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Serge Fiori : s'enlever du chemin

Serge Fiori : s'enlever du chemin

Titel: Serge Fiori : s'enlever du chemin
Autoren: Louise Thériault
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me sens jamais
seul en l’écoutant. J’ai l’impression de faire partie de la
chanson, d’y être invité. De faire partie de la gang . De faire
partie de ces gens qui ont quelque chose à raconter.
     
    Luc Picard

 
     
     
    PROLOGUE
     
     
     
    Année 1976. Comme de très nombreuses adolescentes de mon âge, j’étais rapidement devenue une fan finie
d’Harmonium. À l’époque, j’avais à peine treize ans, mais
déjà, je fredonnais toutes les chansons du groupe, que
je connaissais par cœur. Pochettes de disques en main,
j’avais appris toutes les paroles en rêvant à ce beau brun
aux cheveux longs et au regard angélique, qui emplissait
mes oreilles de sa voix, et mon cœur d’espoir. Assise au salon du bungalow familial, écouteurs sur la tête, j’imaginais
et j’enviais la femme qui devait se trouver à ses côtés.
    Lorsque mon frère, de neuf ans mon aîné, m’a proposé,
en 1978, de l’accompagner au Centre sportif de l’Université de Montréal pour assister à l’heptade en concert, j’ai
cru que mon cœur s’arrêterait de battre. Après avoir supplié ma mère de me permettre de vivre cette première expérience de concert, je suis partie à Montréal avec mon
frère et ma copine Christine. Cette soirée, jamais je n’allais
l’oublier. Assise dans les premières rangées du théâtre, je
n’ai rien perdu du spectacle   : chaque note, chaque intonation, chaque mouvement se sont gravés en moi de manière
indélébile. Le regard rivé sur Serge Fiori, j’ai chanté, dansé
et jubilé toute la soirée.
    Pétard à la main, nous avons terminé notre mémorable
concert en fredonnant Ça fait du bien , une pièce que Fiori
nous avait gracieusement offerte en fin de spectacle avec
Richard Séguin.
    Je me souviens d’avoir été impressionnée de voir autant
de gens chanter et danser des heures durant, déambulant
dans le cimetière du mont Royal, longtemps après le spectacle, le cœur rempli de gratitude, comme le mien l’était.
    J’étais loin d’imaginer qu’un jour, je partagerais le quotidien de mon idole. Et encore plus loin de moi l’idée
qu’éventuellement, j’écrirais son portrait. Mais plus important encore   : je n’aurais jamais pu croire que cet homme deviendrait un ami si précieux.
    Lorsque, plus de dix ans plus tard, en 1989, je me suis relevée d’une période noire et que j’ai entrepris une démarche de thérapie, c’est au son de la musique de l’heptade que j’ai réussi à traverser cette période de souffrance profonde dans laquelle j’étais certaine de m’enfoncer à jamais.
J’avais vingt-six ans à l’époque. Je m’étais enlisée dans la
dépendance et je me consacrais à devenir sobre. Assistée
par mes amis et ma famille, je peinais à me remettre des
conséquences nombreuses que ma consommation avait
engendrées. Endettée jusqu’au cou, sans boulot, j’habitais
un minable logement où je n’avais, pour toutes possessions, qu’un matelas, l’ancienne chaîne stéréo familiale,
quelques ustensiles et mon album de l’heptade.
    Le soir, prise de panique devant la nuit et la solitude, je
mettais mon 33 tours sur le tourne-disque et c’est au son
de la chanson Comme un sage, dernière pièce de l’album,
que je trouvais refuge dans le sommeil. Je me souviens que
mon ami Bob Beauchamp, anciennement directeur de
CKVL et CKOI, venait parfois me border. Il savait que ma
thérapie du soir, c’était la musique d’Harmonium. Il mettait mon «   long jeu   », et je m’endormais doucement au son
de la voix de Serge Fiori, qui m’invitait à monter dans les
nuages.

    La vie, qui fait parfois bien les choses, a voulu que presque vingt ans plus tard, nous devenions des amoureux,
Serge Fiori et moi, puis des amis. Le lien de confiance entre
nous est à la base de ce portrait biographique. Durant les
deux années qui ont précédé la parution de cet ouvrage,
nous nous sommes rencontrés, Serge et moi, durant de
longues soirées. Il s’est confié à moi, lors de moments mémorables   ; il a passé du temps à fouiller dans son passé, à
rire de certaines anecdotes, à pleurer à l’évocation d’autres
moments plus touchants, à se questionner sur ce qu’il
convenait de livrer. Il était soucieux de partager à cœur
ouvert les moments importants de sa vie d’artiste, tout en
préservant un peu d’intimité. Grâce aux témoignages de
tous ceux qui ont partagé sa vie et qui
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