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Sedan durant la guerre de 1914 à 1918

Sedan durant la guerre de 1914 à 1918

Titel: Sedan durant la guerre de 1914 à 1918
Autoren: Henry Rouy
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de ses camarades.
     
    Henri Manivel , du 202 e , la jambe transpercée, demeuré sur le champ de bataille, près de Wadelincourt, déclare avoir été semblablement traité par un ennemi qui le déchira de deux coups de fusil, à bout portant, l’un en plein visage, l’autre dans l’épaule.
    Etant en tirailleur, Madelpuech, blessé, resta de longues heures exposé au feu de l’adversaire, fut touché huit fois et dut être amputé d’une jambe.
    Un officier très énergique et intelligent, le sous-lieutenant Daunizeau se trouvait en tête d’une colonne d’attaque sur le point culminant de la Marphée, au nord-ouest de Noyers. Il réussit à conduire, sans être aperçu, ses hommes à 60 mètres des Allemands. Et voici qu’une néfaste erreur tue d’un obus français son sergent et le laisse lui-même étourdi quelques instants! Il revient cependant à lui, commande un feu qui décime et fait fuir l’assaillant... Notre sous-lieutenant fait fouiller par une patrouille un petit bois de sapins en face de sa position. Et bientôt le soldat Cucco revient, brandissant le drapeau du 68 e régiment d’infanterie allemand: le trophée est porté au commandant qui pleure de joie, puis au colonel de notre 137 e au milieu des acclamations des troupes. — Le soir, le sous-lieutenant Daunizeau tombait frappé de quatre balles : deux au genou, une au pied, une à la poitrine.
     
    De pauvres martyrs furent surtout ceux-là qui périrent dans les tortures du tétanos et de la méningite ou des suites d’affreuses blessures: tel Jean Labbé , caporal fourrier au 247 e , fils d’un médecin de la Manche. Il avait eu la tête traversée par une balle, et avait reçu de multiples brûlures; la paralysie l’avait envahi,... privé de la parole, il cherchait et s’efforçait de serrer la main de celui qui le soignait et qui lui adressait quelques consolations.

    Nous ne pouvons, naturellement, faire que certaines citations. Mais combien de choses touchantes, de fins édifiantes il y aurait à raconter ( 107 ) ! Et, par contre, combien de faits à stigmatiser !... Nous venons de faire allusion à quelques-uns de ces actes : Jean-Louis Gour , du 202 e , avait eu la jambe abîmée d’un coup de baïonnette : il affirme avoir vu dix de ses camarades, blessés, achevés à coups de crosse, et leurs cervelles jaillir !... Un onzième ne fut épargné que parce qu’il tenait en ses mains la photographie de sa femme et de ses trois enfants !...
    Tant de rage entre-t-elle en l’âme des Teutons!
     
    N’aurions-nous pas, d’autre part, plaisir à détailler la conduite de deux soldats français? — L’un Marcel Voyer , (du 65 e ), malade pour avoir, à Maissin, bu de l’eau sans doute impure; dirigé sur Bouillon; puis soigné à l’hôpital de Sedan ; l’autre, Etienne Félix Lestang , du 21 e chasseurs à cheval, entré à l’hôpital le même jour que Voyer , le 24 août. Tous deux auraient bien voulu « rejoindre » ; à peine convalescents, ils s’employèrent de la façon la plus louable à soigner leurs camarades: Lestang se consacra aux tétaniques, et l’un de ceux-ci, avant de mourir, lui délivrait ce témoignage, bref il est vrai, mais meilleur que de longues phrases : « Ecoute, avant de partir, je te remercie ; tu as été vraiment un bon camarade. » Rétablis enfin, ou à peu près, Lestang et Voyer reprirent leur pensée de s’esquiver pour servir de nouveau la France; on leur fit concevoir que ce n’était qu’un rêve! Ils s’inclinèrent devant la réalité, et ces braves gens furent, au mois de décembre 1914, acheminés sur un camp de prisonniers en Allemagne! — Nous tenions, en passant, à leur rendre hommage.

    Que de belles pages, que de nobles paroles René Bazin pourrait ajouter à son remarquable livre; à son chapitre, par exemple, si émouvant: « Paroles du peuple de France! ». Et elles en recueillaient certes, d’admirables, ces infirmières qui se penchaient, douces et compatissantes, vers nos blessés pour panser leurs plaies, endormir leurs souffrances!
    Tel, André Pin, pardonnant généreusement à son meurtrier ; tel cet Emile Viollin, un brave du 65 e de ligne, frère de deux autres braves, mobilisés comme lui : très grièvement frappé d’une balle à la jambe, il se traîne, par je ne sais quel effort surhumain et sous la mitraille, jusqu’à une maisonnette (sans doute celle du garde de la Marphée), d’où il est péniblement transféré à Cheveuge, puis à
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