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Services Spéciaux - Algérie 1955-1957

Services Spéciaux - Algérie 1955-1957

Titel: Services Spéciaux - Algérie 1955-1957
Autoren: Paul Aussaresses
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passe rien le 20 août, j’aurai l’air de quoi ? Non, mais vous croyez que je vais prendre un risque pareil ?
    —  Mais, mon colonel, hurlai-je soudain, puisque je vous dis qu’il se passera quelque chose ! Alors, maintenant vous signez, bordel de Dieu !
    Dans mon emportement, j’avais utilisé le juron favori du Grand. C’est peut être ça qui réussit à convaincre Prosper. En tout cas, il sauta sur son stylo et parapha mon rapport sans dire un mot.
    Le jeudi 18 août, je fus informé que les commandos FLN commençaient à prendre position dans les caves de la ville. Il n’était évidemment pas question d’intervenir : cela aurait prouvé que nous avions des informations. Supporter pendant deux jours l’idée qu’il y avait tout près de nous des centaines d’hommes prêts à tuer était assez pesant. D’autant que nous n’étions pas très nombreux. Le lendemain, je fis les comptes : notre 1 er bataillon était revenu d’opérations et les stagiaires de l’école de saut fourniraient l’appoint. Cela faisait à peu près quatre cents hommes au total, et de la bonne troupe. Mais quatre cents contre plusieurs milliers, c’était tout de même un peu juste.
    Prosper, pour l’occasion, m’avait donné un adjoint : le lieutenant Soutiras, un saint-cyrien. Il était officier de transmissions, mais il avait horreur de ça et ne se privait pas de le dire. Son père, officier d’activé, avait été tué au combat par les Allemands durant la campagne de France.
    Le colonel rassembla ses officiers le 19 août. Il ne voulait pas me désavouer mais je sentais qu’il ne croyait pas un mot de mes prévisions. Il lut aux autres le rapport, puis s’adressa à moi :
    —  Demain samedi, je dois remettre dans la matinée les brevets de fin de stage à l’école de saut. Ensuite il y a une réunion au club des moniteurs. D’après vous, est-ce que je dois y aller ou pas ?
    —  Vous pouvez y aller. Surtout ne changez rien à votre programme : ils se méfieraient.
    —  Qu’est-ce que vous conseillez ?
    —  Rien de particulier. Service normal. Mais à midi moins cinq tout le monde devra être à son poste, le doigt sur la détente.
    —  Très bien. Messieurs, passez les consignes : si l’attaque se produit comme prévu à midi, vous faites ouvrir le feu sans économiser les munitions. Faites tirer à la mitrailleuse par bandes entières. Moi, j’appellerai des renforts. Quand l’attaque frontale sera stoppée, vous vous occuperez des commandos dans les caves. Et pas de cadeaux !
    Le samedi 20 août 1955, pour me détendre, je décidai d’aller sauter. Il fallait que je le fasse de très bonne heure car le vent se levait en même temps que le soleil et il soufflait vers la mer. Or la zone de saut était sur la côte.
    Je me suis réveillé à 3 heures du matin. Après avoir sauté, je suis revenu au lever du jour à la demi-brigade. En face, il y avait un bistrot tenu par le gendre du maire de Philippeville. À 8 heures, j’ai traversé tranquillement la rue pour aller me faire servir un petit déjeuner copieux avec du café fort, des œufs frits et du vin. Je savais bien que les types des commandos qui m’épiaient depuis les caves devaient crever d’envie de me tirer dessus.
    La chaleur commençait à devenir accablante.
    Un des commissaires est passé :
    —  Alors, vous êtes prêt, capitaine ?
    —  Pour l’instant, comme vous voyez, je déjeune. On ne se bat pas bien à jeun.
    —  Un taxi vient de me dire que sa voiture venait d’être réquisitionnée par le FLN.
    Un autre type est entré dans le bistrot. Il disait qu’il n’y avait plus un seul taxi à la station. Nous avons tout de suite pensé aux taxis de la Marne.
    Le colonel Mayer s’entendait bien avec Paul Ducournau, un saint-cyrien de sa promotion qui commandait le 18 e RCP de Saint-Charles. Ducournau lui avait dit que rien n’était prévu dans son secteur. Si l’attaque se produisait, il avait promis de voler à notre secours. Son deuxième bataillon était posté à six kilomètres au sud de Philippeville. La radio et le téléphone étaient écoutés par le FLN. Un signal avait été néanmoins convenu pour prévenir le capitaine Thomas qui commandait ce deuxième bataillon.
    —  Georges, ne te fais pas de bile, avait assuré Ducournau. Si les fels se pointent, tu n’as qu’à sonner et Thomas rappliquera avec le 18/2 pour leur taper dans le cul.
    Il était presque midi. Je donnais les
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