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Services Spéciaux - Algérie 1955-1957

Services Spéciaux - Algérie 1955-1957

Titel: Services Spéciaux - Algérie 1955-1957
Autoren: Paul Aussaresses
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arrêtée le 9 avril 1957 et convaincue d’avoir participé à de nombreux attentats, fût soustraite au processus normal d’action répressive. En clair, elle redoutait que Djemila Bouhired ne fût envoyée à la villa des Tourelles. Car beaucoup de gens savaient, et Suzanne Massu mieux que personne, qu’aucun terroriste qui entrait là-bas n’avait aucune mansuétude à espérer de ma part, quels que soient son sexe, son origine ou sa religion. La jeune femme fut confiée au capitaine Jean Graziani, l’adjoint de Le Mire au 2 e bureau, que Suzanne Massu tenait pour gentil garçon.
    Djemila Bouhired eut beaucoup de chance car je n’aurais pas hésité une seconde à l’exécuter 77 .
    Graziani était loin d’être un tendre, mais il joua le jeu et s’occupa de sa prisonnière avec une grande courtoisie. Prévenant, il allait lui acheter des vêtements, l’emmenait dîner à la popote de la division sous les regards incrédules des autres officiers.
    Grâce à l’intervention de Suzanne Massu, les femmes du FLN furent presque systématiquement livrées à la justice régulière. C’est ainsi qu’à la fin de la bataille d’Alger, alors que j’avais déjà regagné mon unité, j’ai appris qu’une femme médecin avait été arrêtée dans un maquis le jour même où l’un de nos officiers avait été sauvagement assassiné. Massu avait pris la peine d’envoyer un hélicoptère pour évacuer la prisonnière.
    Pour moi, ce n’était pas le moment de mollir. Il fallait au contraire en finir et neutraliser les soutiens dont le FLN pouvait bénéficier à partir de la France. Ensuite, je m’occuperais du PCA.
    Je me voulais d’autant plus énergique que je commençais à envisager le terme de cette mission. Dans mon esprit, tout devait être fini pour moi avant l’été. J’en touchai d’ailleurs deux mots à Massu. Il ne voyait pas d’inconvénient à mon départ, à condition que je me sois trouvé un remplaçant. Ce n’était pas simple car tout le monde savait que ma mission était très difficile. Le moins que l’on puisse dire, c’est que je ne faisais pas de jaloux. Si l’on avait battu le tambour dans les régiments pour me chercher un successeur, je suis sûr qu’on n’en aurait pas trouvé. C’est donc le plus discrètement du monde que je me mis en campagne pour solliciter quelques camarades. Tous refusèrent.
    Nous étions au mois de mai 1957. Je passais beaucoup de temps à la préparation minutieuse des actions que j’entendais mener dans l’Hexagone. Nous en discutions avec Trinquier.
    J’avais monté dans les moindres détails une opération visant à liquider Ben Bella et ses camarades du CCE 78 . Ben Bella serait, sans nul doute, appelé à jouer un rôle décisif si te FLN obtenait gain de cause. Son élimination aurait entraîné des luttes intestines terribles. Mon analyse rejoignait celle du gouvernement, et en particulier de Max Lejeune, Bourgés-Maunoury 79 et Lacoste.
    Après leur arrestation, en octobre 1956. Ben Bella et ses compagnons avaient été emmenés en France. Pour des raisons de sécurité, Mitterrand ne les avait pas gardés dans la prison où ils étaient censés se trouver. Dans le plus grand secret, il les avait fait mettre à l’écart, en province, dans un lieu sûr et sous bonne garde.
    J’avais obtenu toutes les informations utiles sur les conditions de détention du leader FLN et de ses amis, qui, sans être luxueuses, n’étaient pas désagréables.
    J’avais pu ainsi reconstituer le plan de la maison où ils se trouvaient. Il fallait juste que Massu accepte de déléguer cinq ou six de mes hommes à la garde de Ben Bella pendant une semaine, ce que je me faisais fort d’obtenir. Je ne doutais pas de pouvoir le convaincre. Pour le reste, il n’aurait à s’occuper de rien. J’avais opté pour un accident dû au gaz. La déflagration soufflerait les bâtiments et nous disparaîtrions. Pour cette opération, je serais intervenu moi-même, avec l’aide, bien entendu, des équipes que j’avais formées. J’avais monté ce plan en considérant que la bataille d’Alger était terminée. J’avais tout le temps de m’absenter quelques jours.
    Je voulais d’autre part porter un coup définitif au FLN en m’en prenant à ses circuits financiers, donc à ses porteurs de valises. J’avais des interlocuteurs officieux à Paris et mes équipes d’Alger étaient prêtes à agir avec moi dans la clandestinité.
    L’argent, comme on sait,
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