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Victoria

Victoria

Titel: Victoria
Autoren: Joanny Moulin
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héritier présumé du trône, l’a prise en affection et lui offre des cadeaux. Il fait donner pour elle un spectacle de marionnettes.
    Pour son troisième anniversaire, elle reçoit les bons vœux de sa tante Adélaïde et de son oncle William de Clarence. Leur fille Elizabeth, la « petite reine Bess », est morte avant d’avoir un an. Ils n’en sont que plus attachés à leur nièce.
     
    Dans les allées du parc de Kensington, Victoria se promène sur un âne, offert par son oncle le duc d’York. Un vieux soldat en livrée pourpre, Maloney, marche à côté d’elle sans jamais la quitter des yeux. Sa nurse, Mrs Brock, sa chère Boddy, suit à quelques pas avec Feodora, sa demi-sœur de 15 ans. Les gentlemen la saluent au passage.
    « Inclinez la tête, princesse », lui rappelle Boddy d’une voix bien audible. Victoria obéit, puis elle regarde derrière elle.
    « Mais pourquoi tous les messieurs lèvent-ils leur chapeau pour moi, et pas pour Feodora ? »
    Mrs Brock n’en sait rien. La princesse est élevée dans l’ignorance de son rang. Chaque visiteur en arrivant reçoit la consigne de surveiller ses paroles, notamment sur ce point. Pourtant, la vieille baronne de Späth, dame de compagnie de sa mère, s’agenouille assidûment devant elle.
    On lui répète qu’elle doit toujours se bien tenir, même lorsque personne ne la voit. Victoria n’est jamais seule. Le soir, pendant que sa nurse la prépare à se mettre au lit, sa gouvernante lui fait la lecture, pour qu’elle ne prenne pas la fâcheuse habitude de bavarder avec les domestiques. Elle aime les histoires, pleure aisément aux épisodes tristes. Le cœur sur la main, elle déborde spontanément de tendresse pour les animaux.
    Le révérend George Davys, son précepteur, un pasteur anglican, ne désespère pas de lui apprendre à lire. Il écrit des mots sur des fiches cartonnées qu’il dispose en différents endroits de la pièce. Puis il les prononce et lui demande d’aller les chercher. Une fois, passe, mais à la deuxième Victoria se lasse. Elle refuse, tape du pied, s’emporte. Puis, comme après chacune de ses colères, elle boude.
    « Quand tu es méchante, lui dit sa mère qui assiste à toutes ses leçons, tu nous rends toutes les deux malheureuses. »
    Victoria la regarde fixement de ses grands yeux bleus, une moue accentuant les fossettes de ses joues.
    « Non, maman, pas moi , mais toi . »
     
    Princesse capricieuse, têtue de tempérament, Victoria affirme souvent sa volonté par des flambées de colère. Ce trait prononcé de son caractère est inquiétant, car on ne manque pas d’y voir l’hérédité des Hanovre à l’orgueil obstiné, atrabilaires et irascibles parfois jusqu’à la déraison. La duchesse tente de corriger ce défaut par son penchant contraire pour la tendresse. Chaque fois que la petite est chipie ou blessante avec une servante, elle fait appel à sa bonté de cœur et l’envoie demander pardon.
    Il n’est pas facile pour une mère de former seule la personnalité de sa fille. Lorsque la princesse a cinq ans, Fraulein Louise Lehzen devient sa gouvernante, après avoir été celle de Feodora. Cette Cobourgeoise, fille de pasteur luthérien, aussi aimante que ferme, est venue d’Amorbach à la suite de la duchesse.
     
    L’été, on quitte Londres pour le Kent, souvent avec l’oncle Léopold. Les vacances se passent parfois à Tunbridge Wells, une station thermale aux sources minérales, aux confins du Kent et du Sussex.
    Dans une boutique, où elle s’est arrêtée lors d’une promenade à dos d’âne, Victoria achète des cadeaux pour ses petites amies. Elle désire aussi une boîte fantaisie pour sa cousine, mais sa bourse est vide. Le commerçant veut la lui offrir.
    « Oh ! dit Fraulein Lehzen, voyez-vous, la princesse n’a plus d’argent et donc, bien sûr, elle ne peut pas acheter cette boîte. » Il faudra revenir la semaine suivante, dès la prochaine distribution d’argent de poche.
    D’autres fois encore, on va prendre l’air marin à Ramsgate, à la pointe nord-ouest du comté de Kent. C’est l’un des Cinq Ports qui défendent l’entrée de l’estuaire de la Tamise, en face de Calais et de Dunkerque. À Eastcliff, un riche voisin, Moïse Montefiore, banquier philanthrope et jeune retraité, a offert à Victoria une petite clé en or, qui ouvre la porte de son jardin.
     
    Le retour à Kensington est d’autant plus triste qu’il faut reprendre les
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