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Toulouse-Lautrec en rit encore

Toulouse-Lautrec en rit encore

Titel: Toulouse-Lautrec en rit encore
Autoren: Jean-Pierre Alaux
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candélabres qui restaient allumés, paraît-il, jour et nuit.
    — Comme tout cela est curieux ! répétait, incrédule, le conservateur du musée des Monuments français.
    — Votre épouse et Cécile Dorléac avaient raison : ce vol avait quelque chose d’irrationnel, de terriblement passionnel.
    — Et l’assassinat de Dupuy ? insista alors Séraphin.
    — La responsabilité en incombe directement à Montana qui avait demandé à ses hommes, trois frères gitans qui prêtaient régulièrement main-forte à l’antiquaire, de le liquider. Le montant de la transaction entre Montana et Lapèze était bien trop conséquent et la commission allait de pair. Et puis « Dupuy était très fragile psychologiquement. Un jour ou l’autre, il aurait vendu la mèche », a fini par avouer Montana.
    — Bravo, commissaire ! Voilà du beau travail. C’est Dorléac qui va enfin gagner en sérénité !
     
    Par un jeu de miroirs, Coustot aperçut Théo à la terrasse du Pontié , serrant par la taille la fille du conservateur d’Albi qui riait aux éclats.
    — Je pense très sincèrement, Séraphin, que votre jeune collaborateur Théo a bien mérité de partager avec nous cette bouteille de champagne.
    De concert, les deux hommes invitèrent à leur table le couple d’amoureux qui ne se fit pas prier.
    La mine réjouie, l’esprit enfin léger, tous quatre portèrent un toast à ce diable de Toulouse-Lautrec qui, du ciel, devait rire comme un bossu de ce pied de nez à l’Histoire.
    Délicatement, Séraphin Cantarel trempa alors ses lèvres dans le frais breuvage.
    — Dieu, que c’est bon ! s’enthousiasma-t-il.
    — C’est quand même meilleur que leur gaillac mousseux ! s’esclaffa Cécile Dorléac qui, en matière de vins clairs, avait meilleur palais que son père.

Épilogue
    Ce 15 juin 1975, Jean Dorléac avait recouvré sa verve et son panache des beaux jours. Que, la veille, les Verts de Saint-Étienne eussent gagné la Coupe de France (2 à 0 face à Lens), et remporté par là même leur quatrième doublé Coupe-championnat, lui importait assez peu. Non, M. le conservateur était tout à son bonheur dans ses habits d’homme de l’art. Les trois tableaux de Toulouse-Lautrec avaient retrouvé leur place, le nouveau système d’alarme était prétendument infaillible et le génie, tout en nuances et en couleurs, de Claude Monet venait prendre ses quartiers d’été à Albi.
    Pour la circonstance, le secrétaire d’État à la Culture avait fait le déplacement sur les berges du Tarn, entraînant dans son sillage son efficace collaborateur en charge des Musées de France, accompagné bien sûr de sa ravissante épouse. Séraphin Cantarel ne cachait pas sa satisfaction devant la quarantaine de toiles qui égayaient les cimaises du palais de la Berbie.
    Parmi les très nombreux invités, on reconnaissait Emmanuel Bondeville, secrétaire perpétuel de l’Académie des beaux-arts, Jacques Carlu, membre de l’Institut mais surtout conservateur du musée Marmottan, et le Tout-Albi, flûte de gaillac mousseux à la main, qui n’en finissait pas de s’extasier devant l’éclectisme des œuvres du peintre impressionniste.
    Parmi cette foule endimanchée, Théo reconnut nombre de silhouettes qu’il avait croisées quand Albi ne frémissait plus qu’au rythme de l’invraisemblable affaire Lautrec. Cécile ne le quittait pas des yeux et, entre les petits-fours et les discours, alimentait le verre de son hidalgo en… champagne.
    Un soleil franc – de ceux que n’aimait pas Monet ! – inondait les toits d’Albi au point que Sainte-Cécile en rougissait de plaisir. Dans la loge du concierge, Gérard Dorval avait installé celle qui allait devenir sa femme. Théo serait le témoin de leur mariage. Décidément, l’ancien amant de Dupuy s’était rangé pour de bon. Lazaret le poltron, Pizzolini le Corse et tous les autres gardiens du musée étaient également de la fête et blaguaient entre eux. Il se murmurait que la nouvelle secrétaire de Dorléac pourrait bien être la nièce de l’adjoint au maire de la ville, « une fille sans histoires » qui s’ennuyait au service des archives municipales…
    Quand Hélène Cantarel, s’approchant de Théo, le pria d’avoir la bonté d’aller lui chercher un verre d’eau, l’insolent Trélissac lui fit remarquer :
    — Voyons, Hélène, de l’eau au pays du gaillac ! Vous savez ce que faisait Toulouse-Lautrec quand il invitait des
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