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Richelieu ou la quête d'Europe

Richelieu ou la quête d'Europe

Titel: Richelieu ou la quête d'Europe
Autoren: Marie-Catherine Vignal Souleyreau
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après l’exécution de Ravaillac, l’ouvrage de Mariana est condamné par le parlement de Paris.
    Henri de Richelieu, quant à lui, a l’habileté de se rapprocher de la reine. Il parvient à se faire admettre au sein de la cour restreinte dont Marie de Médicis s’entoure après sept heures le soir. La faveur dont jouit l’aîné des Richelieu lui permet de maintenir sa position dans un premier temps, puis de l’améliorer. Il conserve sa charge de gentilhomme de la chambre du roi, ainsi qu’une pension de trois mille livres. Il poursuit aussi sa carrière dans l’armée, reconstitue les biens propres de sa maison et aide son plus jeune frère.
    Armand Jean choisit, lui aussi, d’affirmer haut et fort son loyalisme à la régente. Au nom du clergé de son diocèse, il rédige une lettre protestant de sa fidélité à l’égard de Marie de Médicis, alors que personne ne la lui réclamait. L’évêque de Luçon met en avant un engagement personnel conforme à la lignée familiale et fait d’une pierre deux coups. Il confirme ses ambitions, affirme sa ténacité, offre de surcroît l’indice d’une constance sans faille dans l’application des principes qu’il se donne à lui-même, et d’une opportune capacité à tenir compte des maladresses commises par le passé. Il formule déjà un véritable programme de gouvernement [6] . L’offre de service, datée du 22 mai, aussi prématurée qu’avait pu l’être l’adhésion publique à la ligne de conduite du cardinal du Perron, n’est pas dissimulée. La missive est adressée à Henri, frère aîné du signataire, afin que celui-ci la transmette. Le chef de la famille de Richelieu s’en abstient soigneusement. L’initiative d’Armand Jean est encore bien intempestive et pour le moins hâtive.

    La régence à peine proclamée, le gouvernement de Marie de Médicis se trouve dans l’obligation de composer avec les Grands du royaume. Le comte de Soissons refuse de reconnaître la légitimité de la reine dans l’exercice du pouvoir. Pour lui, seuls les princes du sang sont en droit d’assurer la régence du royaume. Ceux-ci sont au nombre de trois : le prince de Condé, exilé ; le prince de Conti, affaibli par la vieillesse ; le comte de Soissons lui-même. Marie de Médicis finit par accorder à ce dernier le gouvernement de Normandie . Le prince de Conti obtient le gouvernement du Lyonnais et du Forez, tandis que Condé reçoit le comté de Clermont , une pension de deux cent mille livres et l’hôtel de Gondi, situé à Paris , faubourg Saint-Germain. Pour éviter les jalousies, le duc de Bouillon et le duc de Guise sont également pourvus de confortables pensions.
    C’est encore Bouthillier de La Cochère qui informe Richelieu des événements. Il lui signale notamment l’ascension dans la faveur de la reine mère d’un certain Concino Concini, un cavalier florentin, aventurier sans scrupules mais doté d’un sens de l’État auquel une personnalité comme M. de Luçon ne peut rester insensible. Époux de Léonora Galigaï (dame d’atour au service de Marie de Médicis depuis de nombreuses années et soeur de lait de la reine mère), l’Italien profite de l’ascendant de sa femme et met tout en oeuvre pour accéder au pouvoir. Les rapports de l’abbé de La Cochère insistent à la fois sur l’avidité des princes et l’importance croissante des Concini [7] . Richelieu perçoit le parti à tirer de l’instabilité du moment et de la faiblesse politique de la régente. Il se rappelle au bon souvenir de toutes ses relations parisiennes et demande à son interlocuteur d’observer les réactions des uns et des autres. L’abbé de La Cochère rend ainsi visite à M. de Souvré, gouverneur de Louis XIII, à Concino Concini lui-même, au cardinal de Sourdis, supérieur hiérarchique de l’évêque de Luçon. Le père Cotton, le cardinal du Perron, comme le cardinal de Sourdis, ne tarissent pas d’éloges : au mois de juillet 1610, Richelieu, rassuré, est de retour à Paris .
    Entre Luçon et Paris , l’affaire de Mantoue
    Le jeune prélat s’installe rue des Blancs-Manteaux, grâce à l’aide de Mme de Bourges. Il réserve naturellement l’une de ses premières visites à son frère Henri, puis se rend auprès des anciens ministres d’Henri IV qui entourent Marie de Médicis. La qualité épiscopale lui donne le privilège de paraître à la cour et d’entrer au conseil du roi, non celui de prétendre à une
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