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Richelieu ou la quête d'Europe

Richelieu ou la quête d'Europe

Titel: Richelieu ou la quête d'Europe
Autoren: Marie-Catherine Vignal Souleyreau
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Le gouvernement du duché de Mantoue et du Montferrat passe aussitôt au frère du défunt, le cardinal Ferdinand de Gonzague. Mais, au printemps 1613, officiellement pour sauvegarder les intérêts de sa fille et de sa petite-fille, Charles-Emmanuel  i er  de Savoie envahit leurs États, qui séparent seuls la Savoie du duché de Milan . Rapidement, l’agresseur s’empare des places principales, à l’exception de la citadelle de Casal , qui lui résiste.
    À Paris , c’est la stupeur. Ferdinand de Gonzague est le neveu de Marie de Médicis, qui voue par ailleurs une profonde hostilité au duc de Savoie . La France peut d’autant moins intervenir qu’elle n’a plus d’argent, qu’une expédition militaire serait coûteuse et que Philippe III d’ Espagne se pose en protecteur de Charles-Emmanuel  i er , son beau-frère. Le 5 mai, le gouverneur espagnol de Milan , le marquis d’Inojosa, peut se permettre d’informer Marie de Médicis que le duc de Savoie a agi à l’insu du roi catholique, que Madrid mobilise ses troupes… et que Paris n’est pas tenu d’intervenir. L’affaire de Mantoue ne fait que commencer.
    La reine mère, qui se méfie de Villeroy, constate que ce dernier n’obéit à ses ordres qu’avec réticence. Le ministre prône la non-intervention. Le gouverneur de Milan , quant à lui, malgré sa position de principe, tarde beaucoup à s’opposer au duc de Savoie qui continue à assiéger Casal . Le marquis d’Inojosa est en réalité indécis, car l’attentisme avantage les intérêts de Philippe III d’ Espagne . À Paris, Concini est favorable à l’envoi d’une armée au secours de Ferdinand de Gonzague. La situation se dénoue finalement de manière inattendue : des milliers de gentilshommes français offrent spontanément leurs services au nouveau duc de Mantoue. Le duc de Savoie est mis en difficulté, puis, mi-juin, le gouverneur de Milan se résout à entrer en campagne contre l’envahisseur savoyard, qui doit se retirer. Les belligérants acceptent la médiation de la France et adhèrent à la paix d’ Asti au mois de juin 1615.

    Richelieu observe tous ces événements en spectateur averti. Le père Joseph évoque de plus en plus fréquemment l’évêque de Luçon devant Marie de Médicis. Lentement, s’insinue dans son esprit le projet de faire entrer le jeune prélat à son service. Dans l’immédiat cependant, la souveraine a bien d’autres préoccupations : la cour est en pleine effervescence, la haute noblesse clamant haut et fort sa désapprobation quant à la dernière promotion de Concini, fait maréchal d’Ancre. La célébration des mariages espagnols devient une obligation urgente pour occuper les esprits et créer diversion et divertissements, malgré un trésor royal désespérément vide. Marie de Médicis est contrainte de recourir aux pires expédients pour offrir un bracelet de diamants à l’infante Anne d’Autriche en cadeau de fiançailles.
    Dès le début du mois de janvier 1614, la rumeur hostile à la régente enfle à la parution de la liste des pensions. Les Grands n’acceptent pas la baisse de ce qu’ils considèrent comme leur dû, alors même qu’ils en escomptaient la hausse. Le 13, Condé entre en dissidence, en entraînant à sa suite Charles de Gonzague, duc de Nevers , le duc de Longueville, le duc du Maine et le duc de Bouillon. La situation est d’autant plus grave que les rebelles se concertent pour adopter une attitude commune. Agissant selon leurs dires pour le service du roi, ils considèrent que leur souverain est mal conseillé et desservi par le gouvernement dont la régente s’est entourée [12] . En échange de la prorogation de la régence en faveur de Marie de Médicis [13] , les Grands réclament que Condé soit nommé lieutenant général du royaume et que la nécessaire instauration d’un nouveau mode de gouvernement soit soumise à l’approbation des états généraux. Le souhait que la reine se sépare des ministres les plus favorables à l’ Espagne est également émis. Enfin, c’est toute la politique étrangère de la France qui devrait être placée sous la tutelle des représentants des trois ordres du royaume.
    Face à de telles prétentions, Marie de Médicis enrôle six mille Suisses pour accompagner sa fille Élisabeth dans les Pyrénées et y accueillir Anne d’Autriche. Le prétexte de l’escorte ne leurre personne. Les protestants émettent les craintes les plus vives :
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