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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2
Autoren: Max Gallo
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profit
    …
    Grâce à la mode
    On n’a rien de caché
    Ah, que c’est commode…
    Et pendant qu’on se pavane, que les Directeurs remplissent
leur ventre pourri, les Jacobins rouvrent un club à Paris, d’abord salle du
Manège, puis rue du Bac.
    Et l’on se plaint des brigands, du prix du pain, de la
friponnerie des Directeurs, de Barras, « talon rouge et bonnet rouge »,
vicomte et terroriste, roi de la République.
    L’on enrage de voir les armées de la nation reculer devant
les Russes, les Anglais, les Autrichiens.
    Les persécutions s’abattent, dans les régions reconquises, sur
ceux qu’on accuse d’être des Jacobins.
    Les paysans s’en mêlent. Ces « Viva Maria » se
sont emparés de Sienne, ont massacré les Jacobins, et brûlé vifs sur la grande
place treize Juifs dont des femmes et des enfants !
    On pend, à Naples, les « patriotes ».
    Et l’on craint que si la nation est envahie, si les chouans
l’emportent, cette Terreur blanche ne s’étende à la France.
    « Ah, il nous faudrait un Bonaparte ! »
    Le moment est venu de rentrer en France.
    Bonaparte embarque clandestinement sur la frégate Muiron, laissant l’armée d’Égypte à Kléber.
    La traversée est périlleuse.
    La flotte de Nelson rôde.
    La Muiron suivie d’une autre frégate n’est escortée
que par trois avisos.
    Berthier, Lannes, Murat, et les savants Monge et Berthollet,
ainsi que trois cents hommes d’élite, « une chose immense », dit
Bonaparte, fidèles, résolus, l’accompagnent.
    Ce retour est un pari sur la fortune.
    « Qui a peur pour sa vie est sûr de la perdre, dit
Bonaparte. Il faut savoir à la fois oser et calculer et s’en remettre à la
fortune. »
     
    Le 9 octobre 1799 au matin (17 vendémiaire an VIII) après
une escale à Ajaccio, la frégate Muiron entre dans la rade de
Saint-Raphaël.
    La citadelle de Fréjus ouvre le feu devant cette division
navale inconnue.
    Mais la foule, sur les quais, crie déjà :
    « Bonaparte ! Bonaparte ! »
    « Il est là, il est là ! »

     
     
    36.
    De village en village, de Fréjus à Aix, d’Avignon à Lyon, du
palais du Luxembourg aux cafés du Palais-Royal, des cabarets des faubourgs
Saint-Antoine et Saint-Marcel aux scènes des théâtres, la rumeur se répand, les
mots crépitent : « Vive Bonaparte ! Vive la République ! »
    On entoure, on écoute le cavalier qui vient d’arriver, le
paysan essoufflé par sa course, qui disent qu’ils l’ont vu, qu’il a débarqué à
Fréjus.
    Un témoin, qui reste sur son quant-à-soi, qui regarde la
foule s’enflammer, les musiques militaires commencer à jouer des marches
triomphales, les places se parer de tricolore, les façades des maisons de Lyon
s’illuminer, se souvient de la griserie qui avait saisi le pays en 1789, de ces
mouvements qui soulevaient le peuple. Et il constate, en ce mois d’octobre 1799,
les mêmes « émotions » populaires.
    « La nouvelle a tellement électrisé les républicains, écrit-il,
que plusieurs d’entre eux en ont été incommodés, que d’autres en ont versé des
larmes et que tous ne savaient si c’était un rêve. »
    Il ajoute : « Ce général victorieux peut faire
aimer la République à tous les partis. »
    On est si fasciné par cet homme, ce « sauveur », qui
vient d’au-delà de la mer, ce « miraculé » qui a échappé aux navires
anglais, qu’on en oublie les victoires que viennent de remporter coup sur coup
les généraux Brune et Masséna.
    Aux Pays-Bas, les soldats de Brune ont repoussé les
Anglo-Russes. La République batave est de nouveau debout.
    En Suisse, les divisions du général Masséna ont défait, à
Zurich, les troupes de Souvorov, qui se replient en désordre, évacuent la
Suisse, bientôt l’Italie du Nord, où va renaître la République sœur, Cisalpine.
    La mâchoire qui s’apprêtait à écraser la nation est brisée. Et,
dans l’Ouest, les chouans sont battus, chassés du Mans, repoussés à Nantes, vaincus
à Vannes, à Saint-Brieuc, à Cholet.
    Et Toulouse a résisté aux royalistes.
     
    Mais c’est Napoléon Bonaparte qu’on acclame, dont on attend
la victoire alors qu’elle vient d’avoir lieu, sans lui ! Personne ne
scande les noms de Brune, de Masséna, de Moreau, et tout le monde clame le nom
de Bonaparte.
    « C’est depuis qu’il était en Égypte que nous avions
subi nos désastres, écrit un témoin. Il semblait que chaque bataille perdue eût
pu être gagnée par lui
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