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Toulouse-Lautrec en rit encore

Toulouse-Lautrec en rit encore

Titel: Toulouse-Lautrec en rit encore
Autoren: Jean-Pierre Alaux
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Toulouse-Lautrec a fait plusieurs dessins avant de terminer la toile où l’on voit le jeune homme, l’air absorbé, en train de tailler un bout de bois entre ses jambes écartées.
    — Comment et par où sont passés nos monte-en-l’air ? demanda Séraphin, prenant la pleine mesure de l’importance des toiles dérobées.
    — Suivez-moi ! indiqua Dorléac qui ne cessait de s’éponger le front.
    Les deux hommes quittèrent la salle, descendirent quelques marches et se retrouvèrent face à une fenêtre en verre dépoli dont un des carreaux avait été fracassé.
    D’un geste sec, Séraphin ouvrit les deux battants de la fenêtre et jeta un œil dans le vide. Une échelle en fer à crémaillère demeurait l’unique pièce à conviction du fric-frac.
    — Comment est-ce Dieu possible ? s’emporta Cantarel. Il a suffi que des individus s’introduisent nuitamment dans les jardins du palais, adossent une échelle, cassent un carreau pour pénétrer dans le musée et dérober deux toiles capitales ! L’accès au jardin n’est-il pas protégé la nuit ? N’y a-t-il pas de ronde ?
    — Bien sûr que si, monsieur le conservateur !
    — Et cette échelle ? Elle n’est pas venue ici toute seule ?
    — Il s’avère que…
    — Que ?
    — C’est celle du jardinier en charge de l’entretien du palais. Un employé de la mairie dont je me porte garant.
    — Ne vous justifiez pas, Dorléac ! Avouez que ce musée a su trouver sa place dans une ancienne forteresse, mais on peut, sans forcer et sans grand génie, y entrer comme dans un moulin !
    — L’échelle était cadenassée dans la cabane que vous voyez là-bas. Les voleurs ont, semble-t-il, sectionné la chaîne…
    — Classique ! marmonna Séraphin. Et l’alarme, monsieur Dorléac ? Pouvez-vous me dire pourquoi le système de protection ne s’est pas déclenché ?
    — Je l’ignore, monsieur Cantarel.
    Une voix s’interposa entre les deux hommes.
    — L’alarme ne pouvait pas se déclencher, elle était débranchée !
    Séraphin Cantarel se retourna et découvrit un personnage taillé comme un chêne avec d’épaisses lunettes rectangulaires posées sur l’arête du nez. L’individu n’avait rien de sympathique, même si un épais sourire entaillait sa bouille de boucher-charcutier.
    — Commissaire Coustot. Fernand Coustot de la PJ de Toulouse.
    — Bonjour, commissaire ! répliqua Cantarel, prêt à offrir une poignée de main enthousiaste au policier de la Ville rose. Je me présente…
    — Inutile, monsieur Cantarel, je connais vos états de service. C’est vous l’expert, l’homme de l’art, n’est-ce pas ?
    — Ne comptez pas sur moi pour en rougir ! Dites-moi, commissaire, vous êtes en train de m’expliquer que le système d’alarme a été neutralisé par les cambrioleurs ?
    — Pas du tout. Il n’était tout simplement pas enclenché.
    — Comment justifier un tel manquement, monsieur Dorléac ? demanda Séraphin.
    — Je ne me l’explique pas. C’est le concierge qui, à la fermeture du musée, le met en marche. Le veilleur de nuit doit, dans ses attributions, s’assurer que les détecteurs sont en service.
    — Avez-vous interrogé, commissaire, le veilleur en question ?
    — Il est introuvable. Personne ne répond à son domicile, objecta Coustot.
    — Je présume que vous le connaissez bien, monsieur Dorléac ? questionna Cantarel.
    — Oui, c’est un homme sans histoire, un vieux célibataire, plutôt érudit, dont la seule infirmité est sa surdité.
    — Avouez que ce handicap est plutôt rédhibitoire pour un gardien de nuit, ironisa Séraphin.
    — Sa surdité n’est pas totale, tempéra Dorléac. Vous n’êtes pas sans savoir, monsieur Cantarel, que les gardiens de musée, comme naguère les gardiens de phare, sont recrutés, depuis les dispositions prises au lendemain de la guerre de 14-18, parmi les impotents de la Nation. À une époque, les culs-de-jatte peuplaient bien les phares de pleine mer !
    — Ce n’est pas faux ! acquiesça Séraphin.
    Le commissaire Coustot assistait à l’échange sans moufter.
    — Toujours est-il que son témoignage sera précieux, poursuivit Cantarel qui tentait d’appréhender le trajet des voleurs depuis la fenêtre jusqu’à la salle d’exposition où les toiles avaient été décrochées. À quelle heure prend-il son service ?
    — Ce soir, à 22 heures ! répliqua Dorléac qui ne semblait que moyennement
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