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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan
Autoren: Caroline Roe
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vaudrait mieux, dit Guillem avec solennité, mais ce serait trop difficile. Nous logeons à Sant Feliu chez Doña Marieta. Elle cherche à expier son mode de vie en nous accordant gratuitement le logement. N’importe qui pourra vous indiquer sa maison.
    — Les esprits seront puissants demain soir, dit Lup. Présentez-vous alors, et vous pourrez en apprendre beaucoup.
    — Je sais où cela se trouve, dit le troisième jeune homme en devenant rouge comme une pivoine.
    — Toi, Aaron ? fit Lorens. Et sais-tu aussi ce qu’elle est ?
    — Oui, répondit-il avec calme. Mais elle et ses filles mangent aussi du pain.
     
    — Qu’est-ce que vous en dites ? murmura Lorens après que les trois jeunes gens se furent installés à une table de la taverne.
    Rodrigue posa devant eux trois gobelets en bois qu’il remplit de son vin le plus clair, le plus aigre et le moins coûteux, puis il attendit, bras croisés. Il savait d’expérience que, quand les apprentis, les étudiants et les autres propres-à-rien ne payaient pas avant de boire, il pouvait s’asseoir sur son argent la plupart du temps. Après avoir longuement cherché dans leurs poches, les trois garçons mirent en commun leurs ressources individuelles, assez pour le satisfaire.
    — De maître Guillem ? Il demande trop, se plaignit Marc d’un air déprimé. J’ai déjà du mal à me payer le vinaigre que Rodrigue fait passer pour du vin, je ne vois pas comment je m’offrirais de tels extra.
    — Apprendre coûte toujours cher, dit Aaron.
    — Pas quand c’est ton père qui t’enseigne, rétorqua Marc. Sinon, qui voudrait être tisserand ?
    — Est-ce qu’il fallait que tu sois tisserand ? lui demanda Lorens. Ton frère ne devait pas reprendre la charge ?
    — Si on peut appeler ça ainsi, dit Marc, mais cela aurait trop coûté à mon père de me faire faire mon apprentissage à l’extérieur.
    Il leva son gobelet.
    — Au travail ! Je le déteste et je le quitte dès que possible.
    — Au moins tu peux t’en aller, soupira Aaron. Je suis censé rester à tout jamais à la boulangerie – sinon ils diront que j’abandonne et que j’affame mes vieux parents.
    — Ta sœur n’a qu’à épouser quelqu’un qui veut apprendre le métier, dit Lorens. Tu n’es pas l’esclave de tes parents.
    — Qu’est-ce que tu ferais ? demanda Marc. Si tu partais ?
    — J’irais au nord, répondit Aaron. À Toulouse ou quelque part comme ça, là où on apprécie la poésie et la culture.
    — Aaron a recopié tous les nouveaux poèmes, dit Lorens, et bien des anciens.
    — Tout mon argent passe en encre et en papier, reprit Aaron avec un sourire embarrassé. Et en vin.
    — Où as-tu acheté les poèmes à recopier ? demanda Marc.
    — Nulle part, fit Lorens avec un clin d’œil. Certains viennent de mon père, d’autres de mes maîtres. Il y avait aussi un très beau livre appartenant à l’évêque en personne.
    — J’en ai pris grand soin, se défendit Aaron. Je les ai rendus le plus vite possible. S’ils ne voulaient pas que je lise, pourquoi mes parents m’ont-ils envoyé à l’école ?
    — Ça leur donne de l’importance, expliqua Lorens. Et ils pensent que c’est de l’argent bien placé. Mon père est comme ça. Mais je ne resterai pas ici. Dans cette ville, les gens ne pensent qu’au prix de la laine et du drap et à s’enrichir. Je vais aller à Montpellier étudier l’astronomie et l’astrologie, et aussi les Grecs, au sujet de la logique et de la mathématique. Je parlerai à maître Guillem des études que l’on peut y suivre et lui demanderai quels sont les meilleurs professeurs.
    Il leva son gobelet avec un sourire lugubre.
    — À la liberté !
    — Mon père dit que seuls les riches chrétiens peuvent se permettre de perdre leur temps à de vaines préoccupations telles que la poésie et la mathématique, poursuivit Aaron. Il veut que j’épouse une bonne travailleuse pourvue d’une solide dot et que je m’installe. Rien que d’y penser, ça me rend malade.
    — Tout compte fait, intervint Lorens, mon père pense la même chose. Sauf pour la question du mariage, car il veut que je sois évêque, pour le moins. Si j’étais comte, je suppose que je pourrais passer mon temps à apprendre des frivolités.
    — Si tu étais comte, dit Marc, tu te ferais tuer dans une guerre ou dans une autre.
    — C’est vrai, reconnut Lorens. Qu’aimerais-tu faire si tu ne travaillais pour ton père, à
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