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1914 - Une guerre par accident

1914 - Une guerre par accident

Titel: 1914 - Une guerre par accident
Autoren: Georges Ayache
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glorieuse bataille du Champ des Merles…
    La bataille du Champ des Merles, qui avait vu la défaite des
Serbes face aux Turcs du sultan Mourad I er en 1389 à Kosovo
Polje, était restée le symbole vivace de la résistance des Slaves du Sud. Mais
comment les officiels hautains qui, à Vienne, avaient réglé l’agenda de la
visite de l’archiduc auraient-ils pu seulement le comprendre ?
    — … la liberté. La dignité. La vengeance pour ce
que tous les Autrichiens nous ont fait subir. Que Dieu nous garde tous !
    Princip savait qu’il leur faudrait compter sur la chance.
Cette chance qu’il avait eue depuis son retour à Sarajevo, le 15 juin.
Bien que fiché comme un activiste dangereux, le jeune homme n’avait pas été
inquiété par la police. De son côté, Cabrinovic avait multiplié les imprudences
sans toutefois attirer l’attention. C’en était presque miraculeux mais il
fallait agir vite désormais. La chance ne durerait pas toujours.
    Répartis en trois groupes, les conjurés se postèrent
respectivement devant le jardin du Café Mostar, le long du quai Appel et à
proximité du pont Lateiner.
    À quelques hectomètres de là, à un univers de là, le train
archiducal s’immobilisa en gare de Sarajevo. François-Ferdinand inspecta
brièvement les troupes de la caserne voisine. Il ne tenait guère à s’attarder.
Rejoignant sa femme, il s’engouffra dans une Daimler modèle Gräf und Stift décapotée, la troisième voiture dans le cortège qui venait de se former.
    Des forteresses surplombant la ville, vingt et un coups de
canon furent tirés pour saluer l’arrivée de l’héritier de l’Empire. Il était
9 h 40 précises. Direction : l’hôtel de ville.
    Le cortège roula presque au pas dans les rues de la ville.
Telle était la consigne du gouverneur de Bosnie, le général Oskar Potiorek,
afin que l’archiduc puisse découvrir les charmes de la capitale provinciale.
    Pourquoi pas, après tout ? François-Ferdinand
paraissait détendu, autant que pouvait l’être cet homme taciturne et d’aspect
sévère. Il avait plutôt fière allure dans son uniforme bleu ciel et noir de
général de cavalerie. Assise à sa droite, Sophie, elle, avait l’air absente.
Sans doute gardait-elle encore en tête les propos que lui avait tenus le D r  Josip
Sunaric, juste avant leur départ d’Ilidza. Sur un ton énigmatique, cet ancien
député croate lui avait déconseillé de se rendre à Sarajevo :
    — Beaucoup trop de Serbes là-bas qui ont l’humeur
rebelle. Ces gens-là sont incontrôlables [3] …
    Sur le coup, Sophie n’y avait pas pris garde, mettant cet
avertissement sur le compte de l’animosité traditionnelle entre Croates et
Serbes. Peut-être se remémorait-elle aussi une anecdote rapportée par
l’archiduc quelques semaines auparavant. Alors qu’il visitait une région
désolée de l’Empire, une bohémienne lui avait prédit qu’il connaîtrait une mort
violente qui précipiterait le monde dans une guerre effroyable. Une
guerre ! Lui qui la redoutait plus que n’importe qui ! Lui qui
faisait tout pour l’éviter !
    Le cortège officiel entra dans le centre-ville et bifurqua
vers le quai Appel, le long de la rivière Miljacka. Des zivio (vivats),
quelques applaudissements.
    Soudain, de la foule devenue compacte surgit une main qui
projeta un engin de forme arrondie en direction de la voiture de l’archiduc.
L’engin rebondit sur la paroi en tissu de la voiture avant d’exploser à hauteur
de l’arrière du second véhicule. Le bruit fut assourdissant. La bombe creusa
une petite excavation dans la chaussée et blessa grièvement deux officiers
supérieurs dont l’aide de camp du gouverneur, le lieutenant-colonel Erich von Merizzi.
    Une bousculade s’ensuivit. Dans la confusion, un homme
s’enfuit à toutes jambes et fut pris en chasse par la foule. Il parvint à
enjamber un parapet et à se jeter dans la rivière mais il fut appréhendé peu
après. On trouva au fond de la poche de Nedeljko Cabrinovic une petite capsule
de cyanure qu’il n’avait pas eu le temps d’absorber dans la précipitation.
    L’attentat avait échoué mais de justesse. Conservant son sang-froid,
l’archiduc fit arrêter sa voiture afin de pouvoir constater par lui-même
l’ampleur des dégâts. Puis il ordonna qu’on reparte à toute allure vers l’hôtel
de ville. En chemin, l’archiduchesse se plaignit d’une légère douleur à
l’épaule. François-Ferdinand
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