sujets, transmettant ses instructions, parlant au téléphone, signant
des ordres, rédigeant un communiqué de presse, forgeant les slogans que la
presse et la radio vont marteler. Ainsi « le sang appelle le sang ».
    Il trouve le temps d’appeler le secrétaire du Parti d’une
province géorgienne, lui demandant d’augmenter les envois de tabac.
    « Nos soldats n’ont plus rien à fumer, dit-il. Les
troupes du front ont absolument besoin de tabac. »
     
    Un lien profond, contradictoire, se noue ainsi entre Staline
et ceux qui le servent, et avec le peuple.
    On l’admire, ce tsar « rouge », on le vénère et on
le craint.
    Il peut briser la vie d’un général, mais reconnaître les
mérites de tel autre qu’en même temps il jalouse et fait surveiller, prêt à le
démettre, à le livrer à Beria et aux bourreaux du NKVD.
    Il marie le despotisme d’un grand tsar – il commande au
cinéaste Eisenstein un film sur Ivan le Terrible – et la violence haineuse,
sans retenue morale, d’un « bolchevik » qui a commencé sa vie en
hors-la-loi, attaquant les banques.
    Aucun scrupule ou principe de morale ne le retient. Il est
le pouvoir absolu, prêt à faire exécuter des milliers d’hommes, ou à déporter
des peuples entiers. La fin justifie les moyens. Et souvent les moyens barbares
dessinent la fin.
    Le révolutionnaire pillard se présente en homme d’ordre et
de discipline qui ne quitte que rarement son uniforme de généralissime.
    Car en ce début d’année 1943, comme pour souligner ce « moment
décisif de la guerre » qui s’opère à Stalingrad, Staline rétablit les
galons et les épaulettes dorés que portaient les officiers de l’armée tsariste.
    Il élève Joukov au grade de maréchal et devient, lui-même, le
maréchal Staline. La mue de Joseph Djougachvili, bolchevik géorgien, s’achève
ainsi avec la bataille de Stalingrad, qui change le cours de la guerre [1] .

 
3.
    Le vendredi 8 janvier 1943, à la fin de la matinée, alors
que l’obscurité s’est dissipée, trois jeunes officiers de l’armée Rouge, brandissant
un drapeau blanc, s’avancent vers les lignes allemandes et remettent le texte
de l’ultimatum du général Rokossovski, commandant des armées russes du Don, au
général Paulus, commandant de la VI e  armée allemande.
    Il a vingt-quatre heures pour répondre.
     
    Paulus, terré dans son quartier général improvisé dans le
sous-sol de l’Univermag – un grand magasin réduit à un amoncellement de
décombres –, lit le texte ; puis le commente avec ses officiers. Paulus
parle avec difficulté. Il est épuisé, exsangue, hirsute, il tremble.
     
    « La situation de vos troupes est désespérée, écrivent
les Russes. Elles souffrent de la faim, de la maladie et du froid. Le cruel
hiver russe ne fait que commencer. Le gel, les vents polaires, les tempêtes de
neige approchent. Vos soldats sont démunis de vêtements chauds et vivent
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