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Un collier pour le diable

Un collier pour le diable

Titel: Un collier pour le diable
Autoren: Juliette Benzoni
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semblait frappé d’extase, suivit son regard jusqu’à la loge royale et s’immobilisa enfin, lui aussi saisi d’admiration. La Reine venait d’entrer.
    Pour qui voyait Marie-Antoinette pour la première fois, son apparition causait toujours un certain choc. Il existait sans doute des femmes plus belles, il n’en existait pas de plus rayonnante. Elle avait tant de grâce et tant d’éclat, tant de majesté naturelle aussi que l’on ne remarquait même pas sa lèvre inférieure un peu épaisse et le fait que ses yeux, d’un joli bleu doux, étaient légèrement globuleux.
    Ce soir-là, elle portait une immense robe de satin de Chine d’un blanc crémeux brodé de légères feuilles d’or. Ses beaux cheveux blonds, coiffés très haut et légèrement poudrés, supportaient un chapeau de feuilles d’or d’où fusait un bouquet d’aigrettes. Elle n’avait que très peu de bijoux : des bracelets de perles à ses poignets et, au creux de son corsage, un seul diamant, mais splendide, étincelait : le fabuleux Sancy. Le comte d’Artois tout de blanc vêtu lui aussi et la duchesse de Polignac l’accompagnaient.
    Le parterre s’inclina d’un seul mouvement, présentant un étonnant damier de dos de toutes couleurs ponctués de perruques blanches tandis que, dans les loges, la révérence des dames abaissait brusquement le niveau des montagnes neigeuses derrière les rampes de velours rouge. La Reine sourit, salua et s’assit tandis que le parterre éclatait en une longue ovation qui s’adressait peut-être davantage à la beauté de la femme qu’à la dignité de la souveraine.
    C’est alors que le chevalier de Tournemine remarqua l’homme qui occupait sa gauche et qui faisait preuve d’un enthousiasme réjouissant. Irréprochablement vêtu de satin gris tourterelle, il poussait de retentissants « vivats » d’une voix éclatante, ensoleillée d’accent gascon et plutôt disproportionnée avec sa taille qui était moyenne. À lui tout seul, le gentilhomme gris tourterelle faisait plus de bruit que le reste du parterre.
    Cette ardeur ne fut pas du goût de son voisin de gauche, un élégant de grande taille et d’une trentaine d’années qui portait avec assurance un fort beau costume de velours incarnat et un admirable profil romain malheureusement gâté par un air de fatuité assez insupportable.
    Tapant sur l’épaule de l’enthousiaste, le gentilhomme incarnat l’apostropha.
    — Holà, mon petit monsieur, moins de bruit, s’il vous plaît ! En voilà un tapage !
    L’autre sursauta comme si une vipère l’avait mordu.
    — Tapage ? Comment l’entendez-vous ?
    — Comme je le dis ! Je trouve que vous faites beaucoup de bruit pour… pas grand-chose !
    — Je regrette que ce bruit vous déplaise, mais il s’adresse à la Reine !
    — C’est bien ce que je dis : pour pas grand-chose !
    Le teint bronzé du gentilhomme tourterelle prit une curieuse teinte olivâtre.
    — Ou bien vous êtes fou, Monsieur, ou bien vous êtes le dernier des goujats. Choisissez ! Mais choisissez vite !
    — Ni l’un ni l’autre ! Une reine qui traîne les mauvais lieux et qui s’offre des amants…
    Il n’eut pas le temps d’en articuler davantage. Vif comme l’éclair, le Gascon s’était emparé du chapeau qu’il tenait sous son bras et le lui avait enfoncé sur la tête avec tant de vigueur que le fond se déchira tandis que tout le haut du visage de l’insulteur disparaissait.
    La scène s’était déroulée très rapidement pendant le temps des acclamations et n’avait attiré que très peu l’attention : tout le monde regardait la Reine. Ainsi Fersen, qui semblait en adoration, n’avait rien vu mais Gilles n’en avait rien perdu. Et quand, écumant de fureur, le gentilhomme incarnat réussit à se débarrasser du couvre-chef qui lui avait, en passant, endommagé le nez, il se pencha vers son voisin.
    — Si vous souhaitez un second, Monsieur, je vous suis tout acquis.
    Le regard étincelant du Gascon l’évalua.
    — Ma foi, Monsieur, je ne dis pas non ! Dans cette foule il n’est guère facile d’en appeler à ses amis et le spectacle va commencer.
    L’insulteur de la Reine semblant n’avoir éprouvé, à cet égard, aucune difficulté, les quatre hommes quittèrent leurs places au moment précis où toute la salle se rasseyait et où l’orchestre attaquait le prélude.
    — Où vas-tu ? demanda Fersen, surpris.
    — Je reviens. Ce gentilhomme a besoin
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