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Staline

Staline

Titel: Staline
Autoren: Marie,Jean-Jacques
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socialiste.
    Cette vision idyllique d’un Vissarion anonyme et sobre,
passant de l’ivrognerie et des coups de poing à l’action socialiste, est
entièrement imaginaire. À cette époque, le mouvement ouvrier géorgien est dans
les limbes, il n’existe encore ni syndicat, ni cercle social-démocrate, ni
grèves. Vissarion n’a donc pu vivre ce passage exemplaire de l’esprit
petit-bourgeois à la conscience prolétarienne. Un père idéal se substitue ici
au père réel dont Joseph utilise l’histoire, revue et corrigée, pour illustrer
l’aphorisme marxiste selon lequel l’existence détermine la conscience.
Vissarion n’a combattu l’abrutissement du travail en fabrique que par l’alcool.
Son existence a bien déterminé sa conscience, mais dans le sens inverse de ce
conte bleu.
    À 7 ans Joseph est frappé par la variole. Son visage en
restera toute sa vie criblé de trous. Et les photographies officielles auront
beau présenter un visage lisse, les stigmates de cette maladie lui vaudront le
pseudonyme de « Grêlé » dans la police. Jusqu’à l’âge de 9 ans,
il passe l’essentiel de son temps dans la rue avec les gamins du quartier, qui
ne parlent que le géorgien comme sa mère. Un jour, une calèche le renverse ;
on le ramène tout sanglant à la maison ; il se redresse sur son brancard
et murmure à sa mère affolée : « Ne t’inquiète pas, tout ira bien »,
avant de s’évanouir ; mais la blessure s’infecte et provoque un
empoisonnement du sang ; l’accident et l’infection déforment à jamais son
bras gauche déjà atrophié de naissance.
    Selon l’humeur des témoins, Sosso nous est présenté comme un
enfant gai ou grincheux, bon camarade ou petit chef hargneux. Hanna
Mochiachvili, qui se présente comme une amie de Kéké, prétend : « Sa
sinistre vie de famille avait endurci Sosso. C’était un enfant insolent,
grossier, et entêté. » Mais elle ajoute bizarrement : « Il était
pour nous comme notre propre fils… [34]  »
malgré tous ces défauts.
    La rue, avec ses jeux et ses bagarres, où il n’avait ni la
carrure ni le poing suffisants pour s’imposer comme chef, est sa première
école. Malingre, souffrant de la poitrine, il couve la tuberculose. Sur une
photographie des élèves du petit séminaire, il se détache au dernier rang de
ses condisciples, qui le dépassent d’une bonne tête, par sa petitesse et son
air chétif. Sa peur d’être rossé dans les rituelles bagarres de rues, en raison
de sa petite taille et de sa constitution fragile, le rend encore plus renfermé
et vindicatif.
    Lorsque viendra le temps de la légende, le gamin malingre se
transformera en champion toutes catégories. Un lointain camarade d’enfance le
décrit comme un nageur sans rival qui, dès l’âge de 6 ans, traversait la
Koura d’un trait, sans s’arrêter pour reprendre son souffle, réalisant ainsi l’exploit
de Mao Tsé-toung fendant, la soixantaine passée, les eaux du Yang-tsé, moins
rapide mais bien plus large que la Koura. Or, Staline ne savait pas nager et se
contentait de barboter dans l’eau ; il n’a d’ailleurs jamais pratiqué
aucun sport. Sa supériorité mythique s’affirme dans tous les domaines : « Au
ballon, dit l’un, il savait sélectionner les meilleurs joueurs de sorte que
notre équipe gagnait toujours » ; savoir choisir ses coéquipiers est
l’indice du futur chef. Un autre loue « sa voix douce et sonore »,
qui poussera la direction du petit séminaire à le recruter dans sa chorale et,
un jour de 1892, il ira même jusqu’à pousser un solo lors d’une messe en l’honneur
du tsar.
    Il grandit lentement et peu. Il ne dépassera pas 1,62 m
et en souffrira. Comme Louis XIV, il se fera fabriquer d’épaisses semelles
compensées et choisira, si possible, des collaborateurs courtauds.
    Il aime faire des blagues. Un jour, il grimpe sur le toit d’une
maison, jette par la cheminée une brique qui tombe dans le foyer et projette
des flammèches sur les occupants. Il n’éprouve pas plus de pitié que les petits
campagnards des environs pour les oiseaux, qu’il pourchasse à coups de pierres,
ou pour les autres animaux. D’aucuns voient là très abusivement le signe d’une
psychopathie paranoïaque, que sa seule cruauté à l’égard des animaux, banale à
cet âge, ne permet pourtant nullement d’identifier. Déceler chez le jeune
Staline les prémices du futur tyran est abusif. En fait, trop chétif pour
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