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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine
Autoren: Lindsey Davis
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une grande fatigue. Il s’agissait probablement de moi. Cependant, Camillus Verus tenait une grappe de raisin à la main et, même après s’être aperçu de ma présence, il continua de la picorer d’un air imperturbable. Quant à Julia Justa – dont la chevelure noire, dans le crépuscule, la faisait ressembler étrangement à Helena –, elle ne fit aucun geste susceptible de troubler l’atmosphère.
    — Bonsoir, sénateur, Julia Justa. J’espérais trouver votre fille ici.
    — Il lui arrive de passer, grommela son père. Elle m’emprunte mes livres, utilise toute l’eau chaude, et pille la cave. Il arrive que sa mère puisse en extraire une courte conversation. Moi, je m’estime heureux si elle me laisse apercevoir ses talons dans l’embrasure d’une porte…
    Je fus obligé de sourire. J’avais devant moi un homme assis dans son jardin, au milieu des papillons, environné du parfum de ses fleurs, et qui s’accordait le privilège de se plaindre de ses enfants.
    — Mais c’est moi qui l’ai élevée, alors je n’ai personne d’autre à blâmer…
    — Exact ! intervint sa femme.
    — Est-ce qu’elle est venue ce soir ? demandai-je à la mère avec un sourire.
    — Oh ! oui ! s’écria son père avec emportement. Soi-disant que ton immeuble s’est écroulé ?
    — Ce sont des choses qui arrivent. Heureusement que nous étions sortis…
    D’un grand geste de la main, il me fit signe de prendre place sur un banc de pierre.
    — Donc, ton immeuble est par terre. Helena Justina est venue me demander comment faire enregistrer les actes de propriété dont elle a hérité de sa tante Valeria. Helena est venue prendre des robes dans son ancienne chambre. Elle voulait que je te dise qu’elle te verrait plus tard.
    — Est-ce qu’elle va bien ? parvins-je à glisser, en me tournant de nouveau vers sa mère qui, je l’espérais, se montrerait plus sensée.
    — Oh ! elle était comme à l’accoutumée, répondit Julia Justa.
    Le sénateur ayant épuisé son stock de plaisanteries, le silence s’installa.
    Je décidai de prendre mon courage à deux mains.
    — Il aurait fallu que je vienne plus tôt.
    Les parents d’Helena échangèrent un regard.
    — Pourquoi t’en faire ? prononça Camillus en haussant les épaules. Ce qui se passe est assez clair.
    — J’aurais vraiment dû venir vous expliquer tout cela.
    — Es-tu en train de nous présenter des excuses ?
    — Je l’aime, et je n’ai pas à m’en excuser.
    Julia Justa fit certainement un geste brusque, car j’entendis tinter ses lourdes boucles d’oreilles, et crisser la semelle de ses sandales sur les dalles de pierre.
    Comme le silence s’éternisait, je préférai me lever.
    — Je ferais mieux d’essayer de la trouver.
    — Puis-je supposer que tu sais où aller regarder, ou devons-nous lancer des recherches sur une grande échelle ? demanda Camillus en riant.
    — Je crois savoir où elle se trouve.
    Fatigué comme je l’étais, je fis le chemin à pied. Je gagnai lentement mon ancienne tanière au sommet de l’Aventin, et je finis par m’en approcher en traînant de plus en plus les pieds. Tout au long du chemin, je pensais aux belles demeures dans lesquelles vivent les riches, et aux taudis dans lesquels ils trouvent normal que les pauvres végètent.
    Je pénétrai enfin dans la douzième Région, où je fus assailli par des odeurs de cuisine. Un sifflement admiratif, assez discret, m’accompagna quand je m’enfonçai dans l’obscurité de l’allée.
    Cour de la Fontaine.
    De tous les immeubles miteux construits dans les impasses les plus sordides du monde, le plus abject devait être la Cour de la Fontaine…
    Devant la boutique du barbier, Rodan et Asiacus levèrent leurs charpentes de gladiateurs, et les rassirent de nouveau. Ils avaient sans doute jugé qu’ils trouveraient une meilleure occasion pour me taper dessus. Entendant des bruits significatifs provenir de la blanchisserie, j’en conclus que Lenia recevait son ordure de fiancé. Rome regorgeait de femmes qui ne pensaient qu’au meilleur moyen de tondre leurs hommes. Je ne pus m’empêcher de sourire, en me demandant si elle avait réussi à lui faire fixer le jour du mariage.
    Une porte s’ouvrit. Se découpant sur la lumière qui brillait derrière lui, je distinguai un gros tas informe surmonté de quelques rares cheveux : Smaractus !
    Mon loyer étant payé jusqu’en novembre, je ne voyais pas l’intérêt de
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