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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2
Autoren: Max Gallo
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représentants du peuple mais
les représentants du poignard. »
    On crie : « Vive Bonaparte ! »
    Les tambours roulent. Bonaparte lance :
    « Suivez-moi, je suis le dieu du jour », et Lucien
lui crie : « Mais taisez-vous donc, vous croyez parler à des
mamelouks ? »
     
    Maintenant, les tambours battent la charge. Il fait nuit. Il
est dix-huit heures. Les grenadiers s’ébranlent, se dirigent vers l’Orangerie. Les
députés enjambent les fenêtres, s’enfuient dans le parc, et l’on entend Murat
crier : « Foutez-moi donc ce monde-là dehors ! »
     
    Vers minuit, on s’en va rechercher dans les environs du
château des députés afin qu’ils puissent voter le décret qui met fin au
Directoire.
    « Le corps législatif crée une commission consulaire
exécutive composée des citoyens Sieyès, Roger Ducos, ex-Directeur, et de
Bonaparte, général, qui porteront le nom de Consuls de la République. »
    Plus tard, les trois Consuls prêteront serment de fidélité « à
la souveraineté du peuple, à la République française une et indivisible, à l’Égalité,
à la Liberté, et au système représentatif ».
     
    Les troupes quittent Saint-Cloud peu après.
    On les entend chanter :
    Ah ça ira, ça ira
    Les aristocrates à la lanterne
    Un mois plus tard, le 24 frimaire an VIII (15 décembre 1799),
la nouvelle Constitution est présentée aux Français afin qu’ils l’approuvent
par un plébiscite.
    Les trois nouveaux Consuls proclament dans leur Adresse
au peuple  :
    « Citoyens, la Révolution est fixée aux principes qui l’ont
commencée : elle est finie. »

     
     
    ÉPILOGUE
    « J’avais vingt ans en 1789 »

     
     
    J’avais vingt ans en 1789. Le Roi avait donné la
parole à son peuple. J’étais du tiers état.
    Je me souviens de ma joie, les premiers mois de cette
année-là. J’écoutais les orateurs qui, accrochés aux grilles du Palais-Royal, nous
promettaient la Liberté, l’Égalité, la Fraternité.
    Ce fut le plus bel été de ma vie.
    Le paysan avait comme le seigneur le droit de chasser. J’étais
l’égal des plus grands. Le roi était devenu celui des Français. Et le 14
juillet 1790, le jour de la fête de la Fédération, j’ai prié lors de la messe
célébrée au Champ-de-Mars par Talleyrand, et j’ai crié : « Vive le Roi ! »
« Vive la Constitution ! »
    J’ai dansé sur l’emplacement de la Bastille, démantelée
pierre après pierre.
    J’avais détourné les yeux pour ne pas voir les têtes
brandies au bout des piques.
    J’ai cru que j’allais pouvoir exercer le métier d’imprimeur
dans le plus grand, le plus juste des royaumes, dont le peuple, ses
représentants et le roi avaient proclamé l’abolition des privilèges et proclamé
les droits de l’homme.
    J’étais un citoyen.
    Puis, comme un fleuve en crue qui est sorti de son lit et
qui dévaste les champs qu’il avait d’abord irrigués, la Révolution a recouvert
de sang ce qu’elle avait créé.
    À quoi servirait de raconter ces journées qui sont connues
de tous ?
    Je dis ce que j’ai éprouvé : la colère, la peur, l’effroi,
le dégoût, la faim, le désespoir, et quelquefois, quand j’étais sous les armes,
face aux troupes de l’étranger, l’enthousiasme.
    J’ai frissonné en criant « Vive la nation ! »,
en chantant La Marseillaise, et j’ai même souhaité « Mourir pour la
patrie ». Comme dit la chanson : « C’est le sort le plus beau, le
plus digne d’envie. »
    Mais je n’ai pu détourner les yeux.
    J’ai vu les corps éventrés en septembre 1792.
    J’ai vu passer les charrettes des condamnés.
    J’ai vu les têtes tranchées tenues à bout de bras par le
bourreau.
    J’ai été suspect.
    J’ai craint d’être poussé sous le « rasoir national ».
Le roi l’avait été.
    J’ai vu les églises saccagées, les prêtres prendre femme. Et
celles-ci se dénuder.
    Les ci-devant aristocrates, marier leurs descendants aux « Jacobins
nantis » aux « ventres dorés ».
    Je n’ai plus su si le monde avait vraiment changé.
    J’avais trente ans en 1799, le même âge que Bonaparte, devenu
bien vite Empereur, et j’ai vu une nouvelle noblesse se pavaner aux Tuileries.
    J’avais quarante-cinq ans en 1814, quand les fleurs de lys
ont remplacé le drapeau tricolore, et que le frère de Louis XVI est devenu
Louis XVIII, roi de France.
    J’avais soixante et un an en 1830.
    J’étais chenu.
    J’ai vu de ma fenêtre des
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