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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan
Autoren: Caroline Roe
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Grenade ; il avait été tué cinq ans avant lors de la guerre civile qui avait opposé Don Pedro à son frère, Fernando. Avec l’assistance d’Isaac, Yusuf avait été placé sous la protection de Don Pedro, roi d’Aragon.
    Yusuf n’était pas seulement intelligent : il avait aussi reçu une éducation soignée. Il avait maîtrisé les bases de la lecture et de l’écriture arabe avant que le destin ne le jette sur la route, sans autre protection que son acuité d’esprit, et il était avide d’apprendre tout ce qu’il pouvait dans ce monde nouveau. Malheureusement, un homme privé de la vue ne pouvait enseigner à un enfant les lettres romaines ni les rudiments grammaticaux du latin, langue dans laquelle était écrite une bonne partie des nombreux textes scientifiques que détenait le médecin. Dès que l’enfant pourrait lire à haute voix, ils travailleraient ensemble, mais pour l’instant Yusuf avait besoin d’un professeur qui eût ses deux yeux.
    Le jeune Salomó était lui-même à peine plus qu’un gamin.
    — Que penses-tu de ton nouveau professeur ? avait demandé Isaac quelques jours après le début des leçons.
    — Il est assez bien, dit Yusuf avec toute la sophistication de ses treize ans. C’est un agréable jeune homme, seigneur, et il paraît très instruit. Mais il ne comprend rien au monde. Il semble très impressionné par maîtresse Raquel, ajouta-t-il d’un air innocent.
    — Vraiment ? fit Isaac. Cela est-il réciproque ?
    — Je ne le pense pas. Il est trop jeune à son goût, je crois. Je ne sais rien, seigneur, s’empressa-t-il d’ajouter. Elle ne m’a rien dit, ni à lui. Je me fie seulement à son regard, et à sa façon de rester voilée quand il est dans les parages.
    Le tumulte était terminé, et on n’entendait plus qu’Ibrahim qui balayait lentement la cour.
    Isaac dit ses prières du matin et sortit.
     
    — Fait-il trop frais pour prendre notre déjeuner dans la cour ? demanda sa femme qui se pressait à son coude. Nous pouvons dresser une table près du feu si vous préférez.
    — Judith, ma mie, dit-il avec amusement, ce sont mes patients qui sont malades, pas moi. C’est très agréable ici, et bientôt vous allez vous plaindre une fois de plus de la chaleur. En outre, j’entends s’approcher notre excellente Naomi avec un plat capable de réveiller l’appétit d’un mort. J’ai travaillé dur la nuit dernière et j’ai très faim. Mangeons.
    Naomi posa un plat de riz fumant et de légumes sur la table où les attendaient déjà assiettes et bols pleins de fromage, de fruits et de petits pains.
    — Vous êtes revenus tard ? demanda Judith. Raquel dort encore.
    C’était une question bien plus lourde de sens qu’il n’y paraissait. En premier lieu, Judith en voulait aux personnes qui appelaient le médecin au beau milieu de la nuit. Qu’ils disent leurs prières et attendent patiemment que le soleil se lève pour aller quérir son mari. Et deuxièmement, elle pensait que sa fille de dix-sept ans ferait mieux de se marier le plus tôt possible et cesser de partir à toute heure assister son père. Elle voulait aussi s’assurer qu’il était vraiment tard quand ils étaient revenus et que Raquel ne trouvait pas dans ses responsabilités une excuse pour paresser au lit toute la matinée.
    Tout cela, Isaac le savait aussi bien qu’il savait quelle infusion était nécessaire pour guérir des maux de tête.
    — Oh oui, dit-il, très tard. Je ne suis pas surpris qu’elle soit encore au lit. Mais le fils du jeune Astruch se remet. C’est bien qu’ils m’aient appelé à ce moment-là.
    — Et moi avec, papa, intervint Raquel. Bonjour, maman, dit-elle en embrassant sa mère sur la joue. J’avais trop faim pour m’offrir une grasse matinée, ajouta-t-elle pour leur faire savoir qu’elle les avait entendus.
    Elle tendit la main vers la marmite pleine de riz.
     
    Ils avaient à peine commencé de déjeuner que quelqu’un se mit à tambouriner au portail.
    — Je vais répondre, dit Isaac.
    — Pas question, fit Judith. Ils attendront. Terminez de déjeuner en paix avant de vous remettre au travail. Ibrahim va répondre. Si c’est aussi important que cela, ils viendront jusqu’ici.
    C’était apparemment très important. Mossé le boulanger déboula dans la cour en bredouillant une litanie d’excuses compliquées et à peu près inintelligibles.
    — Je vous demande pardon, maître Isaac, messire, et maîtresse Judith.
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