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Shogun

Shogun

Titel: Shogun
Autoren: James Clavell
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morts, que Tim et Watt aient été portés disparus et qu’un
pilote portugais ait aidé Drake à franchir le détroit de Magellan pour pénétrer
dans le Pacifique n’atténuait nullement sa haine ; que Drake ait fait
pendre un officier, qu’il ait excommunié le chapelain Fletcher et
n’ait pas réussi à découvrir ce passage Nord-Ouest ne ternissait pas l’éclat de l’admiration nationale. La reine prit la moitié du trésor et anoblit
Drake. Les nobles et les marchands qui avaient investi dans cette expédition
firent trois cents pour cent de bénéfice et supplièrent Drake de les laisser
commanditer la prochaine. Tous les marins voulaient naviguer avec lui, parce
qu’il amassait du butin, parce qu’il rentrait au port et qu’avec leur part du
gâteau, les quelques veinards qui s’en sortaient étaient riches à vie.
    Je m’en serais sorti, se dit Blackthorne. Oui, je m’en serais
sorti. Et ma part du trésor aurait été bien suffisante pour…
    « Rotz vooruiiiiit ! Récif droit
devant ! »
    Il ressentit d’abord le cri plus qu’il ne l’entendit. Le
hurlement déchirant, porté par le vent, lui parvint à nouveau.
    Il sortit de sa cabine, grimpa l’échelle de poupe et se
retrouva sur le gaillard d’arrière. Son cœur battait la chamade. Sa gorge était
desséchée. Il faisait nuit noire. Il pleuvait à torrents.
Un instant, il exulta en pensant que les seaux en toile, confectionnés
plusieurs semaines auparavant pour recueillir l’eau de pluie, allaient bientôt
déborder. Il tourna le dos au vent.
    Il vit que Hendrick était mort de peur. La vigie,
Maetsukker, tapie près de la proue, criait de façon incohérente et pointait
l’index vers l’avant. Alors, Blackthorne regarda lui aussi droit devant,
au-delà du bateau.
    Le récif se trouvait à peine à deux cents mètres – sombre
masse rocheuse semblable à des griffes, battue des flots. La frange écumante
des brisants encadrait le bateau ; le vent soulevait des gerbes d’embruns
et les projetait contre le rideau noir de la nuit. Une drisse de basse vergue
cassa net ; la vergue du petit perroquet fut emportée ; le mât
trembla dans son écoutillon, mais tint bon ; la mer entraînait le bateau
vers sa mort inéluctable.
    « Tout le monde sur le pont ! » cria
Blackthorne. Il sonna violemment la cloche.
    Le bruit sortit Hendrick de sa stupeur. « Nous sommes
perdus ! cria-t-il en hollandais. Ô Seigneur Dieu, viens-nous en
aide !
    — Rassemble l’équipage sur le tillac, peau
d’bouc ! Tu dormais ! Vous dormiez tous les
deux ! » Blackthorne le poussa vers l’échelle de poupe. Il ôta les
drosses de la barre, banda ses muscles et la fit virer à bâbord.
    Il employa toute sa force dès que le gouvernail fut en prise
dans cette mer déchaînée. Le bateau entier trembla. Sous la pression du vent,
la proue se mit à osciller à une vitesse vertigineuse. Ils reçurent bientôt la
lame et le vent par le travers. Les voiles de cape étaient gonflées et
tentaient vaillamment de supporter le poids du navire ; tous les cordages
gémissaient. La mer surplombait le bâtiment à l’arrière.
    Ils faisaient route parallèlement au récif, quand il vit
l’énorme vague. Il cria pour avertir les hommes venant du poste des équipages
et se cramponna.
    La lame déferla. Le bateau donna de la bande ; Blackthorne crut que le navire allait s’engloutir, mais il se redressa,
sortit du creux de la vague et s’ébroua comme un chien. L’eau s’écoulait
en cascade par les dalots.
    Il constata que le cadavre du bosco qui avait été amené sur
le pont pour l’immersion du lendemain avait disparu et que la vague suivante,
plus violente que la précédente, commençait à déferler. Elle saisit Hendrick au
passage, le souleva et le projeta par-dessus la lisse ; il se débattait et
haletait. Un autre paquet de mer balaya le pont en grondant. Blackthorne passa
son bras entre les rayons de la barre pour se retenir. L’eau roula sur lui.
Hendrick était à cinquante mètres par bâbord. La vague le ramena
près du bateau, puis une lame gigantesque le projeta au-dessus du navire
où elle le tint pendant un moment, puis elle l’emporta et le fracassa sur une
crête rocheuse.
    Le bateau piqua du nez en essayant de se frayer un chemin.
Une autre drisse cassa. Poulies et palans se mirent à osciller, incontrôlables,
et s’emmêlèrent dans le gréement.
    Vinck et un autre marin se hissèrent sur la plage arrière et
vinrent
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