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1943-Le souffle de la victoire

1943-Le souffle de la victoire

Titel: 1943-Le souffle de la victoire
Autoren: Max Gallo
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certitude sur ce qui va advenir.
    De mille façons, dans le cercueil d’acier qu’est un tank, sous
l’amas des décombres d’un immeuble bombardé, pendu à un gibet, abattu d’une
balle dans la nuque, tué par un éclat d’obus, brûlé vif, jeté vivant dans une
fosse commune, étouffé dans un wagon qui roule vers Auschwitz, ou asphyxié dans
une chambre à gaz, et de mille autres façons encore, des millions d’humains
vont mourir.

 
PREMIÈRE PARTIE

Janvier
__
février 1943

 
     
    « Un
soleil d’hiver brille, à Stalingrad, au-dessus des tombes collectives, au-dessus
des stèles improvisées, les morts dorment sur les hauteurs des collines, près
des ruines des ateliers d’usine, dans des ravins et des combes, ils dorment là
où ils se sont battus et leurs tombes se dressent près des tranchées, des
casemates, des murs de pierre percés de meurtrières qui n’ont pas cédé à l’ennemi,
comme un monument majestueux à la simple loyauté payée au prix du sang. Terre
sainte… Cette ville avec des centaines d’hommes en vestes matelassées, en
capotes, en chapkas à oreilles, des hommes occupés au travail de la guerre qui
ne connaît pas le repos, qui portent des bombes comme on porte du pain, sous le
bras, qui épluchent des pommes de terre auprès de la gueule pointée d’un canon
lourd, qui se chamaillent, chantent à mi-voix, racontent un combat nocturne à
la grenade. Tant ils sont grandioses, et tant ils sont quotidiens dans leur
héroïsme même. »
    Vassili GROSSMAN, article pour
    Krasnaïa Zvezda ,
intitulé
    « Aujourd’hui à
Stalingrad »
    Janvier 1943

 
1.
    En ces premiers jours de janvier 1943, les soldats de la VI e  armée
allemande du général Paulus, encerclés dans Stalingrad, savent qu’ils vont
mourir.
     
    Ils
se souviennent de ces trois semaines d’espoir, en décembre 1942, quand une
armée de secours commandée par le Feldmarschall von Manstein et le général Hoth
s’est élancée pour briser l’encerclement russe.
    Le télégramme que leur a envoyé von Manstein : « Tenez
bon, je vais vous sortir de là – Manstein », « c’était mieux qu’un
train bourré de munitions et qu’un avion Junker plein de ravitaillement »,
s’est exclamé un jeune lieutenant.
    Les soldats ont vu, à la mi-décembre, les signaux lumineux
que leur adressaient leurs camarades parvenus à 50 kilomètres de
Stalingrad. L’opération Tempête d’hiver semblait donc près de réussir.
    Il fallait aller à leur rencontre !
     
    Mais Hitler ordonne à Paulus de « tenir bon là où il
est ». Il hurle, apostrophant son chef d’état-major le Feldmarschall
Zeitzler : « Je ne quitterai pas la Volga, je ne me replierai pas. »
    Zeitzler, accablé, insiste :
    « Je conjure instamment le Führer d’autoriser, sans
restriction, cette tentative de “sortie”, notre unique chance de sauver les 200 000 hommes
de Paulus. Le Führer refuse de céder. En vain, je lui décris les conditions
sévissant dans notre pseudo-forteresse, le désespoir de nos soldats affamés, leur
manque de confiance dans le commandement, les blessés expirant faute de
matériel médical, des milliers d’autres mourant tout simplement de froid. Le
Führer demeure aussi insensible à ces arguments qu’aux précédents. »
     
    Les soldats allemands savent donc qu’ils vont mourir. Ils se
terrent « à quinze dans un bunker, c’est-à-dire dans un trou dans le sol
de la taille d’une cuisine ».
    Le désespoir et des myriades de poux les dévorent.
    « Peu à peu, on est pris de dégoût pour soi-même. On n’a
aucune possibilité de se laver convenablement, de changer de sous-vêtements. Ces
foutus poux consomment entièrement votre corps. »
    On crève de froid et de faim.
    « Nous vivons essentiellement de viande de cheval, écrit
un soldat, et moi j’ai même déjà mangé de la viande de cheval crue, tellement j’avais
faim. »
    Ils n’osent pas regarder leurs camarades, afin de ne pas se
reconnaître dans les silhouettes enveloppées de hardes, hirsutes. Des abcès
rongent leur corps. Ils se grattent sans cesse, « mort vivant », dit
l’un, n’ayant que la peau et les os.
    « On n’est plus qu’une épave, dit un autre, nous sommes
tous complètement désespérés. »
     
    On ne veut pas se rendre.
    « S’il s’agissait des Français, des Américains, des
Anglais, ce ne serait pas si mal mais avec les Russes on ne sait pas s’il ne
vaut pas mieux se
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