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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine
Autoren: Lindsey Davis
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t’es débrouillée toute seule, d’une façon ou d’une autre. Et après, l’importateur d’animaux sauvages. Là, il y a eu deux faiblesses dans le plan : Fronto ne t’avait jamais dit qu’il avait un neveu qui comptait bien hériter, et il te battait. Cerinthus acceptait que tu couches avec d’autres hommes, mais il ne supportait pas qu’on te brutalise. Il a donc choisi de supprimer Fronto d’une manière particulièrement horrible. Puis, Cerinthus est passé devant un exemple typique de la maçonnerie branlante de Novus. Et tu t’es retrouvée avec une sale réputation, un amant mort, de l’argent dont tu n’avais probablement même plus le goût… et un sentiment de vengeance.
    Sa peau avait pris la couleur jaune du papyrus, mais son esprit restait indomptable.
    — Personne ne peut t’empêcher de dire tout ce qui te passe par la tête, Falco.
    — Que veux-tu dire par là ? Que rien ne t’affecte ? Permets-moi d’en douter, Zotica. C’est la rage au cœur que tu t’es débrouillée à devenir intime avec Novus, mais quand je suis venu t’annoncer sa mort, la nuit du banquet, tu as marqué le coup. N’essaie pas de prétendre le contraire ! Je crois que la vérité t’est alors apparue, c’est-à-dire que la haine est un mobile creux. Novus était mort, mais ton amant aussi. Cerinthus ne saurait jamais que tu l’avais vengé. Cette fois, personne n’était à tes côtés pour partager ton triomphe. Tu étais seule. « Pourquoi fait-on tout ça ? » m’as-tu demandé à ce moment-là. Tuer Novus ne t’apportait pas la même satisfaction que quand tu établissais des projets d’avenir avec quelqu’un que tu aimais, n’est-ce pas, Zotica ? Je devine ce que tu as éprouvé en le perdant, et je connais tes sentiments aujourd’hui encore. Quand on a autant partagé avec une autre personne, elle devient une partie de nous pour toujours…
    Elle laissa échapper une petite exclamation pour protester. C’était trop tard. La pensée qu’elle éprouvait la même émotion que moi vis-à-vis d’Helena me donnait envie de vomir.
    — … Ce que je ne parviens pas à comprendre, c’est comment quelqu’un qui a subi une perte irréparable peut délibérément infliger la même expérience à une autre personne ! Toi, au moins, quand Cerinthus est mort, tu n’as pas été obligée de te tenir dans la rue à regarder le mur s’écrouler ! (Un frémissement parcourut son visage. Je ne voulais plus le voir.) Je sais que tu as tué Novus.
    — Peut-être, mais tu ignores comment.
    — J’ai quelques indices.
    — C’est loin d’être suffisant, Falco.
    — Je sais que tu as incité Priscillus à penser au poison, et peut-être aussi les femmes Hortensius.
    — Ils n’ont jamais eu besoin que je les pousse !
    — Je sais que tu as contrarié la timide tentative des femmes, et tu aurais probablement arrêté Priscillus aussi, mais tu as quitté la maison avant le repas. Les nerfs t’ont lâchée, hein ? Tu n’avais plus Cerinthus pour te soutenir. Mais pourquoi avoir rendu tous les autres suspects, pour finir par les innocenter ? Et pourquoi risquer de détruire tes alibis en m’engageant ? Sans doute parce que tu aimes jouer avec le danger. Tu as pris de grands risques, Zotica. J’ai démoli tes alibis, même si je manque de preuves pour te faire arrêter. Pourquoi n’as-tu pas laissé les autres aller jusqu’au bout de leur sinistre projet ? (Elle ne répondit rien.) Je sais pourquoi : tu haïssais Novus si profondément que tu tenais à l’achever toi-même !
    — Tu n’as pas de preuves, Falco !
    — Je n’ai pas de preuves, en effet, admis-je d’une voix calme. Mais je suis certain qu’il en existe, et je les trouverai. Tu t’es condamnée en t’en prenant à Helena aujourd’hui. Elle va bien, mais je ne te pardonnerai jamais. Je suis capable de me montrer aussi patient que tu l’as été avec Novus, et mon esprit peut être aussi tordu que le tien. Au premier faux pas, tu seras perdue.
    Prête à se lancer dans une nouvelle bataille, elle se leva.
    — Helena ne restera pas avec toi, Falco ! Elle a été élevée dans une maison confortable, et elle sait qu’elle peut trouver mieux que toi. Et, surtout, elle est trop intelligente !
    — Elle restera, affirmai-je, en lui jetant un regard paisible.
    — Fréquente plutôt les gens de ton milieu, Falco.
    — C’est bien ce que j’ai l’intention de faire. C’est pourquoi je te
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