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Remède pour un charlatan

Remède pour un charlatan

Titel: Remède pour un charlatan
Autoren: Caroline Roe
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le médecin, je suis expert en médicaments, pas en sortilèges. Mais d’après ce que vous me dites, il est possible – probable même – que ce garçon souffre d’un mal que je puis guérir. J’ai aussi quelques remèdes pour vous. Oubliez l’idée que vous avez été ensorcelé, et je viendrai voir ce que je peux faire. Attendez-moi ici tandis que je rassemble mes remèdes.
     
    Isaac se hâta de manger une poignée de riz et prit un morceau de pain fourré au fromage. Yusuf fut arraché à ses leçons, et Raquel envoyée chercher un panier d’herbes et de potions. Avant que Mossé ait eu le temps de décider s’il avait perdu ou non à l’issue de cette rencontre avec le médecin, ils cheminaient tous les quatre dans la rue principale.
    La boulangerie avait été bâtie contre le mur nord du quartier juif ; comme d’autres commerces, on y pénétrait côté ville. Mais au lieu de franchir la porte de la ville et de faire le tour jusqu’à la boulangerie, Mossé emprunta la première rue et entra dans ses confortables appartements privés par une porte discrète donnant sur le Call. La famille de Mossé n’avait jamais besoin de réveiller Jacob, le portier, quand elle voulait entrer ou sortir du quartier juif durant la nuit. Il lui suffisait d’ôter la barre de la porte de la boulangerie, et elle avait accès au reste de la ville.
     
    Quand ils entrèrent dans la maison du boulanger, ils furent accueillis par des gémissements à fendre le cœur qui venaient de l’étage. Esther dévala l’escalier et adressa un regard fou à son mari.
    — Il est mort, Mossé ! hurla-t-elle d’une voix perçante. Il est mort ! Mon Aaron est mort !

CHAPITRE II
     
    La mort, et aussi le chagrin et le choc qu’elle suscite, étaient devenus familiers pour Raquel au cours de ces trois années où elle avait secondé son père. La vue défaillante de ce dernier et la mort de son précédent assistant, Benjamin, lors de l’épidémie de peste, avaient contraint sa sœur, Rebecca, à entrer à son service en ces temps troublés. Après le mariage de Rebecca, Raquel avait pris le relais : elle était devenue les yeux d’Isaac, mais aussi ses mains quand le toucher doit s’allier à la vue. Depuis, elle avait lu la désolation et le désespoir sur le visage des proches véritablement touchés, ainsi que leur parodie sur celui des personnes arrachées à la tyrannie domestique par le long divorce de la mort. Mais le boulanger ne ressemblait à aucun des parents de défunt qu’elle avait rencontrés. Il se tenait en retrait, ne faisant aucun geste pour consoler sa femme ravagée par la douleur, acceptant la perte de son héritier avec ce qui ressemblait à une force d’âme proche du stoïcisme. Mossé était un excellent boulanger, c’était indiscutable, mais personne n’avait jamais vu en lui un exemple de courage dans l’adversité. Il y eut un moment de flottement, et ce fut Isaac qui s’avança.
    — Maîtresse Esther, je vous en prie, dit le médecin en tendant la main pour réconforter la femme en sanglots. Commençons par l’examiner. Parfois…
    — Il est trop tard, maître Isaac, gémit-elle. Je le sais, j’ai déjà vu des morts. Il est mort, mon Aaron est mort ! Vous arrivez trop tard.
    Mossé se tenait toujours en retrait, silencieux et impassible.
    — Si vous voulez venir avec moi, dit une voix douce au pied de l’escalier. Je vais vous conduire à lui, maître Isaac. Papa, ajouta la voix plus sèchement, je m’occupe du médecin. Restez avec maman, je vous en prie.
    Celui qui avait parlé était un jeune homme d’allure agréable, à la forte carrure mais aux mouvements gracieux, presque aussi grand que son frère. Ses yeux étaient rouges de larmes, mais il n’en perdait pas pour autant ses bonnes manières.
    — Maître Isaac, maîtresse Raquel et toi, jeune Yusuf, soyez les bienvenus. Merci d’être venus si vite.
    — C’est Daniel, n’est-ce pas ? demanda doucement Isaac. Si vous voulez bien nous montrer le chemin…
    La petite procession s’engagea dans l’escalier et se dirigea vers une chambre à coucher située au-dessus de la boulangerie.
    — Il repose ici, dit Daniel.
    Isaac se tenait sur le pas de la porte, l’oreille tendue, et il humait l’air.
    — Quand est-il mort ? demanda-t-il.
    — Quelques instants avant votre arrivée, messire. Avant même que l’on ait eu le temps d’arranger décemment son corps, maman vous a entendus et a dévalé
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