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Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine
Autoren: Lindsey Davis
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laine et m’observait en montrant quelques signes de nervosité.
    — Je viens juste de quitter la maison des Hortensius. Et auparavant, j’étais allé voir Priscillus.
    — Que s’est-il passé ?
    Elle avait repris tout son aplomb et paraissait même s’amuser. Elle avait deviné que j’étais venu afin de mettre un point final à mon enquête. Rien ne pouvait l’exciter davantage. J’allais devoir trouver le moyen et l’occasion de la surprendre, sinon je n’arriverais à rien.
    — De mauvais acteurs qui débitent des mensonges ! Quoi qu’il en soit, je suis allé jusqu’au bout – pour toi… Seulement, ces femmes m’ont fait un peu trop boire. Je ne suis plus vraiment moi-même…
    Je me forçai à sourire en levant les bras au ciel.
    — … Je me sens avili, Zotica ! J’ai horreur qu’on joue avec moi de cette façon. Je déteste tout particulièrement qu’on me traite comme un bel objet d’art que n’importe quelle affranchie, possédant plus d’argent que de bon goût, peut s’offrir. (Je parvins à continuer dans le même registre.) J’aime qu’on m’apprécie pour ce que je suis. Au fil des années, j’ai pris deux ou trois coups dont je ne me remettrai jamais entièrement. En fait, ils m’ont pourtant aidé à me façonner une personnalité que savent apprécier les véritables connaisseurs…
    — Qu’est-ce qui t’arrive, Falco ? m’interrompit Severina en riant.
    — Rien. Je crois que tout va bien. Je suis même sûr que, sans l’ombre d’une preuve, je leur ai flanqué une sacrée frousse à tous.
    — Alors, raconte-moi !
    Je me lançai dans mon histoire en faisant semblant de compter sur mes doigts.
    —  Crepito et Felix savent que Priscillus les aurait empoisonnés de bon cœur. Alors le dangereux projet d’une association entre eux n’est plus à l’ordre du jour. Novus disparu, leur emprise sur le consortium Hortensius n’est plus aussi solide. Et je ne leur ai pas remonté le moral en leur annonçant qu’ils allaient faire l’objet d’une enquête sénatoriale. Je pense qu’ils vont s’empresser d’abandonner toutes leurs sales combines, afin de consacrer leurs vies à des travaux d’utilité publique… Quant à Priscillus, comme il s’imagine que les deux autres vont le dénoncer, il est parti faire une longue croisière. C’est une bonne nouvelle pour ses locataires. Avec un peu de chance, il pourrait même se noyer avant d’oser remettre les pieds à Rome.
    — Comment as-tu réussi à faire tout ça ?
    — Oh ! facile. De la persuasion et du charme. Pour ce qui est de Pollia et d’Atilia, elles sont terrifiées à l’idée que je pourrais les envoyer dans l’arène pour avoir essayé d’empoisonner Novus. En échange de mon silence, elles vont se consacrer au bien – sans changer de style, bien évidemment ! Je les ai persuadées de mettre leur énergie au service d’un établissement pour jeunes orphelines. Tu es orpheline, toi aussi, n’est-ce pas ? Je pourrais t’avoir une place, si tu le souhaites.
    — Combien t’ont-ils fait boire de vin ?
    — Pas assez. C’était un très bon cru !
    Severina éclata de rire. Je la regardai d’un air épanoui. Puis, brusquement, elle comprit que toute cette exaltation était factice, que j’étais on ne peut plus sobre.
    — Mon immeuble s’est écroulé aujourd’hui, dis-je. (Et il n’y avait plus aucune trace de sourire, ni sur mon visage ni dans mes yeux.) Mais je suppose que tu es au courant ?
    J’étais heureux de constater que le doute tenaillait de plus en plus la jeune femme.
    — Quelle ironie, tu ne trouves pas, Zotica, si je parvenais à te traîner devant un tribunal – non pour la mort de tes maris ou l’assassinat de Novus, mais pour avoir tué les gens qui sont morts aujourd’hui ! Une femme âgée que je n’ai jamais vue, mais que j’entendais taper sur les murs, et une famille dont j’ignorais jusqu’à l’existence.
    Nous restâmes assis tous les deux, immobiles.
    — Pourquoi ne poses-tu pas la question ? aboyai-je.
    Elle se força alors à prononcer les mots.
    — Est-ce que ton amie va bien ?
    — Qu’est-ce que ça peut te faire ?…
    Le danger de la situation dans laquelle elle se trouvait avait quelque peu affecté ses yeux bleus, mais ses pensées étaient enfouies trop profondément pour qu’elles la trahissent.
    — … Tu la connaissais, n’est-ce pas ? (C’était plus une affirmation qu’une question, et il y
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