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Un long chemin vers la liberte

Un long chemin vers la liberte

Titel: Un long chemin vers la liberte
Autoren: Nelson Mandela
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comme une phrase codée signifiant le droit de veto de la minorité recherché par le gouvernement. Mais dans ce contexte cela signifiait seulement que le Parti national participerait à tout gouvernement issu du suffrage populaire, à condition qu’il obtienne assez de voix.
    Après de longues discussions, je soutins la proposition de Joe, qui fut acceptée par le NEC le 18 novembre. Le NEC soutenait le principe du partage du pouvoir à la condition que la minorité n’ait pas un droit de veto. En décembre, nous commençâmes une nouvelle série de discussions secrètes avec le gouvernement. Elles eurent lieu pendant cinq jours, dans un pavillon de chasse du bush. Les pourparlers se révélèrent fondamentaux car ils construisirent sur les fondations définies dans le protocole d’accord. Dans ces rencontres du bush, nous nous mîmes d’accord sur le principe d’un gouvernement d’unité nationale, pour une période de cinq ans, dans lequel tous les partis ayant obtenu plus de 5   % aux élections seraient représentés proportionnellement. Au bout de cinq ans, le gouvernement d’unité nationale deviendrait un simple gouvernement majoritaire. En février, l’ANC et le gouvernement annoncèrent un accord de principe sur un gouvernement d’union nationale de cinq ans multiparti et la création d’un conseil de direction de transition. Les élections auraient lieu début 1993.
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    J ’ ai toujours pensé qu ’ un homme devait habiter à un endroit d ’ où il peut voir sa maison natale. Après avoir été libéré de prison, j ’ ai envisagé de me faire construire une maison à Qunu. Elle a été terminée en automne 1993. Le plan reprenait celui de la maison dans laquelle j ’ avais vécu à Victor Verster. Les gens posaient souvent des questions à ce sujet, mais la réponse était simple   : c ’ était la première maison spacieuse et confortable dans laquelle j ’ avais habité et je l ’ aimais beaucoup. J ’ en connaissais les dimensions   : ainsi, à Qunu, la nuit, je n ’ aurais pas à errer à la recherche de la cuisine.
    En avril, j’étais dans ma maison du Transkei, pour de courtes vacances. Le matin du 10 avril, je venais de sortir pour saluer quelques membres de l’équipe de rugby de la police du Transkei quand ma gouvernante est venue me dire qu’on m’appelait au téléphone. Elle pleurait. Je me suis excusé auprès des jeunes gens et un camarade m’a appris que Chris Hani, le secrétaire général du Parti communiste sud-africain, ancien chef d’état-major de MK, un des personnages les plus populaires de l’ANC, avait été abattu à bout portant devant chez lui à Boksburg, près de Johannesburg, une banlieue ouvrière blanche dans laquelle Chris cherchait à s’intégrer.
    La mort de Chris a été un choc à la fois pour moi personnellement et pour le mouvement. C’était un soldat et un patriote pour qui aucune tâche n’était secondaire   ; un héros parmi les jeunes d’Afrique du Sud   ; un homme qui parlait leur langue et qu’ils écoutaient. Si quelqu’un pouvait mobiliser une jeunesse rebelle derrière la solution de la négociation, c’était Chris. L’Afrique du Sud avait perdu un de ses meilleurs fils.
    Le pays était fragile. On avait peur que la mort d’Hani ne déclenche une guerre raciale, les jeunes décidant que leur héros devait devenir un martyr pour qui ils allaient sacrifier leur vie. Je suis allé en hélicoptère présenter mes respects au père de Chris, âgé de quatre-vingt-deux ans, à Sabalele, ville minuscule et poussiéreuse dans le district de Cofimvaba, dans le Transkei, un endroit que je connaissais bien parce que c’était la région d’origine de la famille Matanzima. En arrivant dans ce village sans eau courante ni électricité, je me suis émerveillé qu’un endroit aussi pauvre ait pu produire un homme comme Chris Hani, qui avait soulevé toute une nation par sa passion et ses compétences. L’intérêt qu’il portait aux pauvres de la campagne lui venait de son enfance à Sabalele, car il n’avait pas perdu ses racines profondes. Le père de Chris me parla de sa peine devant la perte de son fils, mais aussi de sa satisfaction de savoir qu’il était mort dans la lutte.
    A mon retour à Johannesburg, j’ai appris que la police avait arrêté un membre de l’organisation d’extrême droite Afrikaner Weerstands-beweging (AWB), un immigré polonais capturé après qu’une courageuse Afrikaner eut
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