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Suite italienne

Suite italienne

Titel: Suite italienne
Autoren: Juliette Benzoni
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originaire de Mantoue comme elle et qui était un vieil ami. Ledit Canale fut d’ailleurs pourvu, lui aussi, d’une confortable sinécure et devint « solliciteur de bulles papales ». Il n’y a pas de sots métiers…
    Enlevés donc à leur mère, Juan, César, Lucrèce et Joffré furent confiés à une cousine de Borgia qui était aussi sa confidente. Noble dame d’ailleurs, et femme aimable, Adriana Mila, qui avait épousé un Orsini et habitait un palais sur le Monte Giordano, fut véritablement pour les enfants une seconde mère, car elle les aima sincèrement.
    En fait, ils étaient charmants. Juan, l’aîné, était le plus beau, mais le charme de César, mystérieux, secret, était peut-être plus redoutable. En outre, le cadet jouissait d’une intelligence dont son frère aîné ne possédait pas le quart : c’était seulement un superbe garçon aimant les beaux vêtements, les belles armes, la joie, les jeux et plus tard, les filles.
    Tout cela, César l’aimait aussi, mais très tôt, il avait pris conscience du destin que lui réservait son père : l’Église, à son instar, et il prenait grand soin, très jeune encore, de dissimuler ses appétits profonds pour ne manifester qu’un goût prononcé pour l’étude. Et, s’il acceptait le train de prince que lui offrait son père, c’était avec une sorte de dédain, comme une chose sans importance et toute naturelle.
    Mais le plus ardent de l’amour de Borgia allait à sa fille. Lucrèce, blonde, fragile, d’une rayonnante beauté, était le charme, la grâce et la douceur mêmes et Rodrigue se plaisait à la regarder grandir comme une fleur précieuse dans l’élégant décor de la maison d’Adriana.
    Elle y reçut l’éducation raffinée des princesses de l’époque. On lui apprit la musique, le dessin, la peinture, la poésie, l’art de bien s’exprimer, l’éloquence même, puis le latin, le grec et toutes les splendeurs de l’antiquité classique. Elle sut danser, chanter, jouer de divers instruments, faire des vers, broder et tenir une maison.
    Pour son éducation religieuse qui devait être, elle aussi, sans défaut, Borgia lui fit faire quelques séjours au couvent des dominicaines de San Sisto, sur la Voie Appienne, pour lequel elle garda toujours une prédilection. Et peu à peu, l’enfant s’épanouissait, se formait, devenait une créature précieuse qui faisait fondre de tendresse le rude cœur de son père quand elle levait sur lui ses grands yeux, d’un gris azuré si doux, et lui souriait. Celui-ci espérait qu’elle serait la douceur et la consolation d’une vieillesse qui tout de même commençait à approcher.
    En 1484 – le 12 août –, Sixte IV mourait dans une Rome révoltée qui se mit à chasser furieusement sa famille. Les Turcs avaient pris pied en Italie, à Otrante, dont le vieil archevêque avait été atrocement supplicié : on l’avait scié entre deux planches.
    L’horreur souleva les Romains. Qu’avait fait Sixte de l’argent de la croisade ? Il l’avait donné à ses neveux, à ce Girolamo Riario surtout, que l’on haïssait plus que les autres et qui dut s’enfuir tandis que sa femme, la belle Catherine Sforza, faisant courageusement face, allait s’enfermer dans le château Saint-Ange et en tournait les canons contre la ville révoltée.
    Rome fourmillait d’ailleurs de bandits, italiens, espagnols ou autres et, la police étant inexistante, les ambassadeurs étrangers eux-mêmes étaient attaqués voire tués dans les rues de la ville.
    Comptant sur son énergie, Borgia crut que son heure était venue. Il était le doyen du Sacré Collège, et en commençant les tractations habituelles, il espérait bien coiffer enfin la tiare. Lui seul était capable de ramener l’ordre pensait-il… mais, pour une fois, l’habile diplomate qu’il était commit une faute par trop de hâte : lâchant ses alliés habituels, les Colonna, il fit des offres aux Orsini et se retrouva perdant. Il dut négocier et trouva à qui parler en la personne du cardinal Giuliano de La Rovere {3} , le seul neveu de Sixte IV qui eût résisté à la tempête.
    La Rovere possédait autant d’énergie et de ruse que lui-même. Il y avait du condottiere dans cet homme d’Église et Borgia comprit qu’il aurait désormais comme interlocuteur quelqu’un d’aussi dur que lui-même.
    On finit par se mettre d’accord sur un pape de compromis, un Génois, le cardinal Cibo, qui était loin d’être jeune et
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