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Voltaire

Voltaire

Titel: Voltaire
Autoren: André Maurois
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ne l'étaient alors la plupart des Français. Il se plut aussi à assister à des réunions de quakers et de non-conformistes. La légende veut qu'un jour, dans la rue, il ait été poursuivi par une foule populaire parce que ses vêtements étrangers déplaisaient et que, monté sur un banc, il ait apaisé ses assaillants en leur disant : « Braves Anglais, ne suis je pas déjà assez malheureux de n'être pas né parmi vous ? » Sur quoi il fut acclamé et porté jusqu'à sa maison sur les épaules de ceux qui l'avaient hué.
    Naturellement, il profita de ce séjour en Angleterre pour lire les philosophes de ce pays, et en particulier « Mister Locke ». En 1727, il vit l'enterrement de Newton, qui l'étonna par la magnificence des honneurs accordés au génie scientifique. Le corps, exposé aux flambeaux sur un lit de parade, fut porté à l'Abbaye de Westminster, suivi par un immense cortège où figuraient le Chancelier et les ministres. Cette cérémonie formait un contraste assez fort avec la Bastille et les coups de bâton seigneuriaux.
    Plus tard, il revint un peu de son enthousiasme : « J'avais cru dans ma jeunesse que Newton avait fait sa fortune par son extrême mérite. Je m'étais imaginé quela Cour et la ville de Londres l'avaient nommé, par acclamations, grand-maître des monnaies du royaume. Point du tout. Isaac Newton avait une nièce assez aimable, nommée Mrs Conduit. Elle plut beaucoup au Grand Trésorier, Halifax. Le calcul infinitésimal et la gravitation ne lui auraient servi de rien sans une jolie nièce... »
    On ne sait pas pourquoi, ni à quel moment, il quitta l'Angleterre, mais il était en France dans les premiers mois de 1729. Au début il se cacha, s'arrêta dans Saint-Germain et s'y logea chez un perruquier. De là, il écrivit « au vizir Maurepas, pour qu'il lui laissât traîner ses chaînes à Paris ».

VI
    Succès et persécutions
    Voltaire trouva Paris aussi divisé qu'au temps de son départ. « On n'y parlait que de Rome, d'excommunication, de Jansénistes, de Jésuites, de Constitution Unigenitus, d'exils et d'emprisonnements. Une assemblée d'évêques, tenue à Embrun, venait de produire vingt mille lettres de cachet. » Il semblait tout naturel d'embastiller ceux qui pensaient autrement que les ministres sur des points de doctrine religieuse et Saint-Simon lui-même conseillait au Régent de faire enlever les Jésuites Lallemand, Doucin et Tournemine, «de mettre ce dernier au donjon de Vincennes, sans papier, ni encre, ni plume, sans parler à personne, du reste bien logé et nourri à cause de sa condition personnelle (il était de bonne naissance) ; les deux autres au cachot en des prisons différentes, avec le traitement du cachot, qu'on ne sût où ils sont et les y laisser mourir ».
    Quant aux hommes de lettres, ils s'excommuniaient entre eux « parce qu'un bel esprit avait prétendu qu'il n'était pas de l'essence de la tragédie d'être en vers ». Voltaire signala son arrivée en publiant un petit écrit qui avait pour titre : Sottises des deux parts. Il y montraitla folie de ces disputes, rappelait les controverses du moyen âge, si oubliées, et prédisait l'oubli de l'avenir aux Jansénistes comme aux Jésuites. « Un vieux docteur me disait : "Monsieur, dans ma jeunesse j'ai écrit contre le Formulaire et contre le Pape ; j'ai été mis en prison et je me suis cru un martyr. Actuellement je ne me mêle plus de rien et je me sens raisonnable. - Quelles sont vos occupations? lui dis-je. - Monsieur, me répondit-il, j'aime beaucoup l'argent." C'est ainsi que les hommes dans leur vieillesse se moquent des passions de leur jeunesse; les actes vieillissent comme les hommes. »
    Lui-même, bien qu'il fût jeune, aimait l'argent. Il avait appris en Angleterre que la fortune donne l'indépendance. Au moment de son retour en France, il entra en rapport avec les frères Paris, grands financiers, qui le conseillèrent pour le placement des fonds qu'il avait hérités du notaire Arouet. Il en plaça une partie dans la fourniture des vivres aux armées, où il gagna, nous apprend son secrétaire, plus de six cent mille livres ; une autre dans le commerce de Cadix et dans les vaisseaux qui commerçaient avec l'Amérique. Tout lui réussit. Il eut la chance que ses vaisseaux ne fussent jamais arrêtés par des corsaires. Il gagna même à la Loterie et bientôt il eut la plus grande fortune qu'ait jamais amassée un poète. « Ses portefeuilles étaient pleins de
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