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Pour les plaisirs du Roi

Pour les plaisirs du Roi

Titel: Pour les plaisirs du Roi
Autoren: Philippe Hugon
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la gazette des potins de la ville. Plutôt jolie, elle se prénommait Adélaïde mais affectait à mon égard une certaine condescendance, me trouvant plutôt mal dégrossi, voire passablement nigaud. Je ne faisais certes rien pour la détromper. Un après-midi de juillet où nous recherchions la fraîcheur de la bibliothèque de mon père, j'engageai la conversation sur un terrain qui me préoccupait déjà particulièrement.
    — Germain, le fils de notre cuisinière, prétend que les filles et les garçons n'ont point les mêmes attributs entre leurs jambes, dis-je tout à trac, le nez dans un livre de géographie, pour me donner une contenance.
    Le visage de ma cousine s'empourpra. Installée dans le fauteuil centenaire où mon père avait pour habitude de faire la sieste, elle se redressa interloquée, mais ne voulant passer pour une oie blanche devant son campagnard de cousin, et habituée à mes sorties originales, elle rétorqua d'un ton assuré :
    — La belle affaire que voilà…
    Sans me départir d'un air niais, je continuai :
    — Je lui ai répondu qu'il n'était qu'un menteur et Dieu ayant fait les hommes à son image, les chrétiens avaient tous la même conformation. J'ai d'ailleurs scruté toutes les statues de l'église du village, je n'y vois aucun indice d'une différence.
    Toujours rosissante, ma jolie cousine s'enhardit devant mon évidente stupidité et la belle occasion qu'elle crut y voir de me ridiculiser.
    — Allons, Jean, vous n'êtes pas sérieux. Vous savez bien quelle est la différence physique entre votre personne et la mienne ?
    — Mon père dit que les femmes sont parfois capables de tout pour arriver à leurs fins, c'est là une de leur principale dissemblance avec le genre masculin. Il n'a jamais évoqué une quelconque divergence anatomique, affirmai-je, l'air le plus sérieux du monde.
    Adélaïde ne put réprimer un gloussement.
    — Quel insensé vous êtes. Mais on ne vous apprend donc rien dans votre campagne ? me lança-t-elle, avec dédain.
    Quelques minutes passèrent. Ma cousine faisait mine de s'être remise à somnoler, rafraîchissant par moments sa gorge d'un coup d'éventail. Je feignis alors d'être agacé :
    — Je vois bien, chère cousine, que vous me raillez. Vous aussi semblez de mèche avec Germain pour vous moquer de moi. Je ne vois qu'une solution pour tirer au clair ce complot. Comme l'enseigne mon précepteur, l'observation est mère de toutes les connaissances. Cela, je le sais. Et la preuve de ce que j'avance et que vous semblez réfuter est à portée de nos mains…
    Adélaïde ouvrit grands ses adorables yeux bleus et fit craquer l'antique fauteuil en se levant promptement, la mine visiblement courroucée.
    — Cela suffit, Jean. Si je ne vous savais crédule, je vous trouverais dévergondé, mon ami, et j'irais le répéter à votre père. L'homme et la femme sont différents et vous l'apprendrez un jour si vous n'êtes pas trop sot. Tenez-vous-le pour dit.
    Nullement effrayé par sa colère, j'insistai :
    — Je suis tenté de vous croire, mais, justement, cette naïveté que vous me connaissez n'est-elle pas un instrument dont vous vous servez à cet instant pour mieux me tromper ?
    Et faisant mine de me lever moi aussi je lançai en allant vers la porte :
    — Ce que je crois, ma cousine, c'est que je vous ai démasquée. Et incapable d'apporter une preuve inverse à celle que je veux vous donner, vous prenez prétexte de ma jeunesse. Mais j'en sais déjà bien autant que vous.
    C'en était trop pour mon orgueilleuse cousine. N'y tenant plus, elle revint sur ses pas et se plaça exactement devant son fauteuil.
    — Écoutez, jeune morveux. Je veux vous donner à l'instant même une leçon dont votre précepteur serait bien en mal de vous dispenser un début.
    Sans dire un mot, Adélaïde se pencha alors en avant, saisit à pleines mains les volants de sa légère robe de mousseline, et releva le tout jusqu'à la taille pour laisser apparaître une fine toison blonde au bas d'un ventre d'albâtre. Le sang me monta au visage. Visiblement contente de ma gêne, ma cousine poussa son avantage. Ses jupes toujours remontées à la hauteur de ses hanches, elle se rassit avec précaution sur le vénérable siège et écarta amplement ses cuisses. Au bout de quelques secondes, Adélaïde se releva dans un grincement, laissant retomber le rideau sur ce spectacle divin. Sans un regard pour moi, elle m'apostropha, tout en se dirigeant vers la porte de la
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