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Un vent d'acier

Un vent d'acier

Titel: Un vent d'acier
Autoren: Robert Margerit
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Robespierre, à neuf membres. Parmi ceux-ci figuraient toujours Barère, Claude, Saint-Just, Couthon, Hérault-Séchelles, avec des nouveaux comme Jean Bon Saint-André, Thuriot ci-devant de la Rozières, Gasparin, mais plus Danton.
    Détrôné, le grand Danton ! En un tournemain. Son nom n’avait même pas été proposé aux suffrages. Il payait là son indolence, la mollesse avec laquelle il menait les affaires depuis son remariage. Ces dernières semaines, tout le monde criait contre lui. Marat, dans ses feuilles, appelait le comité Danton « Comité de désastre public ». Dans le Journal de la Montagne, on avait pu lire un article sévère, non signé, mais qui sentait l’encre de Maximilien et prenait à partie les Dantonistes et les modérés du pavillon de l’Égalité. Claude lui-même, selon sa menace, les accusait, aux Jacobins, sur leur mauvais choix des généraux, surtout de Custine en train d’accumuler sottise sur sottise, à l’armée du Nord. Au demeurant, toute la politique dantoniste visant à détacher de la coalition la Prusse ou l’Angleterre, voire les deux, inconsistante et chimérique, s’effondrait. Aux tentatives de négociations, Pitt répondait qu’il n’existait en France aucun pouvoir stable. Catherine de Russie avait interdit l’entrée de ses États aux marchandises françaises jusqu’à ce que l’autorité légitime fût rétablie. Le général espagnol Ricardos adressait au peuple français un manifeste contre la tyrannie d’une « assemblée illégale, usurpatrice et effrénée ». Enfin, une flotte anglaise menaçait Toulon. Pour achever Danton, son ami Westermann – son complice, murmuraient certains – venait d’essuyer une défaite en Vendée.
    Delacroix, Delmas, Guyton-Morveau n’avaient pas été réélus non plus. Cambon s’était retiré pour se consacrer entièrement aux finances.
    Le 13 juillet au soir, alors que, de poste en poste, les courriers galopaient vers Paris pour annoncer le succès de Vernon, Claude, après avoir soupé chez lui, s’en fut comme d’ordinaire au Comité, un peu après huit heures. On étouffait sur le Carrousel imprégné de soleil pendant tout le jour ; le pavé, les façades regorgeaient leur chaleur. Claude salua de la main les sentinelles qui lui présentaient les armes, passa sous le porche défendu par un canon, et gravit les quinze marches de l’escalier de la Reine. Tournant à gauche, il allait pousser la porte de l’antisalle, quand il s’arrêta, étonné de voir trois hommes accourir dans le long couloir sombre venant du pavillon de l’Horloge. De plus près, il reconnut Legendre, Drouet, Chabot. Qu’advenait-il donc pour qu’ils s’empressassent de la sorte ? Il fit quelques pas au-devant d’eux. « Marat vient d’être assassiné ! lui lança Legendre.
    — Quoi !
    — Tu as bien entendu, dit Chabot. Notre pauvre ami a été poignardé tout à l’heure par un monstre femelle, chez lui, dans sa baignoire. Hanriot est venu l’annoncer à la Convention. Personne n’y pouvait croire.
    — Nous y allons, ajouta le gros Legendre en s’épongeant. Viens-tu ? »
    Claude restait frappé de stupeur. Il acquiesça puis, se ressaisissant, dit qu’il fallait mettre les autres au courant. « Descendez, je vous rejoins. Demandez une voiture. » Il entra vivement dans le salon blanc et or, jeta la stupéfiante nouvelle à Couthon, Barère et Saint-André, seuls autour de la vaste table ovale à tapis vert. En sortant, il chargea un huissier d’aller avertir Lise. À ce moment, survint un officier de gendarmes envoyé par les administrateurs de police pour aviser le Comité. Ils avaient également prévenu le Conseil de la Commune et le Comité de Sûreté générale.
    Le crime était commis depuis trois quarts d’heure à peine, et déjà une foule s’amassait dans la rue des Cordeliers. Le fiacre qui avait amené la meurtrière demeurait encore là, les gens questionnaient avidement le cocher. La curiosité ne manquait pas, mais le sentiment dominant restait la stupeur. Les voisins recommençaient sans cesse pour de nouveaux venus le récit de ce qu’ils savaient.
    Alertés par des hurlements de femmes, ils avaient vu la citoyenne Aubin, la portière du numéro 20, plieuse des journaux de Marat, s’élancer dans la rue en criant. C’est par elle que l’on avait appris l’assassinat et que l’assassin était une femme, une jeune fille, une aristocrate. Pendant que la borgnesse à
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