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Traité du Gouvernement civil

Traité du Gouvernement civil

Titel: Traité du Gouvernement civil
Autoren: John LOCKE
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quitter ce Monde, pénétré de reconnais­sance pour toutes les grâces que Dieu lui avait faites, dont il prenait plaisir à faire l'énumération à ses amis, plein d'une sincère résignation à sa volonté, et d'une ferme es­pé­rance en ses promesses, fondée sur la parole de Jésus-Christ envoyé dans le Monde pour mettre en lumière la vie et l'immortalité par son Évangile.
    Enfin les forces lui manquèrent à tel point que le vingt-sixième d'octobre (1704), deux jours avant sa mort, l'étant allé voir dans son cabinet, je le trouvai à genoux, mais dans l'impuissance de se relever seul.
    Le lendemain, quoiqu'il ne fût pas plus mal, il voulut rester dans le lit. Il eut tout ce jour-là plus de peine à respirer que jamais, et vers les cinq heures du soir il lui prit une sueur accompagnée d'une extrême faiblesse qui fit craindre pour sa vie. Il crut lui-même qu'il n'était pas loin de son dernier moment. Alors il recommanda qu'on se souvint de lui dans la prière du soir : là-dessus Madame Masham lui dit que s'il le voulait, toute la Famille viendrait prier Dieu dans sa chambre. Il répondit qu'il en serait fort aise si cela ne donnait pas trop d'embarras. On s'y rendit donc, et on pria en particulier pour lui. Après cela il donna quelques ordres avec une grande tranquillité d'esprit ; et l'occasion s'étant présentée de parler de la Bonté de Dieu, il exalta surtout l'amour que Dieu a témoigné aux hommes en les justifiant par la foi en Jésus-Christ. Il le remercia en particulier de ce qu'il l'avait appelé à la connaissance de ce divin Sauveur. Il exhorta tous ceux qui se trouvaient auprès de lui de lire avec soin l'Écri­ture Sainte, et de s'attacher sincèrement à la pratique de tous leurs devoirs, ajoutant expressément, que par ce moyen ils seraient plus heureux dans ce Monde, et qu'ils s'assureraient la possession d'une éternelle félicité dans l'autre. Il passa toute la nuit sans dormir. Le lendemain il se fit porter dans son cabinet, car il n'avait plus la force de se soutenir; et là sur un fauteuil et dans une espèce d'assoupissement, quoi­que maître de ses pensées, comme il paraissait par ce qu'il disait de temps en temps, il rendit l'esprit vers les trois heures après midi le 28 d'octobre, vieux style.
    Je vous prie, Monsieur, ne prenez pas ce que je viens de vous dire du caractère de M. Locke pour un portrait achevé. Ce n'est qu'un faible crayon de quelques-unes de ses excellentes qualités. J'apprends qu'on en verra bientôt une peinture faite de main de Maître. C'est là que je vous renvoie. Bien des traits m'ont échappé, j'en suis sûr; mais j'ose dire que ceux que je viens de vous tracer, ne sont point embellis par de fausses couleurs, mais tirés fidèlement sur l'Original.
    Je ne dois pas oublier une particularité du Testament de M. Locke, dont il est important que la République des Lettres soit informée; c'est qu'il y découvre quels sont les ouvrages qu'il avait publiés sans y mettre son nom. Et voici à quelle occasion. Quelque temps avant sa mort, le Docteur Hudson, qui est chargé du soin de la Bibliothèque Bodléienne à Oxford, l'avait prié de lui envoyer tous les ouvrages qu'il avait donnés au public, tant ceux où son nom paraissait, que ceux où il ne paraissait pas, pour qu'ils fussent tous placés dans cette fameuse Bibliothèque. M. Locke ne lui envoya que les premiers, mais dans son Testament, il déclare qu'il est résolu de satisfaire pleinement le docteur Hudson; et pour cet effet, il lègue à la Bibliothèque Bodléienne, un exemplaire du reste de ses ouvrages où il n'avait pas mis son nom, savoir une  [1] Lettre Latine sur la Tolérance, imprimée à Tergou, et traduite quelque temps après en anglais à l'insu de M. Locke; deux autres Lettres sur le même sujet, destinées à repousser des objections faites contre la première, le Christianisme Rai­sonnable  [2] , avec deux défenses  [3] de ce Livre; et deux Traités sur le gouvernement civil  [4] . Voilà tous les Ouvrages anonymes, dont M. Locke se reconnaît l'Auteur.
    Au reste, je ne vous marque point à quel âge il est mort, parce que je ne le sais point. Je lui ai ouï dire plusieurs fois qu'il avait oublié l'année de sa naissance, mais qu'il croyait l'avoir écrit quelque part. On n'a pu le trouver encore parmi ses papiers, mais on s'imagine avoir des preuves qu'il a vécu environ soixante et seize ans.
    Quoique le sois depuis quelque temps à Londres, ville
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