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Victoria

Victoria

Titel: Victoria
Autoren: Joanny Moulin
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succombé à un cancer de la gorge. Son petit-fils Christian Victor, fils de Helena, après avoir servi en Inde, en Côte d’Or, au Soudan et à la guerre des Boers, meurt à Pretoria de la fièvre entérique. À Kronberg, Vicky s’éteint lentement d’un cancer de la moelle. Victoria dépêche Béatrice auprès d’elle pour veiller sur ses derniers jours.
    La reine trouve la force de passer en revue les régiments de Life Guards qui rentrent du Cap. Elle sort encore un peu en voiture pour prendre l’air, en cette fin d’année 1900 pluvieuse et venteuse. La reine paraît à la mairie de Windsor, poussée dans son fauteuil roulant, passe d’un stand à l’autre d’une foire aux dentelles où elle fait quelques emplettes. Puis elle s’en va pour les fêtes à l’île de Wight, où Lady Jane Churchill meurt, la veille de Noël.
    Victoria est terriblement amaigrie. Elle ne peut presque plus s’alimenter. Ses médecins recommandent de lui donner plusieurs fois par jour un mélange de lait et de whisky. Des attaques d’aphasie la laissent incapable de parler pendant plusieurs jours. Quand elle retrouve la parole, elle dicte son journal à sa petite-fille Thora, fille de Helena : « 1 er  janvier 1901. Une autre année commence, et je me sens si faible et si mal en point que j’y entre tristement. »
    Le jour de l’an, Victoria se rend au Foyer des soldats de l’île de Wight. Elle reçoit à Osborne House le général Frederick Roberts, commandant en chef de la campagne d’Afrique du Sud. Cet homme de petite taille, le bras en écharpe, émacié par les rigueurs de la guerre, semble presque aussi frêle que la souveraine. Elle lui confère l’ordre de la Jarretière, honneur insigne, car avant lui aucun officier n’avait obtenu cette distinction sans être membre de la famille royale, et en outre un titre de comte que sa fille pourra hériter, puisqu’il a perdu son fils unique à Colenso.
    Le Court Circular , qui publie quotidiennement les nouvelles de la cour que relaie la presse, continue d’annoncer que la reine sort tous les jours se promener. Il n’en est rien. Sa mémoire ne fonctionne plus que par intermittence. Une attaque cérébrale lui paralyse le visage et l’empêche de parler distinctement. Le 4 janvier, elle a cessé de dicter son journal. La semaine suivante, Sa Majesté est trop faible pour se lever.
    « Le prince de Galles sera désolé d’apprendre combien je suis malade. Pensez-vous qu’il devrait être prévenu ? Je ne veux pas mourir encore. Il y a plusieurs choses que je veux arranger. »
    Il est temps de prévenir les enfants de Sa Majesté. Le prince Arthur est à Berlin. En apprenant la nouvelle, l’empereur Guillaume décide de quitter les célébrations du deux centième anniversaire de la dynastie Hohenzollern pour se rendre en Angleterre avec son oncle. Il avertit le prince de Galles de son arrivée par un télégramme en clair et l’information devient immédiatement publique.
    « Mon premier désir n’est pas d’être sous les feux de la rampe, je resterai à Londres si vous le souhaitez. J’aimerais voir Grand-Maman avant qu’elle meure, mais si c’est impossible je comprendrai tout à fait. »
    Dans la chambre de la reine, Victoria repose sous un très haut baldaquin, près d’une image encadrée d’Albert accrochée à la tête du lit. À sa droite, au-dessus de la cheminée, un grand tableau de Gustav Jäger représente le corps du Christ au Calvaire avant sa mise au tombeau. Les rideaux, l’ottomane et les sièges sont recouverts du même tissu imprimé de motifs floraux où se dissimulent les profils de Victoria et Albert.
    « Vais-je un peu mieux ? » a-t-elle demandé à son médecin.
    Elle a souhaité avoir près d’elle Tutti, son loulou de Poméranie. L’archevêque de Westminster et le recteur de Wippingham récitent des prières. La reine est entourée de ses enfants et petits-enfants, qui lui disent leur nom à tour de rôle, en une longue litanie.
    Vers 4 heures du matin, le Dr Reid remarque un changement dans le rythme de sa respiration, qu’il facilite en tenant ses oreillers soulevés. Willy se précipite de l’autre côté pour faire de même avec son bras valide. Victoria se réveille, semble prendre conscience de la présence du prince de Galles, et prononce un seul mot : « Albert », dont on ne sait s’il désigne son fils ou son époux, puis elle se rendort.
    Arthur Balfour, ministre en résidence à Osborne,
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