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1914 - Une guerre par accident

1914 - Une guerre par accident

Titel: 1914 - Une guerre par accident
Autoren: Georges Ayache
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intérêt [8] …
    Jovanovic n’aimait pas le ministre des Affaires étrangères,
le comte Berchtold. Aussi s’était-il adressé à Bilinski. Ce dernier ne portait
pas spécialement dans son cœur l’archiduc François-Ferdinand. Il ne rapporta la
conversation ni à l’intéressé ni à Berchtold.
    Inquiet, l’ambassadeur Jovanovic était revenu à la charge
quelques jours plus tard. Cette fois, Bilinski n’avait pas caché son
irritation :
    — Le programme de l’archiduc en Bosnie sera exécuté à
la lettre. Il ferait beau voir que l’Empire capitule face à cette bande de bons
à rien !
    Le programme fut, en effet, exécuté à la lettre. Ladite
lettre étant fixée par l’intangible protocole.
    Dans les minutes qui suivirent la première tentative
d’attentat, à Sarajevo dans la matinée du 28 juin, il fut demandé au
général Potiorek de déployer ses soldats afin de constituer une haie
protectrice pour l’archiduc. La réponse avait fusé :
    — Vous n’y pensez pas ! Mes troupes sont en tenue
de manœuvre. Et le règlement interdit formellement aux soldats sans uniforme de
gala de former une haie d’honneur [9] .
    Le règlement pouvait bien tuer l’Empire. Il n’en serait pas
moins respecté jusqu’à l’absurde.
     
    L’élimination de l’archiduc et de son épouse soulagea la conscience
d’un grand nombre de gens à Vienne. L’empereur ordonna rapidement de ne plus
jamais évoquer ce tragique attentat. Aucune enquête ne fut diligentée sur les
circonstances de l’assassinat comme sur les responsabilités de négligences
éventuelles. Cela laissa songeur l’ambassadeur d’Allemagne à Vienne, Heinrich von Tschirschky-Bögendorff :
    — Étrange ! Si un noble de la cour avait été piqué
par une mouche dans une gare quelconque, le chef de cette gare aurait été
congédié. Et pour cette véritable chasse à courre dans les rues de Sarajevo, on
n’a même pas arraché un cheveu à qui que ce soit [10]  !
    La cour avait mieux à faire qu’à enquêter. Toute son énergie
était à présent absorbée par l’organisation des obsèques. L’incontournable
prince de Montenuovo se fit un devoir d’interpréter le cérémonial impérial avec
toute la bassesse imaginable. Ultime vengeance posthume.
    En sa qualité d’archiduc héritier de la Couronne,
François-Ferdinand avait le droit d’être enterré dans la Crypte des Capucins, à
Vienne. Ce n’était évidemment pas le cas de Sophie. Pressentant des
difficultés, François-Ferdinand avait exprimé de son vivant le vœu d’être
inhumé aux côtés de son épouse dans le caveau familial de son château
d’Arstetten, au bord du Danube. Cela arrangeait tout le monde.
    Les deux dépouilles du couple archiducal furent rapatriées à
Schönbrunn. Montenuovo avait intrigué pour faire transférer en catimini à
Arstetten le cercueil de la duchesse de Hohenberg pendant que se dérouleraient
à la Hofburg les funérailles solennelles de son mari. Il dut y renoncer sous
les remontrances conjuguées de l’empereur et de dignitaires impériaux, choqués
par la médiocrité de tels procédés.
    Le chef du protocole s’ingénia toutefois à organiser dans
les moindres détails un enterrement de troisième classe, sans faste ni apparat.
Aucune tête couronnée aux obsèques, alors même que le roi d’Angleterre
George V et le Kaiser Guillaume avaient prévu de s’y rendre. Pas de défilé
militaire, à la grande indignation de l’armée. Une cérémonie religieuse bâclée
en un quart d’heure. Le grand chambellan ordonnerait que le cercueil de Sophie
soit placé plus bas que celui de l’archiduc, pour bien souligner une dernière
fois la différence de condition. Comble de l’indélicatesse, il irait jusqu’à
faire placer sur la bière de la duchesse une paire de gants blancs et un
éventail noir, insignes ordinaires des dames d’honneur.
    Rien ne s’opposait plus désormais au retour des manœuvres et
intrigues qui faisaient les délices de la cour de Vienne. Ces petits jeux
s’adressaient désormais au nouvel héritier du trône d’Autriche-Hongrie. Othon,
le cadet de François-Ferdinand était mort en 1906. L’ordre de succession
désignait l’archiduc Charles de Habsbourg-Lorraine. Ce petit-neveu de
l’empereur n’avait que vingt-sept ans. Il aurait le temps d’apprendre, du moins
le croyait-on.
    *
    Budapest eut l’oraison funèbre tout aussi expéditive que
Vienne. Au Parlement hongrois, il revint au
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