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Toute l’histoire du monde

Titel: Toute l’histoire du monde
Autoren: Jean-Claude Barreau , Guillaume Bigot
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Soviets avaient inauguré avec la révolution d’Octobre.
    En Europe occidentale, on s’en réjouissait.
    À l’Ouest, les États étaient engagés, depuis le traité de Rome de 1957, dans la construction d’une Union européenne, d’abord appelée CEE (Communauté économique européenne) et dotée de plusieurs institutions : la Commission, qui siège à Bruxelles, gère les fonds communs et adopte directives et règlements qui s’imposent à tous ; le Conseil des ministres, créé en 1974, véritable pouvoir de décision, qui rassemble les chefs d’État et de gouvernement ; et le Parlement de Strasbourg, élu au suffrage universel depuis 1979.
    De Gaulle, une fois au pouvoir, ne s’y était pas opposé. De fait, faire coopérer les États européens entre eux est une bonne idée. Aujourd’hui, l’Europe presque entière fait partie de l’UE. Mais il y a deux manières de concevoir l’Union : celle, pragmatique, de la coopération des nations ; et celle, idéologique, des « euro-péistes », proche de l’utopie. Car c’est une utopie de négliger l’existence historique des États-nations. L’Europe ne saurait se construire sur le modèle des États-Unis, qui forment (en fait) une seule nation.
    La richesse de l’Europe est d’avoir fait naître plusieurs grandes civilisations communicantes et universelles : l’anglaise, la française, l’allemande, l’italienne, l’espagnole, la portugaise, etc. De ce point de vue, la civilisation russe (Tolstoï, Dostoïevski) est indiscutablement européenne ; alors que celle de la Turquie, historiquement ottomane, ne l’est pas.
    Le défi européen : faire travailler ensemble ces réalités forgées par les siècles. Airbus, Ariane, etc. montrent ce dont les Européens sont capables quand ils coopèrent. L’idéologie, au contraire, veut ignorer l’histoire (quand les européistes s’y réfèrent, ils évoquent l’évanescent empire carolingien – patronage révélateur !).
    De fait, l’Europe élargie est d’abord une zone économique. Mais cette utopie a des inconvénients. Les utopies en ont toujours. (À ce sujet, il importe de distinguer les « grands projets », réalistes, des « utopies ».) La démocratie, pour fonctionner, suppose une « communauté d’affection ». Ces communautés affectives, construites au cours des âges, existent en France, en Angleterre. L’« Europe » n’en est pas une. Les élections du Parlement européen sont vécues à travers les prismes nationaux. Cependant, la plupart des lois et règlements qui régissent aujourd’hui la vie des citoyens sont, sans qu’ils en aient vraiment conscience, concoctés par les « apparatchiks » de Bruxelles, et en anglais.
    L’Europe n’a rien à gagner à devenir une sous-Amérique bureaucratique. D’ailleurs, ce déni de réalité a, de fait, transformé l’Union en simple zone de libre-échange.
    Il y a pire : en diffusant un discours a-national (en fait, antinational), les européistes – parfois issus de mai 68, comme Cohn-Bendit – favorisent la naissance de micro-nationalismes destructeurs. L’utopie d’une « Europe des régions » dans laquelle (la France ayant disparu), sous la bienveillante autorité de Bruxelles (en fait, des États-Unis), une Bretagne indépendante dialoguerait avec une Corse et une Catalogne également indépendantes, cette utopie-là serait destructrice.
    En Yougoslavie, après la mort du maréchal Tito en 1980, les institutions fédérales, disqualifiées par la mode, se délitèrent : Serbes et Croates, séparés à Sarajevo par la frontière millénaire qui distingue, depuis Théodose, l’Orient de l’Occident, étaient unis seulement depuis 1918. Mais il n’était pas écrit que l’existence de la Yougoslavie dût se limiter au xx c siècle. L’idée impériale avait vécu ; l’idée communiste aussi, mais celle d’une fédération des Slaves du Sud (qui parlent la même langue, même s’ils utilisent des alphabets différents) n’était pas absurde. D’ailleurs, beaucoup de jeunes gens, souvent issus de mariages mixtes, se sentent « yougoslaves ».
    En juin 1991, Slovènes et Croates proclamèrent l’indépendance de leurs républiques. La Bosnie et la Macédoine firent de même quelques mois après. Les Serbes, répandus dans tout le pays, ne l’admirent pas. Ce fut la guerre. Brève en Slovénie, elle fut acharnée entre Serbie et Croatie. Les Croates, battus, acceptèrent un armistice
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