Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Une veuve romaine

Une veuve romaine

Titel: Une veuve romaine
Autoren: Lindsey Davis
Vom Netzwerk:
suffisait à m’occuper. Je m’étais heureusement arrêté à une échoppe de gourmandises pour me renseigner, et j’étais un peu préparé à l’opulence de la villa de l’affranchi. Ses arbres en pot taillés en forme de griffons ailés, ses statues pâles de déesses aux larges fronts, ses pergolas labyrinthiques disparaissant sous les treilles et les rosiers, ses massives urnes d’albâtre débordant de fleurs délicates, ses pigeonniers, ses bassins regorgeant de poissons, ses sièges de marbre installés de façon à admirer les vastes pelouses soigneusement tondues étaient un véritable enchantement.
    Après être passé entre les sphinx de bronze montant la garde de chaque côté d’un vaste escalier de marbre, je pénétrai dans un immense hall d’entrée aux massifs piliers noirs. Une fois là, je martelai du talon de ma botte une mosaïque au dessin géométrique gris et noir, jusqu’à l’apparition d’un domestique fatigué. Il s’enquit de mon nom, puis me conduisit jusqu’à une élégante cour intérieure où l’affranchi Hortensius avait récemment fait dresser une statue de lui-même. On l’avait représenté vêtu de sa plus belle toge, l’air important, un parchemin à la main. Je ne pus m’empêcher de penser que c’était exactement ce qui manquait sur mon palier, à la résidence Falco : moi, en marbre de Carrare, l’air important et content du sort que le monde me réservait. Je notai mentalement de passer commande – un jour.
    Finalement, je me retrouvai dans une salle de réception. Seul. En traversant la maison, j’avais pu apercevoir des lampes, et des torches entièrement consumées. Une odeur de guirlandes de fleurs fanées flottait dans les couloirs et, de temps à autre, quand une porte s’ouvrait, j’entendais des bruits de vaisselle qu’on lavait. On m’apporta un message de Sabina Pollia me demandant d’attendre. La dame n’était probablement pas encore levée. Je décidai sur-le-champ de ne pas accepter sa proposition, si je découvrais qu’elle n’était qu’une poule de luxe dont l’occupation principale était de donner des fêtes.
     
    Au bout d’un long moment, comme j’en avais assez de rester planté là, je décidai d’explorer la maison et suivis un corridor au hasard. Partout pendaient des rideaux teints de couleurs flamboyantes et légèrement froissés. Les meubles étaient raffinés, mais paraissaient avoir été entassés dans les pièces à la va-vite. Quant au décor, il présentait un mélange étonnant : des plafonds de stuc blanc délicat couronnaient des fresques d’un érotisme grossier. Un peu comme si les propriétaires avaient acheté ce qu’on leur proposait sans se référer à un plan d’ensemble et, surtout, sans faire preuve d’aucun goût. Le seul point commun entre la décoration de cette villa et l’art véritable, c’est qu’elle avait dû coûter cher.
    J’étais occupé à estimer une œuvre de Phidias : Vénus ajustant sa sandale, qui m’avait tout l’air d’un original, à la différence de la plupart des Phidias que l’on voit dans Rome, quand une porte s’ouvrit à la volée et qu’une voix de femme cria :
    — Ah ! J’ai enfin fini par vous trouver !
    Je me retournai avec un sentiment de culpabilité, mais en voyant à quoi elle ressemblait, j’en oubliai de m’excuser.
    Elle était ravissante. Elle avait dit adieu à ses 40 ans, mais si jamais elle se rendait au théâtre, elle devait attirer l’attention davantage que la pièce. Ses yeux marron, qui semblaient sur le point de fondre, étaient soulignés de khôl. Mais, même sans maquillage, ces yeux-là étaient capables de blesser mortellement un homme au système nerveux aussi fragile que le mien. Ils étaient enchâssés dans un visage approchant de la perfection, et ce visage surmontait un corps qui faisait ressembler la Vénus de Phidias à une vendeuse d’œufs restée sur ses pieds toute la journée. L’apparition était parfaitement consciente de l’effet qu’elle produisait. Je restai paralysé sur place, tout baigné de sueur.
    Comme j’avais demandé Sabina Pollia, je présumai qu’il s’agissait bien d’elle. Elle était suivie de deux garçons musclés, en livrée bleu vif, qui se précipitèrent vers moi.
    — Rappelle tes chiens de garde ! ordonnai-je. J’ai une invitation de la maîtresse de maison.
    — Tu es le détective ?
    La façon directe dont elle s’exprimait suggérait qu’elle pouvait
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher