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Vikings

Vikings

Titel: Vikings
Autoren: Patrick Weber
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ravageur du mâle conquérant. Il ouvrit la porte et celle qui se faisait appeler Joséphine entra dans l’appartement. Elle était certes toujours aussi jolie, mais surtout très nerveuse et Le Bihan sentit que ses premières paroles ne seraient pas très agréables.
    — J’espère pour vous que vous ne serez pas inquiété, commença-t-elle sur un ton cassant. Ma parole, je n’ai jamais vu autant de voisins dans une cage d’escalier ! Les gens qui vivent ici ont-ils l’habitude de séjourner dans les communs ? Ou alors, vous leur avez envoyé un carton pour annoncer ma venue ?
    — C’est comme ça dans cet immeuble, répondit le jeune historien avec flegme. Depuis le début de la guerre, nous avons décidé que le conflit nous atteindrait le moins possible. Alors, même si ce n’est pas facile tous les jours, chacun essaie de mener une vie normale.
    Joséphine ôta son manteau qu’elle jeta distraitement sur une chaise en même temps qu’elle levait les yeux au ciel. Le Bihan se dit qu’il devait s’agir d’un tic chaque fois qu’elle voulait exprimer son agacement.
    — Une vie normale, soupira-t-elle, alors que le continent est à feu et à sang et que la France a été rayée de la carte ? Il faut avoir bien peu de sens civique et de patriotisme pour réagir de la sorte ! Je ne vous félicite pas.
    — Je le confesse, répondit l’homme sans sourciller. Même si je hante les cathédrales la nuit, je n’ai pas l’étoffe d’un héros. Mais quelque chose me dit que si j’étais à bonne école, je pourrais me transformer.
    Il invita la jeune femme à s’asseoir sur une chaise au dossier canné d’un fin treillis de jonc qu’il tenait de sa grand-mère et dont il avait fait le siège d’honneur pour les invités. Toujours souriant, il lui versa un verre de vin. Il lui donna ensuite un couteau pour le camembert et lui brisa un morceau de pain.
    Joséphine le regarda comme elle avait l’habitude de le faire avec les hommes qu’elle désirait jauger. Sa mère lui avait appris qu’il ne fallait pas compter sur les hommes. Elle était libre de les apprécier, de les fréquenter et même de les aimer, mais elle ne devait en aucun cas se considérer inférieure à eux. Dotée de ces préceptes bien arrêtés, sa mère – qui répondait au joli prénom d’Amélie – avait acquis une réputation sulfureuse dans la région. Comme nombre de jeunes filles de bonne famille, au lendemain du premier conflit mondial, elle avait été contrainte d’accepter un mariage arrangé, en l’occurrence avec l’héritier d’une riche famille d’armateurs. Mais contrairement à ses soeurs d’infortune, elle n’avait pas attendu de voir se dessiner les premières rides sur son visage pour se rebeller. Amélie avait commencé par quitter son époux autoritaire et violent. Alors que tous pensaient qu’elle se montrerait discrète pour éviter le scandale, elle avait ensuite fait reconnaître ses droits par la justice. Cerise sur le gâteau, elle avait réussi à cacher sa grossesse et décidé qu’elle élèverait seule sa fille. Dès lors, elle s’était juré de ne plus jamais lier son destin à celui d’un homme. Certes, elle avait vécu quelques années avec un médecin renommé de Rouen, un brave homme attentionné qui lui passait tout, mais elle refusa toujours de se laisser passer une nouvelle fois la bague au doigt.
    Puis, sa vie bourgeoise et rangée commença à la lasser et elle suivit un jeune peintre belge avec lequel elle partagea une modeste chambre de bonne au septième étage d’un immeuble cossu du centre-ville. Hélas, l’histoire d’amour bohème tourna rapidement au drame. Le jeune homme, qui venait enfin de trouver une galerie pour exposer ses oeuvres, recueillit de très mauvaises critiques. Ces attaques le heurtèrent tellement qu’il préféra mettre fin à ses jours. Amélie se retrouva à nouveau seule avec Joséphine et entra au service d’un avocat aristocrate et légèrement excentrique. L’homme toujours tiré à quatre épingles s’appelait Armand. Il ne goûtait guère la compagnie des femmes, mais il en avait besoin pour donner le change lors des dîners en ville. Amélie joua ce rôle à la perfection et effectua, en prime, quelques tâches de secrétariat. Ce fut la période la plus sereine de l’enfance de la petite Joséphine qui avait pris l’habitude de changer régulièrement d’établissement scolaire, au rythme des ruptures de sa mère et, peu
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