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Richelieu ou la quête d'Europe

Richelieu ou la quête d'Europe

Titel: Richelieu ou la quête d'Europe
Autoren: Marie-Catherine Vignal Souleyreau
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charges du royaume, le maintien des places de sûreté. Face au danger d’un contre-pouvoir protestant, les mariages espagnols constituent l’objectif prioritaire de la régente. Marie de Médicis renoue avec les visées de son propre mariage et souhaite rallier le plus fermement possible la France aux grandes puissances catholiques européennes, c’est-à-dire à l’ Espagne et à l’ Autriche . Richelieu entend bien profiter de l’introduction par le père Joseph pour se faire apprécier comme le loyal serviteur de la cause royale. La veuve d’Henri IV a envoyé à Poitiers un représentant, son garde des sceaux, Méry de Vic, pour trouver une solution au conflit opposant, dans la ville, les catholiques et les protestants. L’évêque de Luçon lui propose son aide, informe de son initiative Paul Phélypeaux de Pontchartrain, secrétaire d’État aux Affaires religieuses, et propose d’utiles informations concernant les huguenots poitevins.
    L’intercession du père Joseph auprès de Marie de Médicis est capitale pour Richelieu. Au début du printemps 1612, il peut prêcher le Carême en l’église Saint-André-des-Arts devant Louis XIII et sa mère [8] . Celle-ci apprécie désormais le jeune prélat à une plus juste valeur : son nouveau serviteur seconde utilement le duc d’Épernon en Angoumois . Une relative autonomie politique et religieuse acquise, l’évêque de Luçon sait désormais pouvoir compter sur une porte durablement ouverte auprès des souverains.

    Le rapprochement avec l’ Espagne n’inquiète pas seulement les huguenots. Les Grands, eux aussi, s’agitent. La connivence établie avec Madrid prive les princes d’une arme redoutable : la menace du recours à Philippe III pour régler les problèmes internes du royaume. Les Grands récusent toujours la légitimité de Marie de Médicis à la tête du gouvernement, et réclament la réunion des états généraux, seule autorité jugée compétente pour statuer des pouvoirs réels que pourrait détenir la veuve d’Henri IV. Condé, premier prince du sang, est aussi le premier des trublions. Comme une partie de la haute noblesse et de l’opinion publique, il souhaite soumettre les projets matrimoniaux élaborés par la reine à l’autorité des trois ordres du royaume. Toute la politique étrangère de la régente est visée.
    Fin 1611-début 1612, plus de six mille gentilshommes se retrouvent à Paris au moment où se prépare la liste des pensions. Tous souhaitent obtenir le maintien, voire la majoration, des avantages acquis. Mais la noblesse n’en est pas pour autant unie. Les liens séculaires de féodalité divisent la cour en deux clans. Au parti des Guise, qui soutient la politique espagnole de Marie de Médicis, s’oppose le parti des Bourbons, mené par Condé, Conti et Soissons, champions d’un politique nationale conforme à l’oeuvre d’Henri IV, mais affaiblis par des querelles intestines nées du mariage du prince de Conti avec Louise-Marguerite de Lorraine, soeur du duc de Guise.
    Face à la pression exercée, la reine mère décide de brusquer les événements. Le 26 janvier 1612, elle procède à l’annonce officielle des mariages espagnols : les princes sont placés devant le fait accompli. Condé s’en prend aussitôt à Concini, accusé de soutenir les Guise et leur politique pro-espagnole. Le favori, se sentant menacé, s’entoure aussitôt d’une garde importante, tandis que le premier prince du sang, offusqué, quitte Paris . Le comte de Soissons, lui aussi, se retire dans ses terres. Ayant manifesté le désir de consulter le livre des dépenses royales pour l’année écoulée, les ministres de Marie de Médicis acceptent de le lui communiquer au Louvre, en leur présence. Les princes du sang sont en effet tuteurs du roi. Le gouvernement est tenu de leur rendre compte de ses affaires. Le comte de Soissons ne peut accepter le procédé, qu’il considère comme un affront, et adopte la même attitude que Condé. Or la reine mère ne peut se passer de leur accord pour la conclusion des mariages espagnols. D’âpres discussions s’engagent. Villeroy et le chancelier de Sillery finissent par trouver un compromis, le pacte de Montigny , signé le 26 mai 1612. Condé et Soissons, co-tuteurs de Louis XIII et de Mme Élisabeth, acceptent le mariage des enfants. En échange, Marie de Médicis promet de ne prendre aucune décision sans leur consentement. Les deux princes se voient attribuer
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