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Sir Nigel

Sir Nigel

Titel: Sir Nigel
Autoren: Arthur Conan Doyle
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pape et les prêtres, les savants et le roi y croyaient, alors
que, sur la terre entière, pas une seule voix ne s’élevait pour les
mettre en doute ?
    Chaque livre qu’on lisait, chaque gravure
qu’on voyait, chaque conte dit par la nourrice ou la maman, tout
enseignait la même leçon. Et lorsqu’un homme courait de par le
monde, sa foi ne faisait que s’affermir car, où qu’il se rendît, il
ne rencontrait que des chapelles élevées à des saints, chacune
d’elles contenant des reliques entourées d’une tradition
d’incessants miracles. À chaque tournant de la route, il se rendait
mieux compte de la minceur du voile qui le séparait des horribles
habitants du monde invisible.
    Ainsi donc, l’annonce brusque du moine timoré
parut plus terrible qu’incroyable à ceux à qui elle s’adressait. La
face rubiconde de l’abbé pâlit un moment, il est vrai, mais il
saisit le crucifix sur sa table et se leva brusquement.
    – Conduisez-moi à lui !
ordonna-t-il. Montrez-moi l’immonde créature qui ose porter la main
sur les frères de la vénérable maison de saint Bernard !
Courez auprès du chapelain, mon Frère ! Priez-le d’apporter
l’exorciste et la châsse avec les reliques… ainsi que les ossements
de saint Jacques qui se trouvent sous l’autel. En ajoutant à cela
un cœur humble et contrit, nous pourrons faire face à toutes les
puissances des ténèbres.
    Mais le procureur avait l’esprit plus
critique. Il saisit le bras du moine avec une telle force que
l’autre devait en garder cinq taches violacées pendant plusieurs
jours.
    – Est-ce une façon de pénétrer ainsi dans
la chambre de l’abbé sans frapper, sans une révérence, sans même un
Pax vobiscum ?
Vous aviez coutume d’être notre novice
le plus doux, d’un maintien humble au chapitre, dévot aux offices
et d’une stricte tenue dans le cloître. Allons, reprenez vos
esprits et répondez-moi ! Sous quelle forme le perfide démon
est-il apparu et comment a-t-il causé ce dommage à nos
frères ? L’avez-vous vu de vos propres yeux ou bien le
savez-vous par ouï-dire ? Allons, parlez ou je vous fais
comparaître sur l’heure au banc de pénitence devant le
chapitre.
    Ainsi sommé, le moine épouvanté se calma
quelque peu, mais ses lèvres exsangues, ses yeux écarquillés et son
souffle haletant trahissaient son trouble.
    – S’il vous plaît, Révérend Père, et
vous, Révérend Frère procureur, voici comment cela s’est
passé : James, le sous-prieur, frère John et moi étions dehors
depuis sexte à Hankley, coupant des fougères pour l’étable. Nous
nous en revenions par le champ de cinq virgates et le sous-prieur
nous contait une édifiante histoire de la vie de saint Grégoire,
lorsque nous entendîmes soudain un bruit semblable à celui d’un
torrent. Le démon bondit au-dessus du haut mur qui entoure la noue
et se précipita sur nous avec la vitesse du vent. Il jeta le frère
lai au sol et l’enfonça dans la fondrière. Puis, saisissant entre
ses dents le bon sous-prieur, il fit le tour du champ en le
secouant comme un paquet de vieux linge.
    » Étonné devant un tel prodige, je restai
paralysé et j’avais déjà récité un Credo et trois Avé quand le
diable lâcha le sous-prieur et bondit sur moi. Avec l’aide de saint
Bernard, j’escaladai le mur, mais non point avant que ses dents
eussent pu me saisir la jambe et déchirer tout le bas de ma
soutane.
    Tout en parlant, il se tournait, prouvant ses
dires en exhibant les lambeaux de son vêtement.
    – Mais sous quelle forme Satan vous
est-il apparu ? demanda l’abbé.
    – Comme un grand cheval jaune, Révérend
Père… un cheval monstrueux, avec des yeux de feu et des dents de
griffon.
    – Un cheval jaune ?
    Le procureur regarda le moine terrifié.
    – Mais, mon Frère, seriez-vous fou ?
Comment donc vous comporterez-vous lorsqu’il vous faudra faire face
au prince des ténèbres en personne, si vous vous laissez ainsi
impressionner par la vue d’un cheval jaune ? C’est le cheval
de Franklin Aylward, mon Révérend Père, que nous avons fait saisir
parce que son maître devait à l’abbaye cinquante shillings qu’il ne
pouvait payer. On prétend qu’on ne pourrait trouver pareil cheval
d’ici jusqu’aux écuries du roi à Windsor, car son père était un
destrier espagnol et sa mère une jument arabe de la race même que
Saladin conservait sous sa propre tente pour son usage personnel, à
ce qu’on raconte.
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