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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable
Autoren: Juliette Benzoni
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tomba dans les bras de d’Epréménil qui se précipitait pour le recevoir tandis que Batz, après un bref salut, remettait tranquillement son épée au fourreau.
    — Êtes-vous mort, Monsieur ? demanda-t-il aimablement. Ou bien souhaitez-vous que nous poursuivions ?
    — C’est impossible… à mon grand regret ! J’en réchapperai, cependant, soyez-en sûr… et nous nous retrouverons !
    — Rien ne pourra me faire plus plaisir et je suis tout à votre service. Puis-je cependant vous conseiller, à l’avenir, de veiller sur votre langue ?
    — Allez au diable !
    — Certainement pas ! J’aurais trop peur de vous y retrouver. Venez, chevalier, ajouta-t-il en passant son bras sous celui de Gilles. En nous pressant un peu nous pourrons entendre la fin de cet air délicieux…
    La fin de la soirée se passa sans autre incident. La Dugazon remporta un tel triomphe que la cabale si soigneusement préparée se vit étouffée dès qu’elle tenta de se manifester. En quittant le théâtre, Jean de Batz remercia encore Gilles de son assistance et l’invita à souper chez lui, rue Cassette.
    Copieusement arrosé, le souper fut des plus gais. Les deux jeunes gens, tout en faisant honneur à la cuisine du traiteur voisin, firent plus ample connaissance. Ils se découvrirent nombre d’idées communes et, enchantés l’un de l’autre, se portèrent tant de toasts qu’ils finirent la soirée royalement ivres.
    Ce fut le début d’une solide amitié qui se tissa d’autant plus vite que, quelques jours après avoir présenté le chevalier de Tournemine à la Reine, Fersen quittait Paris pour rejoindre son maître, le roi Gustave IV de Suède, qui réclamait sa compagnie pour un voyage à travers l’Europe. Afin d’éviter à son nouvel ami de rester à l’hôtel d’York, assez onéreux pour sa bourse légère, Batz lui offrit de partager à la fois son logis de la rue Cassette… et les jolies créatures qui venaient l’y visiter.
    Tous deux, en effet, aimaient les femmes et en usaient avec l’appétit de leur âge sans d’ailleurs y attacher beaucoup plus d’importance qu’à un bon déjeuner. Le cœur de Gilles, entièrement occupé par l’image de Judith l’absente, était bien à l’abri des surprises ; mais son corps vigoureux, habité par un tempérament ardent, ne lui permettait guère les longues abstinences. Batz lui ressemblait et bientôt tous deux furent inséparables.
     
    Les tours de La Hunaudaye n’étaient plus qu’une masse noire vaguement profilée sur un ciel à peine moins sombre. Pourtant, le chevalier ne parvenait pas à s’en éloigner.
    Il fallait s’y résoudre, cependant, à regret et avec l’impression d’arracher un petit morceau de sa propre chair. Avec un soupir, il faisait volter Merlin quand le grincement d’une lourde porte vint s’ajouter aux bruits de la forêt nocturne.
    Balancée au bout d’un bras, une lanterne apparut sur le pont-levis, éclairant le bas du corps d’un homme vêtu comme un paysan et chaussé de sabots à demi recouverts par des guêtres à boutons.
    Gilles considéra un moment l’apparition puis, lançant brusquement son cheval :
    — Suivez-moi ! s’écria-t-il.
    Les trois cavaliers dévalèrent vers le château. Un bref galop arrêté au ras des planches du pont. L’homme, surpris, leva sa lanterne, révélant, sous l’ombre d’un chapeau rond, un jeune visage verni de bonne santé et encadré de cheveux raides, couleur de paille mûre.
    — Qui va là ? demanda-t-il, employant le vieux langage celte sans paraître autrement effrayé par l’apparition de ces cavaliers inconnus.
    — Nous sommes des voyageurs égarés, répondit le chevalier dans la même langue. Nous avons aperçu votre lanterne. Le maître de ce château accepterait peut-être de nous loger pour cette nuit ?…
    Le jeune homme sourit, salua avec cette politesse innée des paysans bretons.
    — Le maître ne vient guère ici, mon gentilhomme. Mais mon grand-père, Joel Gauthier, intendant de ce château, sera heureux et fier de vous offrir l’hospitalité si vous voulez bien faire cet honneur à sa modeste maison, car le logis seigneurial n’est plus en état depuis bien longtemps.
    — Qu’importe ! Nous sommes des soldats : une simple paillade suffira. Merci de votre accueil.
    Ce ne fut pas sans émotion que Tournemine franchit la profonde voûte ronde, large de plus de deux mètres et timbrée d’armes cernées d’une cordelière qui
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