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Shogun

Shogun

Titel: Shogun Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: James Clavell
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puisque le pilote était
seul maître en mer ; c’est lui qui décidait de la route à prendre, lui qui
dirigeait le bateau, lui qui le conduisait de port en port.
    Chaque voyage était une entreprise périlleuse, car les
cartes marines existantes, très vagues, étaient inutiles. Il n’y avait de plus
aucun moyen de déterminer la longitude.
    Son vieux professeur, Alban Caradoc, lui avait dit :
« Trouve un moyen de déterminer la longitude et tu seras l’homme le plus
riche de la terre ; si tu résous l’énigme, notre reine, que Dieu la
bénisse, te donnera dix mille livres et un duché en récompense. Ces coquins de
Portugais t’en donneront beaucoup plus : un galion rempli d’or – et ces
scélérats d’Espagnols t’en offriront vingt ! Tu es toujours perdu loin des
côtes, mon gaillard. » Caradoc s’était tu ; il avait hoché la tête
tristement en le regardant comme d’habitude. » Tu es perdu, mon gaillard.
À moins de…
    « À moins d’avoir un carnet ! » avait
joyeusement crié Blackthorne, sachant qu’il avait bien appris sa leçon. Il
avait treize ans à l’époque et ça faisait un an qu’il
était en apprentissage chez Alban Caradoc, pilote et charpentier. Al ban avait remplacé le père qu’il avait perdu ; il ne
l’avait jamais battu, mais lui avait appris, ainsi qu’aux autres garçons, les
ficelles de la construction navale et la vie secrète de la mer.
    Le carnet était un petit livre contenant en détail les
observations d’un pilote qui s’était déjà trouvé là : points
relevés au compas entre ports et caps, promontoires ou détroits. Sondes,
profondeurs, couleurs de l’eau et nature du sol marin. Comment on arrivait
là et comment on en revenait : combien de jours à courir sur une
bordée ; nature du vent ; quand il soufflait ; d’où il
soufflait ; origines et directions des courants ; époque des tempêtes
ou des vents favorables ; où caréner le bateau ; où jeter
l’ancre ; où trouver des amis ; où trouver des ennemis ;
bas-fonds, récifs, marées, ports ; au mieux, absolument tout ce qui
était nécessaire pour un voyage sûr.
    Les Anglais, les Hollandais et les Français tenaient des
journaux de bord, mais ceux-ci ne concernaient que leurs eaux territoriales.
Celles du reste du monde n’avaient été reconnues que par des capitaines
portugais et espagnols. Les carnets qui révélaient les passages vers le Nouveau
Monde ou dévoilaient les mystères du détroit de Magellan ou du cap de
Bonne-Espérance – deux découvertes portugaises –, et donc la route de l’Asie,
étaient jalousement conservés comme des trésors nationaux, et convoités avec la
même avidité par les ennemis anglais et hollandais.
    Mais un carnet n’avait que la valeur du pilote qui l’avait
tenu, du scribe qui l’avait recopié, de celui, plus rare, qui l’avait imprimé,
ou du lettré qui l’avait traduit. Un carnet pouvait aussi renfermer des erreurs
– volontaires parfois –, un pilote ne pouvait jamais en être sûr avant de
s’y être rendu lui-même. Au moins une fois.
    Le pilote était seul maître en mer, seul guide et arbitre
ultime entre bateau et équipage. Il commandait seul, du gaillard d’arrière.
    C’est un vin capiteux, se dit Blackthorne. Une fois qu’on y
a goûté, on ne peut l’oublier. On en redemande encore et toujours .
C’est l’une des choses qui vous aident à survivre quand les autres
meurent.
    Il se leva et se soulagea dans le dalot. Près du kiosque, le
sable avait fini de s’écouler dans le sablier. Il le retourna et sonna la
cloche.
    « Tu es sûr que tu ne vas pas t’endormir,
Hendrick ?
    —  Non, je pense pas.
    —  Je vais faire envoyer quelqu’un
pour relever la vigie. Veille à ce qu’elle se tienne dans le vent, pas à
l’abri. Ça la fouettera et la tiendra éveillée. » Il se demanda un instant
s’il n’allait pas venir au lof et mettre pour la nuit le bateau à la cape, mais
il n’en fit rien. Il ouvrit l’écoutille du gaillard d’avant et descendit au
poste des équipages. Celui-ci couvrait la largeur du bateau. Il y avait des
couchettes et des hamacs pour cent vingt hommes. La chaleur l’encercla et il en
fut heureux, car ça lui permettait d’ignorer la puanteur qui montait des cales.
Les quelque vingt hommes présents ne bougèrent pas.
    « Sur le pont, Maetsukker », dit-il en
néerlandais, langue qu’il parlait couramment ainsi que le portugais, l’espagnol
et le

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