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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2
Autoren: Max Gallo
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compter que sur un « brelan
de prêtres : Sieyès, Fouché, Talleyrand ».
    Et il a davantage confiance en ces trois défroqués, qu’en
ces Jacobins qui ont la nostalgie de la Terreur, de Robespierre et de la
Convention.
     
    Quant au peuple il a faim. Il méprise le Directoire. Il veut
en finir avec les « ventres dorés et pourris », mais il a trop été
déçu pour ne pas avoir le dégoût des « journées révolutionnaires », même
s’il veut croire en Bonaparte, puisque ce général victorieux, est aussi un « pacificateur ».
    Mais les ouvriers du « faubourg de gloire », ceux
de juillet 89 et d’août 92, de l’an II, qui ont brandi leurs piques de
sans-culottes, leur bonnet phrygien enfoncé jusqu’aux sourcils, qui ont marché
derrière Desmoulins, Danton, Santerre, Hanriot, qui ont acclamé Robespierre, Marat,
Hébert, applaudi à la mort de Louis Capet, sont devenus des spectateurs.
    On dit dans les cabarets, dans les échoppes et les ateliers :
    « Que l’on fasse ce que l’on voudra, les faubourgs ne s’en
mêleront plus. »
     
    Ce n’est plus avec le peuple et ce n’est pas dans la rue que
se décidera l’avenir de la nation.
    Bonaparte s’en convainc en écoutant Joseph dérouler l’écheveau
d’intrigues dans lesquelles sont impliqués quelques dizaines d’hommes.
    C’est entre eux que la partie se joue.
    C’est dans les salons, les états-majors, les Conseils
législatifs, que se règle désormais la question du pouvoir.
    C’est eux qu’il faut convaincre, entraîner, dominer, ou
écarter, et s’il le faut écraser.
     
    Bonaparte arrive à Paris, rue de la Victoire, le 16 octobre
1799,24 vendémiaire an VIII.
    Joséphine est absente, partie à sa rencontre, mais elle n’a
pas imaginé qu’il emprunterait la route du Bourbonnais.
    La mère, les sœurs, les frères, harcèlent Bonaparte.
    « Elle » l’a trompé ! « Elle » s’est
affichée avec celui-ci et celui-là. « Elle » est l’intime du
président du Directoire, Gohier.
    Il doit divorcer, répètent la mère, les frères, les sœurs.
     
    Mais Bonaparte entend aussi la voix de Collot, un
fournisseur aux armées, l’un de ces munitionnaires, de ces banquiers, tel
Ouvrard « roi de la Bourse », qui ont choisi de soutenir Bonaparte, qui
jugent qu’un coup d’État est nécessaire contre les anarchistes toujours prêts à
redresser leur tête jacobine, et les royalistes. Eux sont républicains « conservateurs » :
    « Vous n’êtes plus aux yeux de la France un mari de
Molière, dit Collot à Bonaparte. Il vous importe de ne pas débuter par un
ridicule. Votre grandeur disparaîtrait. »
    Bonaparte ne divorcera pas.
    Collot offre cinq cent mille francs pour la préparation du
coup d’État. Et Réal – l’adjoint de Fouché – annonce que le ministre de la
Police générale est prêt à une aide financière substantielle, destinée à
soutenir un projet qui sauverait la République du double péril, jacobin et royaliste.
    Et Bonaparte de répondre :
    « Ni bonnet rouge, ni talon rouge, je suis national. »
     
    La foule agglutinée rue de la Victoire, puis, dès le
lendemain 17 octobre 1799 (25 vendémiaire an VIII), devant le palais du
Luxembourg où il se rend pour rencontrer le Directoire en séance publique, l’acclame,
mêlant toujours les cris de « Vive Bonaparte ! » à ceux de « Vive
la République ! ».
    Bonaparte a choisi d’être en civil, le corps serré dans une
redingote verdâtre, un chapeau haut de forme couronnant cette tenue étrange. Il
porte, attaché par des cordons de soie, un cimeterre turc.
    On l’acclame alors qu’il baisse la tête, modeste au regard
flamboyant.
    Il montre son arme :
    « Citoyens Directeurs, dit-il, je jure qu’elle ne sera
jamais tirée que pour la défense de la République et celle de son gouvernement. »
     
    Il rentre rue de la Victoire.
    On vient à lui.
    Les membres de l’institut dont il est membre – archéologues,
mathématiciens, astronomes, chimistes, et naturellement Monge et Berthollet qui
sont rentrés avec lui d’Égypte – lui rendent visite.
    On loue son esprit éclairé. Il est allé saluer la vieille
Madame d’Helvétius. Il flatte Sieyès, son « confrère » de l’institut.
    « Nous n’avons pas de gouvernement, parce que nous n’avons
pas de Constitution, du moins celle qu’il nous faut, lui dit-il. C’est à votre
génie qu’il appartient de nous en donner une. »
    Peu à peu la
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