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Services Spéciaux - Algérie 1955-1957

Services Spéciaux - Algérie 1955-1957

Titel: Services Spéciaux - Algérie 1955-1957
Autoren: Paul Aussaresses
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dernières instructions à mes hommes lorsque le commissaire Filiberti, le numéro deux de la sûreté urbaine, arriva, flanqué de deux gardiens.
    —  Capitaine, il faudrait absolument que vous me prêtiez vos gars et votre Dodge.
    —  Et pour quoi faire ?
    —  Eh bien, voilà : j’ai deux de mes gardiens qui doivent aller faire une arrestation à la Carrière romaine.
    La Carrière romaine se trouvait à deux kilomètres au sud de Philippeville, tout près de l’endroit où stationnait le deuxième bataillon du 18 e RCP.
    —  Je regrette, commissaire, c’est impossible.
    —  Mais pourquoi ?
    —  Vous me demandez pourquoi ! Alors que les fels risquent d’attaquer Philippeville dans moins d’une heure !
    —  Mais on n’en a pas pour une heure, je vous assure.
    —  Filiberti, ce n’est pas le moment d’aller grenouiller là-bas pour leur mettre la puce à l’oreille et se faire tuer en plus.
    —  Mais il y en a pour deux minutes. Vous ne pouvez pas me refuser ça !
    J’ai fait venir Issolah et Misiry.
    —  Accompagnez ces messieurs à la Carrière romaine, vous cravatez les types et vous revenez à toute allure. Bien entendu, interdiction de vous laisser accrocher !
    Une demi-heure plus tard, Filiberti revint, l’oreille basse.
    —  Mauvaise nouvelle. J’ai été appelé par les CRS qui sont au poste sud de Philippeville. Nos types sont accrochés par au moins cinq cents fels.
    _ Et merde ! Je savais bien que c’était une connerie d’aller là-bas. Pas question d’envoyer une section.
    —  Alors qu’est-ce qu’on fait ?
    —  C’est vous qui les avez mis dans ce pétrin. Débrouillez-vous !
    Filiberti a couru jusqu’à sa voiture. Il est revenu en brandissant le 24-29 31 qu’il avait apporté du bureau et qu’il ne quittait plus.
    —  Je vais les chercher !
    —  De mieux en mieux, lui ai-je dit. On a déjà quatre type foutus. Si on y ajoute un commissaire, on commence bien la journée !
    Filiberti est parti quand même. En arrivant, lui et ses hommes virent Issolah, Misiry et les deux autres qui se défendaient comme des diables contre une nuée de fellaghas accompagnés de femmes qui poussaient des youyous. Filiberti sortit de la voiture et se mit à les arroser au FM.
    À une centaine de mètres, un camion était arrêté et dégageait une forte odeur de pétrole. Il transportait des cocktails molotov destinés à l’attaque de Philippeville. Issolah, profitant de l’arrivée du commissaire et de ses hommes, s’approcha pour lancer une grenade et le camion explosa.
    Ils réussirent à se replier. Quand ils revinrent, il était à peu près 11 h 30.
    —  Alors, ça commence quand votre truc ? Me demanda Prosper, goguenard.
    —  C’est commencé, mon colonel, et je crois même qu’il serait temps d’appeler le 18/2 parce que sinon, nous allons déguster.
    On fit prévenir le bataillon Thomas de se porter du côté de la Carrière romaine. Les rebelles avaient perdu du temps à cause de cet accrochage. Ils avaient des morts et ils prenaient la peine de ramasser leurs blessés. Le bataillon Thomas n’avait que quatre kilomètres à parcourir pour les intercepter. Quatre kilomètres au pas de course, ce n’était rien pour des paras bien entraînés. Le 18/2 arriva et tira dans le tas sans faire de détail. Les youyous ne les impressionnèrent pas. Tous ceux qui se trouvaient en face furent tués. Malheureusement, il y avait des femmes et des enfants que les fellaghas avaient entraînés avec eux.
    À midi, dans le centre de Philippeville, les coups de feu commencèrent à se faire entendre de tous les côtés. Les rebelles, des gens de la campagne sommairement armés, étaient encadrés par des hommes du FLN, mieux équipés. C’était impressionnant parce qu’ils avançaient au pas dans les rues, comme à la parade. Philippeville comptait plus de vingt mille habitants. Même si beaucoup d’entre eux étaient à la plage, l’affaire pouvait très mal tourner.
    De manière simultanée, les commandos, tapis dans les caves depuis deux ou trois jours, passèrent à l’action. La demi-brigade riposta immédiatement. Notre PC, où je me trouvais, fût mitraillé par des particuliers surgis d’un bistrot-hôtel qui était en face, à côté de celui où j’avais mes habitudes. Ils donnèrent l’assaut en hurlant.
    J’en ai vite eu assez de ce vacarme et je suis sorti avec quelques-uns de mes hommes. Les assaillants, étonnés de nous voir
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